Une audience stratégique au Palais du Peuple
Le 23 septembre, le calme habituel des couloirs du Sénat a laissé place à l’effervescence. Reçu par le président de la chambre haute, Pierre Ngolo, le directeur général de MTN Congo, Mohammed Rufaï, est venu dresser le panorama des avancées numériques portées par l’opérateur sur l’ensemble du territoire.
Selon M. Rufaï, l’échange a permis d’ouvrir la voie à une collaboration plus structurée avec les institutions. « Nous souhaitons mettre nos infrastructures et nos programmes au service des priorités nationales », a-t-il indiqué à la sortie de l’audience, soulignant un alignement avec la stratégie gouvernementale Congo Digital 2025.
La 5G, première d’Afrique centrale
Fer de lance du dossier, le lancement pilote de la 5G à Brazzaville et Pointe-Noire place le Congo-Brazzaville en tête de l’innovation sous-régionale. La nouvelle fréquence promet des débits vingt fois supérieurs à la 4G, essentiels pour la télémédecine, la vidéoprotection et les services financiers instantanés.
MTN affirme avoir mobilisé des partenaires technologiques de premier plan pour garantir une couverture stable et sécurisée. Les premiers retours d’entreprises locales testant la 5G montrent un gain de productivité significatif, notamment dans la diffusion en direct et l’analyse de grands volumes de données.
Étendre la 3G et la 4G jusque dans les vallées
Si les grandes villes profitent déjà d’un réseau dense, l’opérateur veut combler la fracture numérique rurale. Des antennes supplémentaires sont déployées dans les plateaux du Pool, la Likouala fluviale ou le Kouilou littoral afin de garantir un accès voix et data fiable aux villages les plus isolés.
D’après la direction technique, l’objectif est d’atteindre 92 % de la population couverte en haut débit d’ici à 2025. Cela passera par l’installation de sites hybrides, alimentés à la fois par le solaire et le réseau électrique, pour limiter l’empreinte carbone et réduire les coûts d’exploitation.
« Futa Moke Moke » : un smartphone payable par tranche
La connectivité sans terminal reste un vœu pieux. Pour démocratiser l’accès à Internet mobile, MTN propose « Futa Moke Moke », littéralement « paie doucement ». Le principe : un téléphone intelligent neuf, un acompte modeste, puis de petites mensualités débitées via Mobile Money.
Depuis juin, plus de 8 000 appareils ont déjà trouvé preneurs, principalement des étudiants et des commerçantes des marchés de Makélékélé et Tié-Tié. Le programme inclut un forfait de données subventionné, permettant aux nouveaux utilisateurs de découvrir l’e-administration et la formation en ligne sans frais supplémentaires.
La MTN Skills Academy forme la jeunesse
Au-delà du matériel, les compétences restent le moteur de la transformation digitale. Lancée en 2022, la MTN Skills Academy propose, gratuitement, des modules de codage, marketing digital et cybersécurité accessibles via une application légère. Plus de 12 000 jeunes se sont déjà inscrits.
Patricia Makosso, en troisième année d’informatique à l’Université Marien-Ngouabi, témoigne : « La plateforme m’a permis de réaliser un stage dans une fintech locale. Sans cette passerelle, je n’aurais pas eu cette opportunité. » Le Sénat voit là un atout pour l’employabilité et l’entrepreneuriat.
21 Days of Yellow Care : solidarité au quotidien
Chaque année, les employés dédient trois semaines à des actions sociales autour de la santé, de l’éducation et de l’agriculture intelligente. En 2023, 4 000 moustiquaires imprégnées et 600 kits scolaires ont été distribués dans les districts périphériques de Brazzaville.
Cette démarche RSE, saluée par plusieurs ONG locales, illustre la volonté d’inscrire la croissance numérique dans un développement humain équilibré. « La technologie n’a de sens que si elle améliore concrètement la vie des communautés », rappelle Mohammed Rufaï.
La cybersécurité, un défi partagé
Fraudes au Mobile Money, hameçonnage, ingénierie sociale : l’opérateur intensifie ses campagnes d’information. Des messages vocaux et SMS rappellent de ne jamais partager son code secret ni valider des opérations suspectes. Depuis juillet, plus de 1,5 million d’abonnés ont reçu ces alertes.
Les premiers indicateurs montrent une baisse de 37 % des réclamations liées aux arnaques. MTN travaille également avec la police scientifique pour tracer les réseaux criminels, dans un cadre légal renforcé par la récente loi sur la cybersécurité adoptée au Parlement.
Un modèle de partenariat public-privé
Pierre Ngolo a salué « l’engagement constructif » de l’entreprise et appelé à formaliser un cadre de dialogue régulier entre le Sénat, les ministères en charge du numérique et les opérateurs. Objectif : aligner les projets privés sur les priorités de connectivité des services publics.
Des pistes concrètes émergent, comme le déploiement de bornes Wi-Fi gratuites dans les mairies de district ou la formation des fonctionnaires à l’utilisation du courrier électronique sécurisé. Les équipes techniques de MTN étudient aussi la possibilité de raccorder plusieurs hôpitaux régionaux à la fibre optique.
Retombées économiques attendues
Les investissements cumulés de l’opérateur pour 2023-2025 dépassent les 100 milliards de FCFA, principalement dans les infrastructures réseau et l’énergie verte. Selon le cabinet local Sphinx Consulting, chaque tranche de 10 milliards injectée pourrait générer 1 200 emplois directs ou indirects.
Le ministère de l’Économie voit dans la 5G un accélérateur pour les PME du commerce en ligne, les start-up agrotech et les plateformes de paiement. À court terme, l’extension de la 4G dans les zones rurales contribuera également à la bancarisation mobile, déjà adoptée par près de 45 % des ménages.
Cap sur 2025
En sortant du Palais du Peuple, Mohammed Rufaï s’est dit « confiant dans le potentiel numérique du Congo ». L’opérateur prévoit d’élargir la 5G à huit villes supplémentaires et d’augmenter la capacité de son backbone fibre de 40 %.
Le Sénat, pour sa part, promet d’accompagner toute initiative favorisant l’accès pour tous à une connexion fiable et abordable. La rencontre du 23 septembre pourrait ainsi marquer un tournant dans la coopération entre secteur public et secteur privé, au service d’une économie toujours plus connectée.