Une mobilisation communautaire inédite en Likouala
Le 19 septembre 2025, Epena et Impfondo ont accueilli trois réunions autour des nouveaux spots radio qui promeuvent la vaccination de routine dans la Likouala. Initiative du ministère de la Santé et de Catholic Relief Services, elle s’inscrit dans le projet TCA soutenu par Gavi.
Depuis le 6 octobre, les versions française, lingala et kituba de ces messages passent sur les radios locales de Brazzaville, Pointe-Noire, les Plateaux, la Sangha et la Likouala, avec une fin de campagne prévue le 11 novembre.
La méthode du pré-test, garante d’efficacité
Le pré-test mené avant diffusion vise à vérifier la compréhension, l’acceptation et la pertinence culturelle des supports. Cette étape participative, obligatoire pour les affiches comme pour l’audio, permet d’aligner les contenus sur les réalités sociales et linguistiques des populations ciblées.
À Impfondo, les participants ont produit et validé les spots en français et en kituba. À Epena, le même exercice a porté sur la version lingala. Les échanges ont duré plusieurs heures, chacun affinant ton, rythme et vocabulaire pour coller au quotidien des auditeurs.
Le spot en kituba n’a requis aucun changement, signe d’une adéquation immédiate. Les versions lingala et française ont été revues de bout en bout, puis ajustées sur quelques mots afin de simplifier les consignes et d’assurer une intonation plus engageante.
Des voix locales au micro
« Nous voulons reconnaître notre quotidien dans ces messages », a insisté Henri Oboka, chef de quartier à Impfondo, saluant la démarche qui place la communauté « au centre de la conversation, pas seulement comme destinataire mais comme auteur ».
Dix hommes et huit femmes, dont une femme enceinte, ont pris part aux travaux. Leur profil allait des chefs de quartier aux agents de santé, en passant par des représentants de la Direction départementale des soins et services de santé, mobilisés comme facilitateurs.
Cette diversité de voix a nourri des suggestions précises : éviter le jargon médical, privilégier des durées courtes et répéter les lieux de vaccination. Selon Mireille Mbenza, infirmière à Epena, « la clarté doit rester la première porte d’entrée, sinon les mamans n’écouteront pas jusqu’au bout ».
Trois langues, un même message
Le recours à trois langues reflète la mosaïque linguistique de la Likouala et rappelle que l’accessibilité est une dimension essentielle de la santé publique. Pour le ministère, c’est aussi un moyen de renforcer la cohésion nationale autour d’un objectif partagé : protéger enfants et futures mères.
Financé par Gavi dans le cadre de la Targeted Country Assistance, le projet entend à terme augmenter la couverture vaccinale des enfants de 0 à 18 mois et des femmes enceintes. Les spots radio constituent l’un des leviers complémentaires aux séances mobiles et aux jours vaccin sécurisés.
Sur le terrain, l’impact des messages sera mesuré par les centres de santé à travers le suivi hebdomadaire des fiches de consultation. Un premier point d’étape est prévu en décembre afin de comparer les courbes de fréquentation avant et après diffusion.
Un projet soutenu par Gavi et le ministère
Les radios communautaires, partenaires de longue date des campagnes sanitaires, ont été sollicitées pour garantir une diffusion aux horaires d’écoute privilégiés : matinée, pause-déjeuner et début de soirée. Les stations promettent jusqu’à six passages par jour, un rythme jugé suffisant par les équipes terrain.
Le ministère de la Santé rappelle que la vaccination de routine reste entièrement gratuite sur l’ensemble du territoire. Dans la Likouala, vingt-quatre postes fixes et dix équipes mobiles sont déjà opérationnels, un chiffre qui devrait encore croître grâce à l’arrivée de nouvelles doses financées par Gavi.
Pour les associations locales, la collaboration avec Catholic Relief Services sert de modèle. « L’approche participative montre que la solidarité internationale peut respecter la parole des villages », estime Jean-Marc Kombila, président d’une ONG de jeunes basée à Dongou, qui espère voir l’expérience répliquée dans d’autres départements.
À Brazzaville, la Direction générale de la vaccination prépare déjà une adaptation télévisée des spots afin de toucher les foyers équipés. Le tournage devrait débuter en novembre, avec un casting majoritairement local et une diffusion sur Télé Congo avant la fin d’année.
Vers une couverture vaccinale de 90 %
Les communautés d’Epena et d’Impfondo comptent suivre de près les retombées. Plusieurs représentants seront invités à Brazzaville pour partager leur expérience lors de la Journée nationale de la vaccination, programmée en janvier, preuve que leur contribution est reconnue au plus haut niveau.
En Likouala, la radio reste le média de confiance. En laissant habitants, soignants et autorités coécrire le message, le ministère espère consolider cette confiance et, surtout, traduire les passages à l’antenne en passages effectifs sous le toit des centres de vaccination.
Les autorités sanitaires rappellent qu’un enfant bien vacciné a jusqu’à dix fois plus de chances d’échapper aux maladies évitables. L’ambition est claire : faire grimper la couverture vaccinale nationale de 70 % à 90 % d’ici 2026, en s’appuyant sur ces initiatives décentralisées menées avec les partenaires locaux et internationaux actifs.
