Une coopération multilatérale en constante densification
Dans le grand auditorium de la Maison des Nations unies, les projecteurs se sont braqués sur un écran déroulant le tableau de bord 2024 du cadre de coopération pour le développement durable signé avec le Congo-Brazzaville. Dans un climat studieux, représentants gouvernementaux et diplomates ont relevé la convergence entre la feuille de route onusienne et le Plan national de développement 2022-2026, saluant la « synergie méthodique » évoquée par la coordonnatrice résidente du système onusien. Ce rapprochement, fruit de séances de travail techniques régulières, se traduit par plus de 138 projets actifs, dont 76 % exécutés à un niveau jugé satisfaisant selon les standards du Bureau de la coordination des activités de développement.
Des indicateurs socio-économiques nuancés mais orientés à la hausse
Les chiffres livrés par l’équipe onusienne attestent d’une reprise mesurée de la croissance, portée à 4,1 % en 2023 et projetée à 4,5 % pour 2024, dans la lignée des prévisions de la Banque africaine de développement. La consolidation budgétaire réalisée par Brazzaville, appuyée par le FMI, a permis de stabiliser l’inflation autour de 3,2 %, un niveau inférieur à la moyenne régionale de la CEMAC. Surtout, l’indice de capital humain, longtemps point vulnérable, progresse de 0,03 point grâce à la gratuité ciblée des soins materno-infantiles proclamée en septembre dernier. Les experts de l’UNICEF saluent « une inflexion significative » du taux de mortalité néonatale, passé de 24 à 20 décès pour mille naissances vivantes, même si l’accès aux services de santé primaire reste inégal entre zones urbaines et districts enclavés.
La gouvernance environnementale, pierre angulaire des nouveaux engagements
Avec 10 % du massif du Bassin du Congo situé sur son territoire, Brazzaville a fait de la préservation forestière un levier diplomatique majeur. Le rapport relève l’augmentation de 35 % des financements climat mobilisés depuis 2022, notamment via l’Initiative pour la forêt de l’Afrique centrale. La signature, en marge de la COP28, d’un protocole d’accord avec le Programme des Nations unies pour l’environnement devrait catalyser de nouveaux mécanismes de paiement pour services écosystémiques. Les autorités entendent ainsi conjuguer protection du couvert forestier et valorisation de la filière bois à haute valeur ajoutée, stratégie qualifiée de « double dividende vert » par un conseiller du ministère de l’Économie forestière.
Un agenda social sous surveillance des partenaires techniques
En matière d’inclusion sociale, les observateurs soulignent la montée en puissance du programme Lisungi qui couvre désormais 82 000 ménages vulnérables. L’ONU met toutefois en garde contre une dépendance excessive aux guichets multilatéraux pour le financement des transferts monétaires. Le gouvernement répond par la création d’un Fonds national de solidarité alimenté par une taxe parafiscale sur les grands opérateurs de téléphonie. Selon un économiste du PNUD, cette option « internalise la solidarité tout en conservant l’effet de levier des bailleurs », formule résumant la volonté officielle de conjuguer souveraineté budgétaire et disciplinarité financière.
Perspectives diplomatiques et enjeux de financement
Le document onusien consacre enfin une large place à la question du financement du développement, sujet stratégique alors que s’esquissent les premières discussions sur la préparation du sommet Futur Sommet Pacte de Paris. Le Congo, classé pays à revenu intermédiaire de la tranche inférieure, devra franchir un étroit seuil s’il souhaite accéder à des conditions concessionnelles plus avantageuses. Dans les couloirs du ministère des Affaires étrangères, un conseiller glisse que « la crédibilité des indicateurs publiés cette année sera déterminante dans la renégociation de certains accords de prêt ».
Loin de se limiter à un exercice comptable, la présentation du rapport 2024 ancre le Congo-Brazzaville dans un dialogue technique et politique où la transparence statistique devient atout de négociation. Entre prudence méthodologique et détermination réformatrice, Brazzaville entend capitaliser sur ces résultats pour renforcer sa position auprès des marchés et consolider sa stature de partenaire fiable dans la mise en œuvre de l’Agenda 2063 de l’Union africaine.