Trêve actée avant la rentrée 2025-2026
La Plateforme syndicale de l’éducation nationale, qui menaçait de relancer la grève quelques semaines après l’ouverture des classes, a finalement mis sa menace entre parenthèses. À l’issue d’une rencontre avec le médiateur de la République, elle suspend toute action à partir du 17 octobre.
Ce geste ouvre une fenêtre de dialogue avant la rentrée 2025-2026, échéance cruciale pour les élèves et leurs familles. Il rassure aussi les autorités éducatives qui tablaient sur une reprise apaisée des cours après les perturbations observées l’année précédente.
La coordination de la PSEN souligne qu’elle demeure vigilante, mais souhaite donner une chance aux engagements pris. La suspension n’efface pas le préavis, prévu pour être réactivé sous un mois si les ministères concernés n’apportent pas de réponses concrètes aux dossiers prioritaires.
Le rôle clé du médiateur de la République
Valère Gabriel Eteka-Yemet, médiateur de la République depuis 2021, s’est personnellement impliqué afin de rapprocher les positions. Selon plusieurs participants, il a dirigé la séance « de manière constructive », rappelant que l’école « reste un pilier de cohésion nationale » à la veille des échéances électorales.
Il a proposé un calendrier de suivi assorti d’entretiens réguliers avec les ministères des Finances, de la Fonction publique et de l’Enseignement. Son objectif déclaré est d’aboutir, d’ici quatre semaines, à un protocole clarifiant la question des rappels de solde et des primes statutaires.
Interrogé à l’issue des échanges, le médiateur a déclaré vouloir « accompagner le corps enseignant sans jamais se substituer au gouvernement ». Cette nuance, apprécient les observateurs, met la médiation au service d’une solution interne capable de préserver l’image et la stabilité des institutions.
Les revendications au cœur du dossier
Les demandes des syndicats n’ont rien de nouveau. Elles portent d’abord sur le paiement intégral des rappels de salaire, certains remontant à plus de dix ans. Pour de nombreux enseignants, ces arriérés représentent la possibilité de solder des dettes contractées afin de maintenir leurs cours.
La PSEN insiste également sur la publication de l’arrêté interministériel fixant primes et indemnités prévues par le statut particulier. Sans ce texte, les académies peinent à budgétiser les compléments de rémunération et les ressources humaines manquent de visibilité pour planifier leur carrière.
S’ajoutent la tenue régulière des commissions administratives paritaires, le relèvement du point d’indice à 450 ainsi que la reprise des allocations familiales. Les syndicats réclament enfin l’augmentation du quota d’intégration à la Fonction publique, fixé à quatre mille postes pour absorber les recrutements en attente.
Perspectives pour les enseignants et les élèves
Dans les établissements de Brazzaville et Pointe-Noire, plusieurs directeurs disent déjà préparer la rentrée avec sérénité. « L’annonce de la suspension nous permet de confirmer les emplois du temps », explique un proviseur du deuxième arrondissement, soulagé de ne pas avoir à réorganiser le calendrier scolaire.
Côté élèves, l’enjeu dépasse la simple présence en classe. Les parents craignent toujours que les programmes ne soient bouclés à temps pour les examens nationaux. Un climat calme dès octobre renforcerait les chances de combler le retard enregistré durant la précédente grève partielle de 2024.
Les syndicats, eux, misent sur la fenêtre de négociation pour obtenir des signaux tangibles. Le versement d’une première tranche de rappels ou la signature officielle de l’arrêté interministériel ferait office de preuve de bonne foi et consoliderait la confiance au sein des salles des professeurs.
Une dynamique sociale sous surveillance
Les commentateurs rappellent que la suspension de la grève intervient dans un contexte préélectoral marqué par la recherche de stabilité. Un conflit prolongé dans l’éducation aurait pu alimenter des crispations, d’où la volonté affichée des parties de préserver la paix sociale.
Pour autant, rien n’est définitivement réglé. La PSEN maintient son calendrier d’évaluation et a prévu de consulter sa base dans chaque département avant le 17 novembre. Si les avancées promises ne se matérialisent pas, la relance de la grève demeure une option stratégique.
Les ministères concernés, conscients des attentes, affirment travailler sur des solutions budgétaires. Selon une source gouvernementale, des simulations sont en cours pour étaler le paiement des rappels sur plusieurs exercices et intégrer progressivement les nouvelles primes afin de limiter l’impact sur les finances publiques.
Dans l’immédiat, la suspension de la grève conforte les acteurs éducatifs et envoie un signal positif à la jeunesse. Elle offre également un espace de concertation propice à l’amélioration des conditions de travail des enseignants, levier essentiel pour élever la qualité de l’enseignement congolais.
Les experts en relations professionnelles notent que la méthode de médiation volontaire est de plus en plus privilégiée dans le pays. Elle permet d’éviter les confrontations directes tout en maintenant une pression constructive sur les décideurs financiers et administratifs.
À moyen terme, la réussite de cette démarche pourrait servir de modèle pour d’autres secteurs publics confrontés à des revendications similaires, tels que la santé ou les transports. Un climat social apaisé renforcerait la confiance des investisseurs et favoriserait la croissance attendue en 2026.