165 jeunes certifiés à Brazzaville
Le mémorial Pierre-Savorgnan-de-Brazza a vibré le 26 septembre lors de la remise des certificats à 165 jeunes issus de divers quartiers de la capitale.
Parmi eux, 102 femmes et 63 hommes qui ont suivi plusieurs mois d’ateliers pratiques, alternant cours théoriques, stages en entreprise et accompagnement individuel vers l’emploi.
Cette session illustre le regain d’intérêt des jeunes Congolais pour la formation professionnelle, un secteur présenté par les autorités comme un levier majeur de lutte contre le chômage urbain.
Des filières qui recrutent
Les lauréats se sont spécialisés dans des métiers jugés porteurs : mécanique automobile, soudure électrique, bureautique, cuisine, pâtisserie, couture, coiffure, hôtellerie, mais aussi transformation agroalimentaire pour alimenter le marché local.
Le choix des filières a été réalisé après une étude de l’ONG Essor et des chambres consulaires, laquelle souligne une demande croissante d’artisans qualifiés dans les arrondissements périphériques.
Selon le ministère de l’Enseignement technique, les besoins cumulés du secteur privé dépassent cinq mille postes par an, d’où la nécessité de former régulièrement de nouveaux profils.
La filière numérique, bien que récente dans le programme, attire déjà une vingtaine d’apprenants qui s’initient au community management, à la maintenance d’ordinateurs et à la saisie de données pour les PME locales.
À Pointe-Noire, un dispositif similaire a déjà montré son efficacité : soixante-dix pour cent des stagiaires en mécanique ont trouvé un emploi dans les garages du port, un résultat qui inspire la capitale.
Trois projets pour un même objectif
Les certificats remis découlent de trois programmes complémentaires coordonnés par Essor : Relieef, Emateli et Nouvelle opportunité d’avenir, chacun bénéficiant d’un financement distinct mais d’une vision partagée.
Relieef, soutenu par l’Agence française de développement, se concentre sur la réduction des inégalités de genre et offre des bourses aux femmes souhaitant acquérir une autonomie économique.
Emateli, financé par l’Union européenne, mise sur l’entrepreneuriat agricole et urbain afin de dynamiser la filière maraîchère tout en renforçant la société civile congolaise.
Enfin, Nouvelle opportunité d’avenir, appuyé par l’ambassade de France via le dispositif Kotonga, cible spécifiquement les jeunes du huitième arrondissement, un secteur à fort potentiel mais encore peu structuré.
Les formateurs eux-mêmes ont bénéficié d’un recyclage technique, encadré par des experts venus d’Afrique de l’Ouest, afin d’introduire des méthodes de travail sécurisées et respectueuses de l’environnement.
Témoignages de réussite immédiate
Devant les officiels, Dieudonné Badawé a salué « 165 parcours de vie transformés », rappelant que certains stagiaires ont déjà commencé à monnayer leurs compétences pendant la formation.
C’est le cas de Séverine, vingt-huit ans, qui préparait chaque vendredi des cupcakes pour ses camarades ; elle écoule désormais une cinquantaine de pièces par semaine dans son quartier de Mfilou.
Pierre, diplômé en soudure, a quant à lui rejoint l’équipe d’entretien d’un garage de Talangaï, tandis que Grâce, formée en bureautique, seconde un notaire de Poto-Poto trois après-midi par semaine.
Ces premiers pas confirment l’approche par compétence promue par Essor : de courtes séquences formatives, proches des réalités du terrain, couplées à un coaching entrepreneurial individualisé.
Un tremplin vers l’emploi local
Pour la mairie de Brazzaville, représentée lors de la cérémonie, cette vague de diplômés constitue un vivier pour les micro-projets municipaux, notamment l’entretien des routes secondaires et la réhabilitation de marchés couverts.
Le directeur départemental de l’Emploi a annoncé la création prochaine d’un guichet unique destiné à orienter les bénéficiaires vers des entreprises partenaires et à faciliter l’accès au micro-crédit.
De son côté, Essor prévoit un suivi de six mois afin de mesurer le taux d’insertion et d’identifier les besoins complémentaires en capital matériel ou en mentorat.
L’ONG, qui opère au Congo depuis 2003, revendique déjà deux mille trois cents jeunes formés, avec un taux d’emploi ou d’auto-emploi supérieur à soixante pour cent après un an.
Au-delà des chiffres, les autorités misent sur un effet d’entraînement : chaque artisan créé, affirment-elles, génère à terme deux à trois emplois indirects dans son entourage.
Le secteur bancaire, représenté par deux établissements, envisage de proposer des micro-crédits à taux réduit pour l’achat de matériel de coiffure ou de kits de couture, facilitant ainsi le démarrage d’activités.
Les autorités départementales prévoient également d’intégrer ces diplômés dans le programme public « Bâtissons nos quartiers », qui mobilise des artisans locaux pour rénover les infrastructures sociales de proximité.
Perspectives et engagements futurs
Les partenaires financiers ont réitéré leur volonté de prolonger l’appui, convaincus que la formation courte constitue un rempart efficace contre la précarité et l’exode rural.
Un second cycle est déjà planifié pour janvier, avec l’objectif d’accueillir deux cents stagiaires, dont un tiers sera orienté vers le numérique, un secteur identifié comme prioritaire par le Plan national de développement.
En attendant, les cent soixante-cinq nouveaux professionnels sont désormais invités à rejoindre la plateforme en ligne d’Essor, où sont publiées chaque semaine des offres d’emploi, des tutoriels et des webinaires.