Une artère stratégique pour Talangaï et au-delà
Des milliers d’usagers empruntent chaque jour la route reliant Ngamakosso et Manianga au cœur de Talangaï, sixième arrondissement de Brazzaville. Elle constitue la deuxième sortie nord de la capitale, canal vital pour les échanges avec les districts du Pool et du plateau batéké.
Sa position la rend indispensable aux transporteurs venant du nord du pays, qui acheminent marchandises agricoles et passagers vers les marchés de la capitale. C’est également le principal accès pour les habitants des collines périphériques scolarisés ou employés dans le centre-ville.
Dégradations accélérées par les pluies saisonnières
Les premières averses d’octobre ont fait surgir une succession de nids-de-poule transformés en véritables flaques. À l’arrêt Général « Blaise Adoua », la couche de roulement posée il y a quelques mois se craquelle déjà, laissant apparaître le sable rouge sous-jacent.
À Ngamakosso, près de l’arrêt « Église », l’asphalte ressemble par endroits à un damier où des pavés descellés alternent avec des crevasses. Les eaux pluviales stagnent, fragilisant encore davantage le corps de la chaussée et compliquant le passage des véhicules.
Transporteurs et usagers confrontés à un casse-tête
Face aux ornières, de nombreux chauffeurs de taxis préfèrent raccourcir leur itinéraire et terminent leur course avant le secteur endommagé. Les passagers doivent alors poursuivre à pied, ou négocier un « demi-terrain » dans un minibus dont le tarif grimpe parfois de moitié.
Les motocyclistes, très utilisés dans la zone, slaloment entre les flaques mais s’exposent au dérapage, surtout de nuit. Les piétons se rabattent sur les trottoirs, obligeant les vendeurs ambulants à libérer l’espace et transformant les accotements en couloirs encombrés.
Conséquences économiques pour les quartiers périphériques
Les commerçants du marché de Ngamakosso constatent une baisse de fréquentation depuis le début des pluies. « Les camions de vivres arrivent plus tard et repartent à vide parce que la route fait peur », explique Mireille, vendeuse de produits maraîchers, en réajustant des paniers presque intacts.
Pour les ménages, la hausse des frais de transport rogne le budget alimentaire. Un employé d’une société de gardiennage confie consacrer désormais le tiers de sa paie mensuelle aux déplacements entre Talangaï et le centre-ville, au détriment des dépenses scolaires.
L’action publique et les projets de réhabilitation
Le service municipal de la voirie multiplie les inspections depuis début octobre. Selon un technicien rencontré sur le tronçon, un rapport de diagnostic détaillé a été transmis à la direction générale des grands travaux, en vue d’un programme de reprise « avant la fin de la petite saison sèche ».
Du côté du ministère des Travaux publics, une source assure que des fonds issus du partenariat entre l’État et la Banque de développement des États d’Afrique centrale sont destinés à la réhabilitation des sorties nord, y compris la portion Ngamakosso-Manianga, priorité jugée « socialement sensible ».
En attendant la validation budgétaire, la mairie a lancé une opération d’urgence consistant à combler les creux les plus profonds avec du latérite compactée. L’initiative, entamée à l’arrêt « Claudia », vise à stabiliser temporairement la chaussée et sécuriser la rentrée scolaire.
Espoirs et résilience des habitants
Adrien, élève au lycée Antonio Agostinho Neto, parcourt chaque matin près d’un kilomètre pour trouver un bus côté marché. « Je m’organise, cela me fait faire du sport », relativise le jeune homme, confiant que la réparation annoncée allégera le quotidien des élèves.
Mère de quatre enfants, Thérèse traverse deux fois la voie avec sa progéniture. « Les agents de la police de la route nous aident souvent à traverser. J’espère que les travaux permanents ne tarderont pas », affirme-t-elle, saluant les patrouilles installées aux heures de pointe.
À Manianga, des jeunes volontaires bouchent certains nids-de-poule avec des blocs de béton collectés sur des chantiers voisins. Leur initiative spontanée, relayée sur les réseaux sociaux locaux, illustre la solidarité communautaire qui s’exprime en période de fortes pluies.
Une route clé pour l’intégration urbaine
Longue de moins de cinq kilomètres, la portion concernée apparaît modeste sur la carte, mais elle relie plusieurs bassins d’habitat aux zones d’activités du nord de Brazzaville. Sa réhabilitation renforcerait la fluidité autour du boulevard de l’Unité et désengorgerait l’avenue de la Paix.
Elle offrirait également un itinéraire de délestage en cas d’incident sur la nationale 2, très fréquentée par les camions venant d’Oyo, Makoua et Owando. Les opérateurs logistiques y voient une assurance pour la continuité de la chaîne d’approvisionnement des marchés urbains.
Vers un calendrier de travaux concerté
Une réunion technique associant mairie, direction départementale de l’équipement et représentants de transporteurs est envisagée pour arrimer l’intervention aux pics de trafic et limiter les coupures. Les associations de quartier demandent qu’un dispositif d’information temps réel accompagne le chantier pour rassurer les riverains.
Les experts estiment que des travaux par tronçons, alternant pose de pavés drainants et revêtement bitumineux renforcé, permettraient de contenir les coûts tout en améliorant la durabilité. La livraison progressive s’accorderait avec l’engagement gouvernemental d’assurer une mobilité sûre et inclusive.
D’ici là, la prudence reste de mise. Les autorités rappellent les règles de limitation de vitesse à 30 km/h sur la zone en travaux et encouragent le covoiturage pour réduire l’affluence, gage d’une sécurité accrue pour tous.
