L’héritage persistant de l’apartheid dans l’éducation
Plus de trois décennies après la chute du régime de l’apartheid en Afrique du Sud, le panorama éducatif continue d’être profondément marqué par les inégalités séculaires. L’insécurité endémique dans les townships, qualification englobante pour des quartiers où règnent violence et précarité, force certains parents à inscrire leurs enfants dans des écoles autrefois réservées à la minorité blanche. Ce phénomène complique davantage la lutte pour un système éducatif égalitaire, dans un pays qui reste profondément marqué par son histoire.
Un choix dicté par la violence et l’insécurité
Les salles de classe des townships proches du Cap, l’une des villes les plus emblématiques d’Afrique du Sud, sont régulièrement le théâtre de violences orchestrées par des gangs. Désarmés face à ce fléau, les parents n’ont d’autre choix que de risquer de longs trajets pour envoyer leurs enfants dans des écoles mieux protégées. Une situation récurrente, exacerbée par le dilemme de Sibahle Mbasana, qui a expliqué à la BBC les pressions quotidiennes auxquelles sont confrontés ses fils à Khayelitsha. ‘Chaque jour, je vis dans la crainte constante pour leur sécurité’, confie-t-elle.
Déracinement scolaire et long périple quotidien
La décision de transférer des enfants dans des écoles éloignées n’est pas sans conséquence. Les trajets quotidiens peuvent atteindre 80 kilomètres, et commencent dès potron-minet, affectant durement leur bien-être et leur capacité de concentration en classe. Le cas dramatique de Lifalethu, qui fit scandale lorsqu’il dut rentrer seul à pied, dénonce les aléas de cette vie ‘nomade’, où l’éducation devient une aventure risquée plus qu’un droit inaliénable.
Persister des inégalités malgré les promesses
Une analyse d’Amnesty International souligne que l’Afrique du Sud héberge encore l’un des systèmes éducatifs les plus inégalitaires au monde. Si les écoles publiques reçoivent des subventions étatiques, elles demeurent tributaire des contributions des parents pour pallier les déficits de financement. L’affaire devient plus complexe si l’on considère les disparités géographiques et raciales marquées, exacerbant les tensions sociales latentes.
L’enseignement en prise avec la réalité économique
Face aux réalités économiques délétères, les écoles des quartiers défavorisés souffrent du manque criant de moyens. Les récentes coupes budgétaires n’épargnent d’ailleurs pas l’éducation, alors que ces établissements, déjà précaires, subissent un fardeau supplémentaire. Les enseignants, exténués et mal payés, luttent pour assumer leurs missions pédagogiques face à des classes surchargées, brisant ainsi toute perspective d’épanouissement individuel et freinant la transformation sociale espérée depuis l’ère Mandela.