Une tournée ministérielle au pas de charge
Le 9 juillet, le ministre de l’Assainissement urbain, du Développement local et de l’Entretien routier, Juste Désiré Mondelé, a sillonné les principaux chantiers domaniaux de Pointe-Noire. Du marché central du premier arrondissement Emery-Patrice-Lumumba au marché de la Paix dans le troisième arrondissement Tié-Tié, l’autorité gouvernementale a confirmé devant la presse que le chronogramme arrêté en Conseil des ministres est respecté « à la lettre ». L’allure des travaux, jugée « franchement surprenante », témoigne, selon lui, de « l’efficacité de la coordination entre maîtrise d’ouvrage publique, entreprises privées et collectivités locales ». Ses propos, relayés par l’Agence congolaise d’information, soulignent une volonté assumée de faire de Pointe-Noire un laboratoire de la modernisation urbaine congolaise.
Le marché central de Lumumba, pivot de la requalification urbaine
Construit sur l’emplacement du mythique « grand marché », le complexe Lumumba se présente comme un édifice de type R+2 doté d’environ 5 000 emplacements marchands, d’espaces réfrigérés, de restaurants et d’un supermarché. Réalisé par la société italienne Franco Villarecci, le chantier affiche un taux d’achèvement dépassant les 80 %. Les caniveaux élargis, les regards d’assainissement renforcés et les voies carrossables ponctuent désormais le site. Pour le ministre, cette configuration matérialise « la transition d’un modèle informel vers une économie de marché structurée ». Les commerçants, appelés à quitter les installations provisoires du site de la foire, entrevoient une amélioration tangible des conditions sanitaires et sécuritaires, souvent pointées du doigt par les organisations de consommateurs.
Le marché de la Paix, second poumon commercial de la ville océane
À moins de trois kilomètres, le marché de la Paix prend forme à un rythme que Juste Désiré Mondelé dit n’avoir « jamais observé en pareille période ». L’avancée des travaux depuis sa précédente visite, il y a deux mois, illustre une mobilisation sans faille des équipes techniques. Des dalles précontraintes aux charpentes métalliques, la constitution du gros œuvre accélère l’espoir d’une livraison partielle avant la fin de l’année. L’ouvrage, pensé pour absorber une clientèle à la croissance démographique soutenue, permettra de désengorger les abords du marché de l’OCH et de libérer des axes routiers stratégiques, améliorant la fluidité urbaine tant recherchée par les autorités municipales.
Externalités positives pour l’économie locale
Au-delà de la simple construction, ces infrastructures sont appelées à redessiner le tissu socio-économique de Pointe-Noire. Le ministère évalue à près de 3 000 les emplois directs et indirects générés par les deux chantiers. Le secteur du BTP bénéficie d’un transfert de compétences par la présence d’ingénieurs italiens, tandis que les coopératives locales voient leurs carnets de commandes se remplir. Lorsqu’ils seront opérationnels, les marchés devraient accroître les recettes fiscales communales par la formalisation des transactions, consolidant la capacité budgétaire des collectivités à investir dans les services publics. Les économistes de l’Université Marien-Ngouabi estiment que la modernisation du commerce de détail pourrait ajouter 0,3 point au PIB provincial à moyen terme.
Chaîne du froid et normes sanitaires, un atout de compétitivité
Les chambres froides intégrées aux deux complexes marquent une rupture avec la gestion traditionnelle des denrées périssables. Selon le Service national d’hygiène, la prévalence des intoxications alimentaires liées à la conservation inadéquate devrait chuter de 40 % dans les cinq ans suivant l’ouverture. Cette amélioration sanitaire favorisera l’exportation de produits halieutiques vers les pays voisins, renforçant l’image de la « ville océane » comme hub logistique sous-régional. Les opérateurs privés, déjà sollicités pour la gestion déléguée des installations frigorifiques, y voient une opportunité d’investissements pérennes sécurisés par un cadre réglementaire stabilisé sous la présidence de Denis Sassou Nguesso.
Un partenariat public-privé comme modèle de gouvernance
Le financement mixte, combinant ressources budgétaires nationales et ligne de crédit extérieure, reflète la stratégie congolaise de partenariats public-privé. L’accord de performance signé avec Franco Villarecci inclut une clause de transfert progressif de compétences aux ingénieurs congolais, gage de durabilité. Les bailleurs, dont la Banque de développement des États de l’Afrique centrale, saluent un dispositif garantissant transparence et suivi indépendant. Cette architecture contractuelle, citée par le think tank Institut Émergence, pourrait être répliquée dans d’autres capitales régionales, à la faveur d’un climat des affaires que les observateurs qualifient de « plus lisible et plus prévisible » ces dernières années.
Regards diplomatiques sur une vitrine de stabilité
À l’échelle internationale, la requalification de ces espaces marchands nourrit le narratif d’un Congo-Brazzaville soucieux d’accompagner l’urbanisation galopante et de sécuriser les chaînes d’approvisionnement. Pour plusieurs chancelleries africaines accréditées à Brazzaville, ces chantiers démontrent « la capacité de l’État à tenir ses engagements en dépit des vents contraires », expression empruntée à un diplomate ouest-africain récemment en mission à Pointe-Noire. Alors que les villes côtières deviennent des points de friction pour les flux migratoires et économiques, le gouvernement congolais capitalise sur la modernité de ses marchés pour projeter une image de stabilité macro-économique. La probable inauguration avant la période des fêtes de fin d’année s’annonce déjà comme un temps fort de la diplomatie économique, invitant partenaires et investisseurs à constater in situ la transformation engagée.