L’Afrique : Présence épisodique dans l’espace médiatique international
Dans le paysage médiatique occidental, l’Afrique semble jouer une partition limitée, attentivement mise en lumière lors des crises socio-politiques ou humanitaires qui frappent le continent. Cette dynamique est particulièrement visible lorsque des drames, tels que des famines, des conflits ou des pandémies, sévissent. Or, en dehors de ces périodes souvent tragiques, le continent, riche de sa diversité culturelle et géographique, devient étrangement silencieux aux yeux des médias internationaux.
Un biais historique dans la hiérarchisation de l’information
La hiérarchisation de l’information, enseignée dans les écoles de journalisme occidentales, repose sur une proximité géographique et culturelle avec le public ciblé. Cette approche eurocentriste contribue à marginaliser les événements africains, perçus comme périphériques. En conséquence, des événements significatifs comme les élections au Nigeria reçoivent une couverture disproportionnellement faible comparée aux scrutins occidentaux, malgré leur importance géopolitique marquée.
Le prisme du chaos : un stéréotype persistant
L’image de l’Afrique diffusée par les médias occidentaux reste souvent saturée de récits de chaos et d’instabilité. Ce prisme trouble la perception de ses réalisations économiques et sociales. En 2024 par exemple, plusieurs économies africaines figuraient parmi les plus dynamiques au monde, selon la Banque africaine de développement. Pourtant, ces réussites peinent à se frayer un chemin dans l’actualité internationale, souvent éclipsées par la litanie des crises.
Une cartographie médiatique à rééquilibrer
Le fonctionnement des médias occidentaux est tributaire de grandes agences de presse concentrant l’attention sur certaines régions du globe au détriment d’autres. Cette centralisation crée un « effet tunnel » où l’Afrique apparaît sous un jour simplifié, souvent dramatisé. La voix de journalistes tels que Marc-Alexis Roquejoffre appelle à une redéfinition des priorités éditoriales et à l’intégration de perspectives africaines plus authentiques et diversifiées.
Décoloniser le regard médiatique
Un nombre croissant de journalistes et penseurs africains réclament une « décolonisation du regard ». Cette approche appelle à illustrer l’Afrique dans toute sa complexité et non à travers le seul prisme du malheur. Les récits doivent embrasser la multiplicité des réalités africaines, des réussites économiques aux innovations sociales. Le changement de paradigme est crucial non seulement pour les rédactions occidentales, mais aussi pour les voix africaines participant à ce dialogue médiatique.
Vers une justice médiatique : un levier pour le dialogue
L’évolution médiatique vers un récit plus juste et nuancé de l’Afrique pourrait jouer un rôle clé dans le renforcement du dialogue entre le Nord et le Sud. En favorisant une couverture équilibrée, les médias peuvent contribuer à réduire les ressentiments provoqués par des représentations souvent considérées comme caricaturales et méprisantes par les Africains eux-mêmes. Ce changement de cap est essentiel pour rétablir une confiance et un respect mutuel sur la scène internationale.