Un accord stratégique au service de l’entreprise
Le 27 août, dans une salle sobre du siège brazzavillois du Congrès des chefs d’entreprise du Congo, le président Paul Nestor Mouandzibi et le directeur général de La Nouvelle République, Anasth Wilfrid Mbossa, ont paraphé un accord qualifié de stratégique par les deux parties.
Signé sous le regard du directeur de cabinet du ministre de la Communication, Antoine Oviebo-Ethaï, le document met l’accent sur la valorisation des initiatives privées et sur une couverture médiatique renforcée destinée à projeter l’image d’une économie congolaise innovante et compétitive.
Synergie médias-patronat pour l’économie congolaise
Pour le patronat, l’alliance revêt un caractère presque institutionnel : le Ccec représente plus de 300 entreprises de tailles diverses et cherche depuis plusieurs années à établir un dialogue stable avec l’État, notamment au sujet de l’accès au crédit et des réformes fiscales.
« Une communication maîtrisée constitue une ressource aussi stratégique qu’un financement », a déclaré Paul Nestor Mouandzibi après la signature, rappelant que les entrepreneurs demeurent souvent méconnus du grand public malgré leur contribution documentée à la croissance nationale au cours des cinq dernières années.
La Nouvelle République, organe public fondé sur la fusion de médias historiques en 1998, voit dans cette coopération un moyen de diversifier son audience et de renforcer son rôle de passeur d’informations économiques fiables auprès d’un lectorat jeune et connecté.
Une visibilité accrue pour les acteurs privés
Concrètement, le partenariat prévoit la production de dossiers spéciaux, la retransmission en direct de forums d’affaires et la mise en place de chroniques hebdomadaires dédiées aux success-stories locales, le tout adossé à un plan commun de formation des journalistes et des responsables de communication.
Selon Anasth Wilfrid Mbossa, cette visibilité accrue doit surtout « montrer la valeur ajoutée des entreprises qui investissent dans la transformation locale », un axe en phase avec la feuille de route gouvernementale qui encourage la substitution aux importations et l’exportation de produits à forte valeur.
Les start-up membres du Ccec bénéficieront également d’un accompagnement éditorial personnalisé, censé simplifier leur accès aux marchés financiers sous-régionaux, notamment la Bourse des valeurs mobilières de l’Afrique centrale, dont la capitalisation reste modeste mais suscite un intérêt croissant chez les investisseurs privés.
La Nouvelle République, un groupe en mutation numérique
Si l’enjeu principal concerne le secteur privé, l’Administration y trouve aussi un avantage : les données collectées au fil des reportages seront partagées avec les ministères techniques pour affiner les politiques publiques, en particulier dans les domaines de l’artisanat, de l’agro-industrie et du numérique.
Pour soutenir cette ambition, La Nouvelle République investit dans un studio mobile haute définition, capable de couvrir les événements économiques hors des grandes agglomérations rurales, permettant ainsi de donner la parole aux entrepreneurs de la Sangha, du Niari ou de la Cuvette.
Le média public a également conclu, dans le même élan, un contrat de partage de contenus avec un groupe panafricain, afin d’amplifier l’écho des initiatives congolaises à l’étranger et de nourrir un storytelling positif sur un environnement d’affaires souvent mal compris au-delà des frontières.
Perspectives pour un Congo moderne et prospère
Les observateurs saluent la démarche, tout en appelant à des indicateurs mesurables pour évaluer son impact réel : taux de couverture médiatique, création d’emplois induits, évolution du chiffre d’affaires des entreprises accompagnées, mais aussi participation accrue des jeunes femmes entrepreneures.
Interrogé, l’économiste Landry Mboulou rappelle que la communication institutionnelle « ne remplace jamais la compétitivité, mais elle l’expose ». Selon lui, l’accord devra s’accompagner de réformes facilitant l’accès à l’énergie et à la logistique pour convertir l’exposition médiatique en gains de productivité durables et inclusifs.
Du côté du Ccec, on affirme déjà travailler sur un tableau de bord partagé avec La Nouvelle République ; cet outil, qui intégrera une cartographie des clusters industriels naissants, sera présenté au Forum national sur la diversification économique annoncé pour le premier trimestre 2025.
En attendant, les deux partenaires louent un climat d’affaires jugé aujourd’hui « encourageant », après la stabilisation post-pandémie et les réformes récentes sur la fiscalité des PME. Ils espèrent que l’accord servira de modèle à d’autres associations sectorielles avec les médias publics.
Le ministère de la Communication, qui a soutenu la démarche, envisage de publier avant la fin de l’année un guide de bonnes pratiques pour les partenariats médias-entreprises, s’inspirant directement de cette expérience brazzavilloise et visant à harmoniser les standards de transparence dans tout le secteur.
À terme, Paul Nestor Mouandzibi ambitionne de voir naître une « Marque Congo » portée par la créativité locale et relayée dans toute la sous-région. La signature du 27 août est, selon lui, un jalon décisif sur cette route vers un rayonnement économique renouvelé.
Les analystes rappellent toutefois que la réussite d’un tel dispositif repose sur la capacité des entreprises à produire des données financières fiables, condition sine qua non pour attirer la confiance des banques et des partenaires étrangers. Le Ccec prévoit donc des ateliers de sensibilisation à la culture du reporting financier.