Un don stratégique pour sauver des vies
La cour du dépôt central du ministère de la Santé, à Brazzaville, a vibré le 24 octobre au passage de caisses estampillées OMS. À l’intérieur, respirateurs, concentrateurs d’oxygène et moniteurs flambant neufs attendent d’être dispatchés vers les hôpitaux publics, là où se jouent quotidiennement des urgences vitales.
Cet appui, évalué à 280 millions de FCFA, a été officiellement remis par le directeur régional de l’Organisation mondiale de la Santé pour l’Afrique, le Pr Mohamed Yakub Janabi, au ministre de la Santé et de la Population, Pr Jean Rosaire Ibara, témoin d’une coopération sanitaire déjà bien rodée.
Devant les caméras, le ministre a salué « un geste concret qui arrive à point nommé », rappelant que les pathologies respiratoires figurent parmi les principales lignes d’admission dans les services d’urgence. Pour lui, chaque machine livrée représente « une chance de plus pour une famille ».
Une valeur de 280 millions FCFA
Le colis comprend douze respirateurs polyvalents capables d’assister aussi bien les nouveau-nés que les adultes, vingt concentrateurs d’oxygène portables, dix moniteurs multiparamétriques, huit lits de réanimation motorisés et des kits de consommables assurant plusieurs mois d’exploitation continue dans les hôpitaux concernés.
Selon les ingénieurs biomédicaux de l’OMS, la valeur financière du lot couvre également la formation initiale du personnel et un stock de pièces de rechange critiques. « Nous ne livrons pas des boîtes mais une solution complète », a insisté le Dr Vincent Dossou Sodjinou, représentant de l’organisation à Brazzaville.
Le message du Dr Mohamed Yakub Janabi
Prenant la parole, le Pr Janabi a rappelé que les urgences respiratoires ne sont pas uniquement liées aux épidémies marquantes comme Ebola ou COVID-19. « Chaque accident de la route, chaque crise d’asthme ou insuffisance cardiaque peut nécessiter une ventilation immédiate », a-t-il expliqué, appelant à une vigilance permanente.
Le responsable onusien a mis en avant la notion de préparation, pilier central du Règlement sanitaire international. Pour lui, le Congo affiche « un engagement réel » à renforcer ses capacités, citant la modernisation des laboratoires et l’implantation récente d’unités de gestion des incidents sanitaires dans plusieurs départements.
Des appareils de dernière génération
Les nouveaux respirateurs intègrent des modes de ventilation haut débit utilisés dans les unités de soins intensifs des pays à revenu élevé. Leur interface tactile, disponible en français, facilitera la prise en main par les infirmiers anesthésistes, selon la fiche technique fournie au ministère de la Santé.
Les concentrateurs d’oxygène, compacts et montés sur roulettes, permettront de suppléer les bouteilles lorsque la logistique d’approvisionnement est sous tension. « L’appareil offre 10 litres par minute à 93 % de pureté, un standard qui répond aux recommandations internationales », a détaillé l’ingénieur biomédical chargé du déploiement.
Le rôle clé du ministère de la Santé
Le Pr Jean Rosaire Ibara a assuré que la répartition du matériel se fera « sur des critères de besoin objectif », en priorité vers les hôpitaux de base de Dolisie, Owando et Impfondo, souvent confrontés aux évacuations médicales longues. Une circulaire précisant les modalités logistiques sera publiée cette semaine.
Le ministre a rappelé que la construction ou la réhabilitation de services d’urgence figure dans le Plan national de développement sanitaire 2023-2027. « Les équipements reçus ce jour s’alignent sur nos objectifs de modernisation et garantiront une équité territoriale », a-t-il souligné devant les cadres du département.
Vers des services d’urgence modernisés
Selon les chiffres du ministère, près de 18 % des décès hospitaliers en 2022 étaient liés à des insuffisances respiratoires aiguës. La disponibilité d’une ventilation invasive ou non invasive reste donc un indicateur clé de performance pour les établissements publics, en particulier dans les zones périurbaines en forte croissance démographique.
Parmi les premiers bénéficiaires, l’hôpital général Adolphe-Sicé de Pointe-Noire recevra deux respirateurs et deux moniteurs. Son directeur médical, le Dr Rigobert Mabiala, estime que « l’apport de ces appareils réduira significativement les références vers Brazzaville et le risque de perte de chance pendant le transport ».
Une coopération qui se consolide
Le geste du Bureau régional de l’OMS s’ajoute à des livraisons de vaccins, de kits d’analyse et de véhicules d’intervention déjà enregistrées depuis le début de l’année. Les autorités sanitaires congolaises parlent d’un « partenariat modèle » axé sur la solidarité africaine et la complémentarité des compétences.
Lors de la cérémonie, le Pr Janabi a confirmé la disponibilité d’un appui technique additionnel pour la maintenance préventive des appareils. Un protocole sera signé d’ici la fin novembre afin de planifier les visites trimestrielles et la formation continue, indispensables pour prolonger la durée de vie du matériel.
Le représentant résident de l’OMS a par ailleurs insisté sur l’importance des données. Chaque hôpital équipé devra transmettre des indicateurs mensuels sur le taux d’utilisation, les heures de ventilation effectuées et la survie à trente jours, des mesures qui guideront le calibrage des futurs programmes d’investissement.
Avant de clore la cérémonie, le ministre Ibara a invité les responsables d’hôpitaux à une session de travail le mois prochain pour un point d’étape. « Nous devons garantir que chaque pièce remise serve effectivement les patients », a-t-il insisté, conviant la presse à suivre la mise en service.
