Brazzaville en recueillement
Le perchoir s’est teinté d’émotion ce 30 septembre. Réunis à Brazzaville, les députés ont observé plusieurs minutes de silence avant d’entamer la préparation des obsèques de leur collègue Joseph Mbossa, décédé deux jours plus tôt à Paris à l’âge de 63 ans.
Premier secrétaire de l’institution, Fernand Sabaye a ouvert une séance spéciale, affirmant que la nation saura honorer un élu dont l’engagement pour le développement reste « une source d’inspiration ». L’assemblée a ensuite validé la création d’une commission d’organisation des funérailles.
Un hommage national en préparation
Selon le calendrier provisoire, la dépouille sera rapatriée dans les prochains jours avant une veillée officielle au Palais des congrès, suivie d’un passage au siège de l’Assemblée où sera installé un chapiteau de condoléances ouvert au public.
Une commission d’organisation mobilisée
La commission présidée par l’ancien ministre Jean-Didier Elongo comprend cinq sous-comités chargés respectivement du protocole, du culte, de la communication, des finances et de la coordination avec la famille. Chaque structure s’est déjà réunie pour affiner son budget et son chronogramme.
« Nous veillerons à associer toutes les sensibilités de sa circonscription d’Abala », a précisé le rapporteur, soulignant que les notables, les chefs traditionnels et les jeunes seront consultés afin que les hommages reflètent l’attachement du député à l’unité communautaire.
Parcours académique et professionnel
Né en 1960 à Ollombo, Joseph Mbossa avait décroché un bac scientifique avant de poursuivre en Chine des études d’ingénierie hydroélectrique, débouchant sur un doctorat en planification des ressources, mention très honorable, qui orientera toute sa carrière.
À son retour, il est nommé coordonnateur du programme hydroélectrique d’Imboulou, préalable stratégique à l’électrification nationale. Ce poste lui vaut une réputation de rigueur technique et un réseau d’experts qu’il mobilisera plus tard au Parlement.
Entre 2001 et 2017, il dirige successivement des projets de désarmement, de réinsertion d’ex-combattants puis de diversification économique, démontrant une polyvalence saluée par ses supérieurs qui vantent son « sens du compromis et de la performance ».
La loi sur l’architecture, un héritage majeur
Au sein de la commission Production et aménagement du territoire, Mbossa pilote en 2023 le projet de loi encadrant la profession d’architecte. Les débats, jugés ouverts et constructifs, débouchent sur un texte promulgué le 28 mai dernier par le chef de l’État.
Pour le député Antoine Béli Bokolojoué, coauteur, « ce cadre légal offre des garanties de qualité aux populations et dynamise le secteur du bâtiment ». Il rappelle que son président avait présenté la loi « avec brio », répondant point par point aux préoccupations ministérielles.
Témoignages de collègues et proches
Fidèle Bossa, député d’Ollombo 1 et neveu du défunt, confie que la vocation patriotique de son oncle s’est révélée dès le lycée Pierre-Savorgnan-de-Brazza, où il hissait le drapeau chaque matin, « déjà animé par le sens du service public ».
L’élu se souvient aussi de la période universitaire où chacun suivait un cursus à l’étranger, l’un en Chine, l’autre à Cuba. « Cette émulation fraternelle a forgé notre résilience », raconte-t-il, retenant aujourd’hui « l’exemple d’un parcours sans faute ».
D’autres députés, toutes tendances confondues, évoquent un homme « courtois, à l’écoute et pointu ». Au salon d’honneur, plusieurs agents administratifs partagent la même impression, celle d’un supérieur qui « ne levait la voix que pour encourager ».
L’esprit de rassemblement salué
Au-delà de la technique, Joseph Mbossa se distinguait par sa capacité à réunir majorité et opposition autour des textes. Pour Fernand Sabaye, « il incarnait le débat apaisé, rappelant que la diversité des idées doit rester la force de la République ».
Cette disposition à l’écoute se reflétait dans sa circonscription, où il tenait des permanences mensuelles, faisant remonter les doléances, qu’il s’agisse d’accès à l’eau, d’entretien de pistes ou de bourses scolaires. Les habitants d’Abala lui rendent déjà hommage sur les réseaux sociaux.
Un bâtisseur au service de la diversification
Ses années à la tête du Projet d’appui à la diversification de l’économie ont laissé des traces concrètes, notamment l’appui aux PME agroalimentaires et la promotion de filières comme le manioc transformé, saluées par les partenaires techniques pour leur impact sur l’emploi rural.
De nombreux experts soulignent que l’expérience acquise sur ces chantiers avait nourri ses plaidoyers pour une économie congolaise moins dépendante du pétrole, une vision pleinement alignée avec la stratégie gouvernementale de développement durable.
L’Assemblée nationale unie dans la douleur
Conformément au règlement intérieur, le siège du défunt restera drapé jusqu’à la tenue de la séance d’hommage officiel. Les travaux législatifs se poursuivent néanmoins, témoignant de la continuité de l’État, principe que Joseph Mbossa défendait avec vigueur.
La conférence des présidents planche déjà sur la date d’une journée parlementaire dédiée à ses actions. Il est envisagé d’y associer des étudiants en ingénierie afin de perpétuer la vocation éducative que l’intéressé promouvait.
Perspective sur la relève et la mémoire
Après les obsèques, la loi électorale prévoit une élection partielle à Abala dans les trois mois. Dans l’immédiat, les leaders locaux appellent à la cohésion afin que la campagne reflète l’esprit de dignité légué par leur représentant.