Brazzaville accueille un carrefour d’affaires au féminin
Brazzaville, 8 octobre 2025. Les rideaux sont tombés sur la deuxième édition du Women Economic Forum, trois jours durant lesquels plus de quatre cents participantes ont transformé l’hôtel Hilton Les Tours Jumelles en laboratoire d’idées dédié à l’entrepreneuriat féminin et à la coopération économique régionale.
Placée sous le haut patronage de Mme Antoinette Sassou Nguesso, cette rencontre a été officiellement lancée par sa conseillère spéciale, Mme Blandine Malila, qui a salué « l’énergie contagieuse des créatrices congolaises » devant un parterre d’investisseurs, de diplomates et de responsables institutionnels venus pour l’occasion.
Pour Flavie Lombo, présidente fondatrice de la Chambre Nationale des Femmes Cheffes d’Entreprises et Entrepreneures du Congo, l’objectif restait clair : « faire du génie créatif des femmes un levier tangible de croissance inclusive ». Sa conviction a donné le ton des échanges.
Un thème centré sur l’inclusion financière
Avec le fil rouge « Genius Inclusion financière », le forum a mis l’accent sur l’accès équitable au crédit, à l’épargne et aux solutions digitales de paiement, considérés par les intervenants comme la condition sine qua non pour transformer de petites initiatives en entreprises pérennes et créatrices d’emplois.
Des responsables de banques locales ont présenté des produits dédiés, tandis que l’Agence de Régulation des Postes et Communications Électroniques a exposé ses programmes d’éducation au numérique visant à démocratiser les portefeuilles mobiles, un outil mentionné comme « accélérateur décisif » pour les femmes vivant hors des centres urbains.
Soutien constant des institutions nationales
La présence remarquée de plusieurs ministères, dont celui de la Promotion de la Femme et celui des Petites et Moyennes Entreprises, a souligné l’alignement des politiques publiques sur la dynamique portée par le WEF, notamment en matière de formation, de fiscalité allégée et de facilitation administrative.
Représentant le gouvernement, la ministre Jacqueline Lydia Mikolo a rappelé que « l’autonomisation des Congolaises figure déjà dans le Plan national de développement », ajoutant qu’une enveloppe spéciale de garantie de prêts sera expérimentée dès 2026 pour soutenir les porteurs de projets issus des zones rurales.
Des panels aux échanges très concrets
Cinq panels successifs ont rythmé les débats : leadership et gouvernance, accès au financement, transformation numérique, entrepreneuriat vert, puis réseautage et mentorat. Chaque table ronde a mêlé experts, chefs d’entreprises et mentors internationaux afin de proposer des pistes immédiatement transposables au contexte national.
Lors du panel numérique, une jeune lauréate du programme Genius, Maguy Kodia, a partagé le parcours de sa plateforme de e-commerce agricole lancée à Ouesso. « L’injection d’un microcrédit de dix millions FCFA a quadruplé mon volume d’affaires en six mois », a-t-elle confié sous des applaudissements nourris.
Les discussions sur l’entrepreneuriat vert ont mis en lumière la start-up ÉcoChanvre, qui valorise les résidus agricoles pour fabriquer des emballages biodégradables. Son dirigeant a souligné que les marchés publics privilégiant les achats responsables pouvaient « créer une filière de cent emplois en deux ans ».
Des success stories pour inspirer la relève
Au-delà des chiffres, l’événement a célébré des parcours exemplaires. Une cérémonie de trophées a distingué vingt entrepreneures, dont Sylvie Ngoma, créatrice d’un atelier de couture connecté à Pointe-Noire, ou encore Aïssatou Mansinga, qui exporte du chocolat bio de Sibiti vers Libreville et Douala depuis 2023.
Ces success stories ont été compilées dans un livret remis aux participantes, afin d’encourager le partage de bonnes pratiques et d’alimenter le mentorat intergénérationnel. « Un exemple vécu vaut dix discours », a rappelé la communicante Mélanie Malonga, chargée de coordination du comité contenus.
Recommandations et feuille de route
Dans la restitution finale, Vanessa Mavila a énoncé quatre priorités : renforcer le maillage des réseaux d’affaires féminin, impulser des partenariats stratégiques avec le secteur privé, proposer des ajustements législatifs favorisant l’accès aux marchés publics et promouvoir la diffusion médiatique des modèles de réussite locaux et africains.
Un comité de suivi, composé de représentantes des régions et de partenaires techniques, sera installé avant la fin d’année afin de traduire ces recommandations en feuille de route. Des sessions virtuelles trimestrielles permettront d’évaluer les progrès et de rediriger les actions si nécessaire.
Vers un réseau durable d’autonomisation
En clôturant les travaux, Flavie Lombo a loué « l’esprit de solidarité et d’innovation qui anime les femmes d’affaires du Congo » et a annoncé la création d’une plateforme numérique permanente, forumwef.cg, destinée à mutualiser les offres de financement, les appels d’offres et les opportunités de formation.
La prochaine édition est déjà envisagée pour 2026, avec une ouverture aux délégations de la Communauté économique des États de l’Afrique centrale. Les organisatrices misent sur des sessions plus sectorielles, notamment agritech et industrie créative, pour répondre aux attentes exprimées lors de cette deuxième rencontre.
Dans l’atmosphère conviviale qui a suivi la cérémonie de clôture, les participantes se sont promises de transformer les contacts pris en véritables collaborations. Beaucoup sont reparties avec la conviction que l’entrepreneuriat féminin n’est plus un slogan mais un pilier concret de la diversification économique congolaise.
Par ailleurs, l’Organisation internationale de la Francophonie et la Banque africaine de développement ont exprimé leur volonté d’appuyer les incubateurs congolais via de futurs fonds d’amorçage.