Coopération académique Maroc-Congo renforcée
Le 5 septembre à Brazzaville, la ministre de l’Enseignement supérieur, Delphine Edith Emmanuel, a remis titres de voyage et dossiers à 70 jeunes Congolais avant leur départ pour le Maroc, scellant une nouvelle étape de la coopération académique entre les deux pays.
L’initiative, financée par des bourses marocaines, couvre frais de scolarité, hébergement, assurance et allocation mensuelle, offrant un cadre sécurisé pour des études dans des filières variées, des sciences de l’ingénieur à la santé en passant par le management.
Selon l’ambassade du Maroc, près de 1 000 Congolais poursuivent déjà un cursus dans le royaume chérifien. L’arrivée de ce nouveau contingent devrait porter la présence estudiantine congolaise à un niveau jamais atteint.
Processus de sélection des 70 lauréats
Les 70 lauréats ont été retenus après une session de tests académiques et d’entretiens conduite conjointement par la direction des bourses et les services de l’ambassade marocaine, privilégiant l’excellence, la parité et la représentativité territoriale.
Vingt-cinq places sont allées aux filières scientifiques et technologiques jugées stratégiques pour la diversification économique, vingt aux sciences médicales, quinze aux métiers du numérique, et dix aux sciences sociales, conformément aux priorités fixées par le ministère congolais.
Chaque lauréat signe un engagement moral à revenir exercer au Congo après ses études. « Nous aidons, mais le pays doit bénéficier de leur expertise », a rappelé Delphine Edith Emmanuel, insistant sur la responsabilité collective.
Motivations et ambitions des bénéficiaires
Devant leurs familles, les étudiants affichaient un mélange d’enthousiasme et d’appréhension. Hope Théresia Tsono Kosso, future ingénieure en génie civil, se dit « prête à décrocher des compétences de pointe pour contribuer aux infrastructures nationales ».
Pour Nathan Ballard Moussy, inscrit en sciences de l’eau, l’enjeu est de « comprendre les modèles de gestion hydraulique marocains afin d’adapter des solutions aux réalités congolaises, notamment dans la vallée du Niari ».
Plusieurs parents confient que la bourse allège un poids financier important. « Sans cette aide, mon fils aurait reporté ses études », reconnaît Évariste Koussoukama, venu de Dolisie, persuadé que « le savoir est le meilleur héritage à transmettre ».
Engagement institutionnel congolais
La ministre a réaffirmé la volonté du gouvernement de densifier les partenariats éducatifs, rappelant le Programme national de bourses extérieures qui vise 500 bénéficiaires par an d’ici 2026, conformément aux orientations du Plan national de développement.
Un dispositif d’accompagnement psychopédagogique sera mis en place, incluant séances d’information en ligne, suivi consulaire renforcé et hotline dédiée, pour garantir que les étudiants s’intègrent au mieux dans leur nouveau milieu.
« Nous voulons des diplômés opérationnels à leur retour », a martelé la directrice générale des bourses, Christelle Nguimbi, soulignant que des stages de vacances au Congo seront coordonnés pour maintenir un lien continu avec le tissu économique local.
Le Maroc, pôle universitaire africain
Depuis la création de l’Agence marocaine de coopération internationale, Rabat s’est imposé comme un hub universitaire pour le continent, attirant chaque année plus de 12 000 étudiants africains grâce à des cursus accrédités et des infrastructures modernes.
Les universités de Casablanca, Fès et Marrakech figurent dans les classements francophones, notamment pour l’ingénierie et la médecine. Le réseau francophone facilite l’intégration linguistique des Congolais, qui conservent ainsi un bagage culturel commun tout en découvrant de nouvelles pratiques pédagogiques.
L’ambassadeur Ahmmed Agargi a rappelé que « le monde traverse des défis climatiques et sécuritaires majeurs. Former la jeunesse, c’est équiper nos nations d’outils de résilience ». Il a encouragé l’entraide sud-sud comme moteur de progrès partagé.
Retombées attendues pour l’économie congolaise
Les autorités congolaises voient dans ce programme un accélérateur de compétences qui viendra soutenir les projets structurants, qu’il s’agisse de la Zone économique spéciale de Pointe-Noire, du chantier d’électrification rurale ou des start-up numériques brazzavilloises.
À moyen terme, le ministère table sur un retour sur investissement social mesurable : hausse de taux d’encadrement universitaire, création de pôles de recherche appliquée et émergence de petites industries pilotées par d’anciens boursiers.
Le dispositif s’inscrit enfin dans la vision du président Denis Sassou Nguesso, axée sur la formation d’un capital humain qualifié capable de porter la transformation économique et de renforcer le rayonnement du Congo sur la scène régionale.
Préparatifs avant l’envol des étudiants
Avant le départ prévu fin septembre, les services consulaires marocains organisent des sessions de dépôt de visas groupés pour éviter les délais d’attente. Les étudiants recevront également un kit sanitaire, un manuel d’orientation académique et un rappel sur les coutumes marocaines.
La compagnie nationale Equatorial Congo Airlines a négocié, avec Royal Air Maroc, un tarif préférentiel sur la liaison Brazzaville–Casablanca, incluant une franchise supplémentaire de bagages pour transporter documents, effets personnels ainsi que matériels informatiques et manuels universitaires nécessaires.
Une cérémonie d’au revoir, animée par l’Orchestre symphonique des élèves de Talangaï, est prévue au Palais des congrès. Elle permettra aux familles de partager un moment et d’écouter les recommandations des autorités sanitaires sur la vaccination.