Brazzaville se prépare au 10KM Brazza
Le 17 août au matin, Brazzaville troquera son effervescence habituelle pour les foulées rythmées du tout premier 10KM Brazza. Cette course grand public, imaginée comme un festival d’énergie, ambitionne de réunir plusieurs milliers de participants venus célébrer le sport au cœur de la capitale congolaise.
Porté par un collectif de jeunes cadres et validé par la Fédération congolaise d’athlétisme, l’événement reçoit le soutien logistique du ministère des Sports. Les autorités locales y voient un moyen concret de promouvoir l’activité physique, mais aussi de montrer le visage d’une ville sûre et hospitalière.
Sport et citoyenneté en synergie
Dès l’annonce officielle, le slogan « Courir pour construire » a circulé sur les réseaux. Le message est clair : il ne s’agit pas seulement de chronomètres. Les organisateurs veulent inscrire la performance individuelle dans une démarche citoyenne, encourager la solidarité et rappeler l’importance de prendre soin de son corps.
« Il est temps d’être la solution », insiste Derrick Kadza, fondateur de la Maison Colibri. Pour lui, la ligne de départ symbolise l’instant où la jeunesse décide d’agir. Sa conviction est partagée par de nombreux ambassadeurs sportifs, qui voient dans la course un laboratoire de dépassement de soi.
Le public visé est large. Athlètes licenciés, joggeurs du dimanche, familles en quête d’une marche dominicale : chacun est invité. Les inscriptions, ouvertes en ligne et dans plusieurs centres de quartier, insistent sur l’inclusivité, condition essentielle pour transformer une simple compétition en rendez-vous fédérateur.
Un tracé entre fleuve et gratte-ciel
Le parcours a été dessiné comme une carte postale vivante. Après le départ devant la statue de l’abbé Fulbert Youlou, les coureurs glisseront le long de la Corniche, admireront la façade moderniste de l’Institut français, puis remonteront vers le Palais des congrès baigné par la lumière du fleuve.
La boucle passe également devant l’École nationale d’administration et la Tour Nabemba, plus haut gratte-ciel du pays, symbole de modernité. Aux yeux des urbanistes, l’itinéraire constitue un véritable storytelling visuel : il rappelle que Brazzaville conserve son patrimoine tout en regardant vers l’avenir.
Pour animer le tracé, des groupes de tambours batéké, des DJs et des danseurs de ndombolo se relayeront. Cette dimension culturelle doit renforcer l’attraction touristique de la course, tout en valorisant les artistes locaux. L’objectif est d’offrir une expérience sensorielle plutôt qu’un simple effort physique.
Maison Colibri, moteur d’initiatives jeunes
Derrière le projet, la Maison Colibri s’appuie sur la légende du petit oiseau : chacun apporte son goutte-à-goutte pour éteindre l’incendie. Active depuis 2015, la structure se distingue par des ateliers de leadership et des campagnes de propreté urbaine qui mobilisent écoles et universités.
« L’audace et l’empathie guident notre approche », précise Kadza. Avec le 10KM Brazza, il veut prouver qu’un think tank peut passer de la réflexion à l’action, entraîner partenaires privés, médias et institutions autour d’un projet mesurable. Les sponsors télécoms, bancaires et agroalimentaires ont rapidement répondu présent.
Dispositif sécuritaire et sanitaire renforcé
La sécurité reste une priorité. La préfecture de police prévoit un périmètre de circulation alternée, tandis que la Croix-Rouge installe six postes de secours. Un médecin de garde sera présent sur l’esplanade municipale, équipé d’un défibrillateur et de tests d’hydratation rapide, conformément aux recommandations de World Athletics.
Les organisateurs rappellent aux coureurs de présenter un certificat médical récent. Des points d’eau tous les deux kilomètres et un ravitaillement en fruits locaux complètent le dispositif. Selon le directeur départemental de la santé, cette logistique témoigne d’un partenariat exemplaire entre acteurs publics et société civile.
Retombées attendues pour l’économie locale
Les bénéfices escomptés dépassent la sphère sportive. Les hôtels du centre annoncent déjà un taux de réservation accru. Les restaurateurs se préparent à servir un petit-déjeuner spécial « runner », tandis que des artisans impriment des tee-shirts souvenirs. Une dynamique économique ponctuelle mais significative s’installe.
Le tourisme interne pourrait également profiter de la visibilité médiatique. Brazzaville souhaite renforcer sa place dans le calendrier de course africain aux côtés de Kigali ou Abidjan. En montrant la ville sous un jour festif, les promoteurs espèrent attirer de futurs événements à plus forte affluence.
Vers une tradition sportive durable
À l’issue de la course, un atelier d’évaluation réunira sponsors et autorités. L’idée est de dresser un bilan chiffré, puis de dégager des pistes d’amélioration. Déjà, la Fédération discute d’un label bronze continental qui garantirait la pérennité et la reconnaissance internationale de la manifestation.
Plusieurs écoles primaires souhaitent inscrire un kilomètre solidaire réservé aux enfants dès l’an prochain. Des clubs de marche envisagent une version nocturne le long des berges. Ces propositions montrent que le 10KM Brazza a suscité un imaginaire collectif favorable à l’innovation sportive.
Si la pluie épargne la capitale le 17 août, le top départ marquera peut-être l’avènement d’un rite annuel. Dans le souffle des coureurs, Brazzaville tentera d’écrire une page supplémentaire de son histoire, celle où la jeunesse, les institutions et le territoire franchissent ensemble la même ligne d’arrivée.