Un rendez-vous culturel à Oyo
Le 18 octobre prochain, les lampions se braqueront sur Oyo, chef-lieu du département de la Cuvette, pour la deuxième édition de la soirée Warriors 2.0. La petite ville espère attirer plusieurs centaines de mélomanes venus de Brazzaville, d’Owando et des localités voisines.
Portée par l’agence 10 novembre Events, l’initiative entend inscrire Oyo sur la carte des festivals régionaux en misant sur la musique urbaine congolaise. « Nous voulons montrer qu’il se passe aussi des choses hors des capitales », explique le coordonnateur Jeandy Odimba.
Petit Fally, la révélation de Kinshasa
Petit Fally, de son vrai nom Fally Moke, a vu le jour à Kinshasa et a grandi dans les rues bouillonnantes de Lemba. Autodidacte, il s’est fait remarquer en postant des freestyles en lingala sur les réseaux sociaux avant de franchir la frontière.
Il compte aujourd’hui trois albums studio. D’abord Échos d’Afrique sorti en 2020, puis Rythmes du fleuve en 2022 et enfin Identité paru début 2024. Ce dernier opus, salué par la critique, révèle une plume plus mûre et un regard social affûté.
Un programme pensé pour la jeunesse
À Oyo, l’artiste promet une set-list taillée pour faire vibrer la jeunesse. Les titres Nzoto na nzoto, Mobali ya bolingo, Libanga ya vie et Tika nga na vivre devraient rythmer la scène, aux côtés de morceaux encore inédits, enregistrés cet été à Kinshasa.
La soirée s’ouvrira par une performance mêlant danse urbaine et slam, reflet des influences variées qui irriguent la culture congolaise. Un espace VIP Black proposera cocktail, séance photo et échanges privilégiés avec l’artiste, tandis qu’un bar géant sera dressé pour le grand public.
Des stands de créateurs locaux présenteront bijoux, pagnes et accessoires up-cyclés, tandis que de petites gargotes serviront saka-saka, mouamba de poulet et autres classiques. Après le concert, un duo de DJs maintiendra la température jusqu’à minuit, histoire de prolonger l’ambiance.
Des collaborations qui élargissent son public
Depuis deux ans, Petit Fally multiplie les featuring pour étendre sa portée. Le remix de Libanga avec Gaz Mawete fut un hit sur les playlists d’Afrique centrale, tandis que Mboka na biso, partagée avec Innoss’B, a franchi la barre symbolique du million de vues.
L’année dernière, il apparaissait sur AfroVibes Central 2023 aux côtés de Ckay, Tayc ou Yemi Alade. Pour le sociologue de la musique Freddy Mayemba, ces collaborations « créent des ponts entre les jeunesses africaines et contribuent à la circulation des langues et des sonorités ».
Des récompenses qui renforcent son aura
Le talent n’est pas resté sans récompenses. En 2021, les Congo Music Awards lui ont décerné le Prix du meilleur espoir masculin, avant qu’il ne décroche, en 2023, le trophée de la meilleure performance live au festival Ndule ya mboka organisé à Kinshasa.
Début 2024, Petit Fally entrait pour la première fois dans la sélection des prestigieux Afrima, catégorie Artiste francophone de l’année. Même s’il n’a pas remporté la statuette, la nomination a confirmé une notoriété désormais continentale, capable d’attirer la presse spécialisée à Oyo.
Impact espéré sur la scène locale
Pour les commerçants d’Oyo, l’événement représente une opportunité rare. Les hôtels affichent déjà un taux de réservation supérieur à 70 %, selon l’antenne départementale du tourisme, et les associations de mototaxis prévoient un renforcement des navettes entre la gare routière et le site.
« Les retombées économiques peuvent être importantes si nous accueillons bien les visiteurs », estime Dany Mouandza, président du collectif des restaurateurs locaux. Il compte proposer un menu spécial poissons du fleuve, convaincu que la gastronomie reste un atout pour fidéliser les spectateurs.
Les autorités locales accompagnent la démarche. La mairie a mobilisé un service d’ordre composé de policiers et de volontaires afin de fluidifier la circulation. Une unité mobile de la santé publique vérifiera le respect des mesures d’hygiène sur les stands alimentaires, le tout dans une ambiance conviviale.
Côté billetterie, les premiers pass se sont écoulés en moins de 48 heures sur la plateforme digitale de l’organisateur. Un ticket standard coûte 5 000 francs CFA, l’espace VIP Black 25 000. Des points de vente physiques, notamment au marché central, complètent la distribution.
La billetterie en ligne montre déjà un taux d’achat à l’international de 15 %, notamment depuis la France, le Canada et l’Afrique du Sud.
L’équipe de 10 novembre Events assure aussi un volet environnemental. Des poubelles de tri sélectif seront visibles autour du site et des gobelets réutilisables sont proposés en caution. « Faire la fête n’exclut pas de protéger notre cadre de vie », rappelle la chargée logistique Marie Loubelo.
Au-delà du live, Petit Fally compte capitaliser sur le streaming. Un enregistrement haute définition sera diffusé sur YouTube quelques jours après le show, accompagné d’un mini-documentaire tourné dans les rues d’Oyo, pour donner à la diaspora un aperçu de l’atmosphère locale.
Entre la République du Congo, qui accueille l’événement, et la RDC dont il est originaire, l’artiste incarne une passerelle culturelle. Son passage à Oyo illustre la vitalité d’une musique qui abolit les frontières du fleuve et rappelle l’unité possible par les arts.