Assemblée reportée: une surprise pour la FECOFOOT
Brazzaville s’est réveillée, le 4 octobre, avec une nouvelle inattendue pour les amoureux du ballon rond : l’assemblée générale ordinaire de la Fédération congolaise de football, attendue le même jour, est renvoyée à plus tard. La salle de réunion, déjà prête, est restée silencieuse.
C’est le 2e vice-président, Carle Boniface Malalou, qui a officialisé le report. « Nous recevons tous la nouvelle avec surprise », a-t-il expliqué, rappelant que l’organe exécutif ne disposait d’aucune notification écrite au moment de prendre la décision de reporter.
L’ordre du jour devait pourtant relancer les compétitions nationales, suspendues depuis plusieurs mois. Les délégués des ligues, des clubs et des commissions étaient déjà enregistrés, preuve de l’importance que le monde sportif accordait à cette rencontre.
Décision de justice et recours envisagés
Dans la soirée du 3 octobre, une décision de justice circulant sur les réseaux sociaux pointait une présumée mauvaise gestion financière au sein de la fédération. Bien qu’aucun acte officiel n’ait été signifié, le bureau exécutif a préféré se conformer par prudence à la mesure provisoire.
« En tant que bons citoyens, nous reportons l’assemblée et engagerons les démarches légales dès le 6 octobre », a indiqué M. Malalou, précisant que les avocats de la FECOFOOT préparent un référé pour obtenir la mainlevée de la mesure dans les plus brefs délais.
Le service juridique entend également solliciter la Fédération internationale de football association pour garantir que la procédure respecte les statuts en vigueur et éviter toute nouvelle sanction à l’échelle internationale, comme celle qui avait lourdement pénalisé le Congo en 2025.
Clubs et ligues expriment leur inquiétude
Dans les couloirs du stade Alphonse Massamba-Débat, Landry Louvouezo, président de la Ligue départementale de Brazzaville, laisse transparaître son inquiétude. Selon lui, l’arrêt prolongé des compétitions plonge le football national « dans une impasse » et risque de démobiliser les acteurs de terrain.
Jean Louis Banthoud, premier vice-président de l’AS Cheminots de Pointe-Noire, rappelle que les clubs continuent de rémunérer joueurs et entraîneurs malgré l’absence de calendrier officiel. « Nous avions misé sur cette assemblée pour débloquer la situation », confie-t-il, visiblement déçu.
Pour Clint Bisseyou, dirigeant d’Amical Club Colombe, l’interruption des matches féminins est d’autant plus regrettable que son équipe, championne du Congo, reste sans soutien financier après sa campagne internationale à Malabo. Il en appelle à « une solution rapide, conforme aux orientations présidentielles pour la jeunesse ».
Enjeux pour la jeunesse sportive congolaise
L’absence de compétition n’est pas seulement une question de classement ; elle freine l’épanouissement d’une génération née avec l’espoir de profiter des stades récemment construits dans chaque département. Les éducateurs soulignent que le sport constitue un rempart essentiel contre le désœuvrement des adolescents.
Le gouvernement a déclaré 2024 et 2025 « années de la jeunesse », un programme qui s’appuie sur l’offre sportive pour promouvoir cohésion et santé. La suspension des championnats retarde donc la mise en œuvre concrète de ces objectifs sociaux, très suivis par la population urbaine.
Certains entraîneurs craignent aussi une fuite de talents vers les pays voisins où les calendriers sont plus réguliers. « Nos jeunes footballeurs veulent jouer, s’ils partent nous perdrons des années de formation », avertit un technicien du centre de Brazzaville.
Souvenirs de la suspension par la FIFA
Le précédent d’octobre 2024 reste dans toutes les mémoires. L’annulation d’une assemblée générale similaire avait provoqué, début 2025, la suspension du Congo par la FIFA pendant plus de trois mois, privant les sélections nationales de rendez-vous continentaux et les clubs de revenus.
Cette sanction, levée le 14 mai 2025, avait été perçue comme un avertissement. Depuis, la FECOFOOT multiplie les séances de conformité avec les exigences internationales, soucieuse de préserver l’image du pays et les opportunités offertes à ses jeunes athlètes.
En cas de nouvelle intervention de la FIFA, le championnat national pourrait connaître un retard supplémentaire dans un calendrier déjà compressé par les engagements des Diables Rouges et les compétitions inter-clubs de la CAF, préviennent des observateurs sportifs.
Prochaines étapes et appel à l’unité
La FECOFOOT espère obtenir l’annulation judiciaire avant la mi-octobre, puis convoquer rapidement ses délégués. « L’enjeu dépasse nos intérêts individuels ; il s’agit de la jeunesse congolaise », insiste Carle Malalou, qui appelle clubs, ligues et supporters à rester soudés et patients.
Dans l’intervalle, les clubs continueront leurs séances d’entraînement, garants de la condition physique des joueurs. Le ministère des Sports suit l’évolution du dossier et encourage les parties à privilégier le dialogue pour un retour rapide du championnat, vital pour l’économie locale liée au football.
Les supporters, quant à eux, gardent espoir. « Nous remplirons les tribunes dès que la première journée sera fixée », promet un fan croisé devant le stade. D’ici là, la balle se joue désormais dans les prétoires, avec l’avenir du football congolais au bout du sifflet.
Les analystes sportifs rappellent enfin que la prochaine fenêtre FIFA de novembre approche. Sans calendrier local, la sélection nationale peinerait à réunir des joueurs en rythme de compétition, un défi que la FECOFOOT veut résoudre avant de soumettre la liste des Diables Rouges.