À la croisée des ambitions scolaires et économiques
Dans la moiteur atlantique d’août, Pointe-Noire se donnera des allures de campus géant. La quatrième édition du Gala des bacheliers, portée par Kima Events, ambitionne de transformer la traditionnelle célébration des résultats du bac en un véritable forum d’insertion. Depuis son lancement en 2022, l’initiative s’est institutionnalisée, trouvant un écho favorable auprès des autorités locales, des entreprises et des familles soucieuses de voir la jeunesse prendre place dans l’économie nationale. Le Gouvernement a multiplié les signaux d’encouragement en inscrivant la problématique de l’orientation au cœur des chantiers de modernisation du système éducatif, en phase avec les objectifs du Plan national de développement.
Cette édition placée sous le thème « Comment construire une orientation efficace pour une insertion durable » se veut résolument plus ambitieuse, tant par la densité du programme que par la diversité des intervenants. Les organisateurs misent sur un maillage inédit entre établissements d’enseignement supérieur, acteurs privés et partenaires internationaux pour ouvrir le champ des possibles à des milliers de nouveaux diplômés.
Une plateforme d’orientation désormais incontournable
Les chiffres parlent d’eux-mêmes : en trois ans, la fréquentation a plus que doublé, passant d’une centaine de participants lors de la première édition au musée Cercle africain, à près d’un demi-millier l’an dernier sur le site de Canal Olympia Mpita. « La 4ᵉ édition a beaucoup évolué avec un contenu étoffé qui permet à chaque acteur de se retrouver », précise Ruth Gychelle Mbongo, présidente du comité d’organisation. Panels sectoriels, foire des métiers, ateliers de rédaction de CV et séances de coaching en leadership composent un programme qualifié de « 360° » par Laetitia François Yola, cheffe de projet. Cette dernière insiste sur l’élargissement aux filières émergentes : économie verte, numérique, métiers maritimes ou encore industries créatives, domaines où la demande de compétences croît en silence mais sûrement.
Le succès de l’événement repose également sur la relation de confiance tissée avec les entreprises pétrolières, logistiques et financières qui animent la côte atlantique. Leur présence renforce le volet pragmatique des échanges et consolide le message d’un partenariat public-privé jugé indispensable à la diversification de l’économie congolaise.
Une caravane scolaire révélatrice des défis structurels
En amont du Gala, la caravane d’orientation sillonne depuis plusieurs mois les lycées de la ville-océan. Cette immersion a permis de dresser un état des lieux lucide. Omri Salomon, coordonnateur général, relève une « communication administrative encore trop verticale » ainsi qu’une méconnaissance des programmes post-bac. À cela s’ajoute une rivalité interuniversitaire que les organisateurs souhaitent transformer en complémentarité. La proposition de créer une « communauté des écoles de Pointe-Noire » vise à mutualiser les informations et à fluidifier le dialogue entre second degré, universités et entreprises.
Ces observations rejoignent les diagnostics formulés par plusieurs études nationales soulignant la nécessité d’un accompagnement continu de l’élève, de la troisième à la licence, afin de réduire l’écart entre compétences acquises et attentes du marché. Le Gala se fait donc laboratoire de bonnes pratiques, un rôle que saluent de nombreux proviseurs, conscients que l’orientation ne saurait être uniquement l’affaire de la famille ou de l’État, mais un effort concerté.
Une programmation dense pour une insertion durable
Du 4 au 8 août, la table ronde inaugurale donnera le ton, avant de céder la place à une succession de panels ciblés : finance inclusive, logistique portuaire, santé publique, transition énergétique ou encore artisanat. Chaque session associera experts, responsables ministériels et jeunes diplômés, selon un format interactif qui a fait ses preuves. Les ateliers pratiques consacrés à la confiance en soi, à la prise de parole ou à la culture entrepreneuriale traduisent la volonté d’aborder l’employabilité sous l’angle des savoir-être, en complément des savoir-faire.
Le point d’orgue restera la soirée de gala du 8 août, qui couronnera les lauréats les plus engagés. Au-delà des récompenses symboliques, l’objectif est de mettre en lumière des trajectoires inspirantes, de celles qui créent un effet d’entraînement dans les quartiers. Dans un contexte sous-régional où la jeunesse représente plus de 60 % de la population, l’enjeu dépasse largement la célébration annuelle : il s’agit de structurer un véritable écosystème d’orientation, capable d’absorber les milliers de nouveaux bacheliers que le système éducatif congolais forme chaque année.
Cap sur l’avenir : une responsabilité partagée
À la veille de cette 4ᵉ édition, le sentiment général est celui d’un optimisme lucide : l’engagement institutionnel est réel, le secteur privé expose de nouvelles passerelles et la société civile, représentée ici par Kima Events, joue pleinement son rôle de catalyseur. La dynamique ainsi enclenchée correspond à l’esprit de la Constitution qui fait de l’éducation et de la formation un droit fondamental et une priorité nationale.
Le Gala des bacheliers se positionne dès lors comme un outil complémentaire aux réformes initiées par les pouvoirs publics pour moderniser l’enseignement supérieur et encourager l’entrepreneuriat des jeunes. À Pointe-Noire, plaque tournante énergétique et logistique, l’événement s’inscrit même comme un laboratoire grandeur nature des politiques d’insertion professionnelle. Si la route reste longue, la multiplication d’initiatives de ce type témoigne d’une volonté collective de hisser la jeunesse congolaise à la hauteur des défis – et des opportunités – d’un continent en pleine mutation.