Un financement calibré pour la réforme de l’État
À l’issue d’une session extraordinaire tenue à Brazzaville, le comité de pilotage du Programme accélérer la gouvernance institutionnelle et les réformes pour un fonctionnement durable des services a entériné une enveloppe de 3 592 708 350 FCFA pour l’exercice 2025. Soutenue par la Banque mondiale, cette allocation vise à consolider la mobilisation des ressources intérieures et la qualité des dépenses publiques, deux chantiers stratégiques pour un pays qui entend conjuguer résilience budgétaire et ambitions de développement. L’augmentation de 17 % par rapport à la prévision initiale traduit la volonté des autorités de maintenir un rythme de réforme soutenu malgré un contexte international volatile.
L’élargissement du périmètre d’action du Pagir
La révision à la hausse du budget répond à l’intégration de nouveaux axes de travail sollicités par le ministère de l’Économie, du Plan et de l’Intégration régionale. Figurent désormais parmi les priorités la refonte de la charte d’investissement, les études préalables au Plan national de développement 2027-2031, ainsi que l’élaboration d’un manuel pays des procédures pour la gestion des projets financés par la Banque mondiale. L’appui au recrutement des équipes des unités de gestion de projets parachève cet élargissement. En ouvrant son champ d’intervention au-delà de la stricte réforme budgétaire, le Pagir se positionne comme un levier transversal capable d’accompagner la modernisation de l’État et l’attraction d’investissements à long terme.
Le rôle stratégique du comité de pilotage
Présidée par le conseiller spécial du Premier ministre chargé de la gouvernance, du dialogue économique et de la lutte contre la corruption, cette session a rappelé le rôle cardinal du comité de pilotage : arbitrer les priorités, valider les indicateurs et suivre l’exécution des marchés publics dans le cadre du financement axé sur les résultats (PforR). L’approche repose sur un dialogue permanent entre les ministères sectoriels, la cellule technique du programme et les partenaires au développement. « Notre exigence est double : garantir la cohérence des réformes et produire des résultats mesurables », a souligné Gervais Bouiti Viaudo, insistant sur l’importance d’une gouvernance fondée sur la recevabilité et la transparence.
Diversification économique et consolidation budgétaire
Le Congo-Brazzaville poursuit résolument la diversification de son économie, longtemps tributaire des hydrocarbures. En finançant la révision de la charte d’investissement, l’exécutif souhaite renforcer la sécurité juridique et l’attractivité du climat des affaires. Les réformes soutenues par le Pagir permettent de rationaliser la dépense publique, condition préalable à l’orientation de nouvelles ressources vers les secteurs sociaux. Santé, éducation et protection sociale demeurent au cœur du dispositif, conformément à la feuille de route conjointe État-Banque mondiale. Les partenaires internationaux saluent, pour leur part, le choix d’une approche graduelle, privilégiant la consolidation budgétaire plutôt que l’austérité, afin de préserver le tissu socio-économique.
Cap sur 2025 : indicateurs de performance et attentes
D’ici à la prochaine revue indépendante, les équipes techniques devront démontrer la progression de plusieurs indicateurs clés : taux d’exécution budgétaire, part des marchés publics passés selon les normes internationales, délais de paiement des fournisseurs et taux de recouvrement fiscal hors pétrole. Les autorités congolaises, conscientes des tensions budgétaires globales, investissent simultanément dans la digitalisation des procédures pour limiter les goulots d’étranglement administratifs. La Banque mondiale, de son côté, lie le décaissement des tranches ultérieures à la matérialisation des résultats, une incitation jugée vertueuse par les experts. À terme, le succès du Pagir pourrait servir de référence régionale en matière de gouvernance publique, positionnant le Congo comme un pôle de stabilité et d’innovation institutionnelle au sein de la communauté économique d’Afrique centrale.