Un partenariat à haute densité diplomatique
Dans un contexte international en quête de modèles de relance post-pandémie, Brazzaville et les Nations unies ont, en 2024, choisi de conjuguer leurs priorités autour de trois axes considérés comme structurants : la jeunesse, le climat et la coordination des interventions sur le terrain. Dès janvier, le président Denis Sassou Nguesso a rappelé, lors d’une cérémonie de présentation de vœux aux corps constitués, que « la diplomatie du développement reste un pilier de la souveraineté nationale ». Sur cette ligne, le cadre de coopération pour le développement durable (UNSDCF) s’est imposé comme l’outil central de la planification conjointe. À hauteur de plus de cent programmes actifs, il a coordonné l’appui technique de vingt-et-une agences onusiennes tout en s’imbriquant dans le Plan national de développement 2022-2026.
Impulsion présidentielle et gouvernance partagée
La consolidation des institutions, la transparence budgétaire et la décentralisation ont constitué le premier chantier. L’enregistrement de dix-sept mille actes de naissance supplémentaires, étape indispensable à l’accès aux services publics, témoigne d’une administration en cours de modernisation. La révision du cadre légal sur la lutte contre la corruption, adoptée en avril par le Parlement, renforce l’arsenal existant et répond aux recommandations réitérées par le Programme des Nations unies pour le développement. Le coordonnateur résident, Abdourahamane Diallo, s’est félicité de « l’appropriation locale des mécanismes de redevabilité », soulignant que les quelque deux mille cent cas de violences basées sur le genre pris en charge traduisent une justice plus accessible. Certes, l’ampleur des besoins demeure considérable, mais la trajectoire, portée par une volonté présidentielle affirmée, amorce une gouvernance participative mieux outillée.
Jeunesse et capital humain : un pari sur l’avenir
Le deuxième axe stratégique cible la jeunesse, socle démographique qui représente plus de 60 % de la population congolaise. Quarante-six mille enfants équipés de kits scolaires, cent vingt-huit mille repas distribués et plus d’un millier d’enseignants formés dessinent un effort budgétaire soutenu de l’État, complété par l’expertise du Fonds des Nations unies pour l’enfance et de l’UNESCO. L’introduction de la plateforme numérique Congo Learning Passport, déjà opérationnelle dans sept classes sur dix à Pointe-Noire, constitue une rupture pédagogique saluée par l’Internationale de l’Éducation. Sur le front de l’employabilité, le lancement par mille jeunes entrepreneurs de micro-entreprises – à raison d’une dizaine de start-up chaque semaine – signale un écosystème en éclosion. La plateforme Stagi, qui a enregistré près de deux mille cinq cents candidatures en six mois, illustre la transition d’une économie de rente vers une économie de compétences.
Résilience sanitaire et accès à l’eau, jalons d’une protection sociale élargie
L’urgence sanitaire a trouvé un écho particulier après les inondations ayant affecté les faubourgs de Brazzaville. Six mille consultations gratuites et la distribution de kits d’abris à mille familles réfugiées ont confirmé l’efficacité des mécanismes de réponse rapide préconisés par l’Organisation mondiale de la santé. À plus long terme, le pays a poursuivi sa campagne contre la poliomyélite, vaccinant plus d’un million d’enfants, tandis que près de quarante mille patients suivent aujourd’hui une thérapie antirétrovirale, entraînant une baisse de 18 % de la mortalité liée au sida. Sur le volet eau et assainissement, cent soixante-trois mille personnes supplémentaires, dont l’ensemble des habitants d’Owando et de Dolisie, disposent désormais d’un accès direct à une eau potable sécurisée. Autant d’indicateurs qui, conjugués à la formation de cinq cents femmes vendeuses de rue à la gestion commerciale, renforcent la résilience sociale des communautés.
Croissance verte et action climatique : l’agriculture comme moteur
Tirer profit du potentiel agricole reste une priorité, dans une économie encore exposée aux fluctuations des hydrocarbures. En 2024, quarante-cinq hectares de manioc – l’équivalent de quatre-vingt-cinq terrains de football – ont été mis en culture dans le département des Plateaux grâce à un partenariat tripartite entre le ministère de l’Agriculture, la FAO et le secteur privé. L’initiative vise à réduire la dépendance aux importations tout en capitalisant sur les certificats de carbone que génèrent les pratiques agroécologiques. Parallèlement, la formalisation de quatre cent cinquante exploitants miniers artisanaux, formés aux normes environnementales, illustre la recherche d’un compromis entre essor économique et préservation des écosystèmes. Ces actions convergent avec la stratégie nationale Climat 2030, laquelle ambitionne d’abaisser de 20 % les émissions de gaz à effet de serre hors secteur forêt.
Perspectives 2026 : gouvernance consolidée et diplomatie du résultat
À l’horizon 2026, le cadre de coopération table sur un système institutionnel davantage inclusif, susceptible de renforcer la paix et de fluidifier l’action humanitaire. Les défis identifiés – limitation des ressources budgétaires, lenteur relative du transfert de compétences aux collectivités locales, besoin d’une meilleure articulation entre partenaires – ne sont pas ignorés, mais ils sont désormais cartographiés dans un tableau de bord partagé entre l’État et les agences onusiennes. En conférant un rôle accru aux acteurs de la société civile et aux élus locaux, Brazzaville affirme sa volonté d’optimiser la gouvernance, tout en maintenant l’objectif d’une croissance annuelle de 4 % hors pétrole. Signe que la diplomatie du résultat gagne du terrain, le coordinateur onusien a promis un examen annuel public des indicateurs clés, une première dans la sous-région. Ainsi, la République du Congo entend démontrer, sur la scène internationale, qu’une coopération équilibrée peut accélérer la réalisation des Objectifs de développement durable tout en consolidant la stabilité nationale.