Une feuille de route 2022-2026 au cœur des échanges
À l’abri des lambris du ministère de la Coopération internationale, la rencontre du 5 août entre Denis Christel Sassou Nguesso et Adama Dian-Barry a pris des allures de séance de travail stratégique. Le ministre, dont le portefeuille place la diplomatie économique au rang de priorité nationale, a souhaité « une articulation précise des interventions du Pnud avec les axes du Plan national de développement », confie un conseiller présent. Ce document de planification, qui guide l’action publique jusqu’en 2026, réclame selon lui « une agence multilatérale capable d’en assurer la cohérence territoriale ». Le Pnud, à travers son offre de conseil, entend répondre à cette exigence par un appui méthodologique et budgétaire calibré sur les ressources disponibles du Congo, afin d’éviter la dispersion des initiatives.
Innovation et jeunesse, pivots du partenariat
Les interlocuteurs ont insisté sur le ciblage d’une jeunesse majoritairement rurale, où se niche un potentiel souvent sous-exploité. Le programme « Années de la jeunesse » piloté par le gouvernement devient ainsi le laboratoire d’expérimentations du Pnud : incubateurs d’entreprises vertes à Makoua, fablabs itinérants pour l’auto-formation aux métiers du numérique ou encore micros-réseaux solaires hybrides dans les districts enclavés de la Cuvette-Ouest. « L’innovation n’est pas un luxe, c’est un raccourci vers la compétitivité », observe Mme Dian-Barry, soulignant que la transformation digitale doit réduire la fracture territoriale et non la creuser. L’option répond également à la feuille de route du Président de la République qui fait du capital humain un levier central de diversification économique.
L’urgence sociale et sanitaire au centre des priorités
Si la croissance inclusive reste la boussole, le ministre n’a pas éludé la persistance de marqueurs sociaux préoccupants, à commencer par la prévalence du VIH et de la tuberculose. Le Pnud renforce déjà les capacités d’achat du Fonds national de lutte contre le sida et appuie le déploiement du système d’information sanitaire unique, appelé à fiabiliser les données épidémiologiques. « La crise sanitaire mondiale a rappelé l’importance de structures de santé résilientes, nous accompagnons le Congo dans cette mutation », précise la représentante onusienne. En parallèle, un programme de filets sociaux, co-financé par la Banque mondiale, verra son champ territorial élargi grâce aux expertises croisées du Pnud et de l’UNICEF pour toucher les ménages vulnérables hors des grands centres.
Cap sur l’Agenda 2030 et la diplomatie du développement
Au-delà des projets, les deux institutions veulent inscrire leur coopération dans ce que plusieurs analystes qualifient de « diplomatie du développement ». En clair : faire de la mise en œuvre des Objectifs de développement durable un vecteur de rayonnement régional. Brazzaville abritera fin novembre un forum des partenaires techniques et financiers consacré aux solutions innovantes de financement climatique. Pour Denis Christel Sassou Nguesso, cette rencontre illustrera la volonté congolaise de « mobiliser la communauté internationale autour d’une vision pragmatique et partagée ». Le Pnud, de son côté, y voit l’occasion de tester la pertinence de nouveaux mécanismes, à l’instar des obligations vertes libellées en XAF. Avec ces convergences, la prochaine revue conjointe du Pnd annoncée pour le premier trimestre 2025 devrait, selon un expert indépendant, offrir « un tableau de bord fiable des avancées et des ajustements à opérer ».