Un tournant institutionnel salué
Sous un ciel de saison sèche chargé de promesses, l’esplanade de l’hôtel de ville de l’arrondissement 5 a réuni, le 14 juillet, un arc-en-ciel d’acteurs politiques, administratifs et associatifs venus célébrer l’installation de Grâce Steph Antonétie Ivosso. À quarante-huit ans, l’ancienne attachée économique au ministère de l’Intérieur devient la première femme à diriger Ouenzé, territoire densément peuplé dont la vitalité démographique reflète les dynamiques urbaines de Brazzaville. L’allocution du ministre de l’Assainissement urbain, Juste Désiré Mondélé, a placé la cérémonie sous le sceau d’une « gouvernance inclusive, affranchie des clivages partisans », louant le parcours d’une administratrice « reconnue pour la diligence de son service public » (ACI).
La symbolique d’un miroir sociétal
En intronisant une femme à la tête d’une mairie historiquement dirigée par des hommes, les autorités congolaises envoient un signal de modernité à la communauté internationale. À l’heure où l’Union africaine encourage la parité dans les institutions locales, la municipalité de Ouenzé se place en éclaireur. La population, majoritairement jeune, perçoit cette nomination comme la matérialisation d’un contrat social renouvelé : celui qui associe plus étroitement femmes et nouvelles générations aux mécanismes décisionnels. Sur les réseaux sociaux brazzavillois, ce pas vers l’égalité est salué comme le reflet d’un « Congo qui tient compte de toutes ses forces vives », pour reprendre les mots du député Romy Oyo.
Une gestion placée sous le sceau de l’inclusion
Dès sa prise de parole, Mme Ivosso a articulé sa feuille de route autour d’une trilogie : inclusion, responsabilité, valorisation de la jeunesse. Consciente des attentes pressantes liées à l’assainissement urbain, à la sécurité routière et à la création d’activités génératrices de revenus, elle a promis « une mairie proche de ses administrés, soucieuse de rendre compte ». L’organigramme municipal – 136 agents dont 80 relevant de services déconcentrés – constitue un laboratoire où elle entend instaurer de nouveaux standards de performance publique, en favorisant la formation continue des cadres et en rationalisant les procédures budgétaires. Les observateurs estiment que cette approche participative pourrait renforcer la capacité de l’arrondissement à attirer des financements de partenaires techniques, notamment dans les secteurs de l’hygiène et du cadastre.
Synergie renforcée entre pouvoir local et État central
La convergence d’objectifs entre la nouvelle édile et le gouvernement s’inscrit dans une tradition congolaise de coopération verticale. Juste Désiré Mondélé a rappelé que « la municipalité demeure la cheville ouvrière de la politique nationale d’urbanisation », appelant à une articulation fluide entre plans locaux et schémas directeurs de l’État. Dans les faits, l’arrondissement 5 constitue un banc d’essai pour la décentralisation fonctionnelle défendue par Brazzaville : les projets d’éclairage public et de pavage des artères secondaires seront menés en synergie avec le ministère des Finances, tandis que les programmes de sécurité communautaire s’adosseront au Commissariat de proximité. Cette approche intégrée vise à accroître la résilience urbaine sans compromettre l’équilibre budgétaire.
Portée régionale d’une nomination exemplaire
Au-delà des frontières de Ouenzé, la trajectoire de Grâce Steph Antonétie Ivosso s’inscrit dans une dynamique continentale où le leadership féminin émerge comme facteur de stabilité institutionnelle. Dans les enceintes diplomatiques de Kinshasa à Addis-Abeba, l’exemple brazzavillois alimente les réflexions sur la gouvernance locale en Afrique centrale. Pour les bailleurs multilatéraux, il illustre la volonté congolaise de consolider le triptyque cohésion sociale, représentativité et efficacité. La cérémonie du 14 juillet, largement médiatisée, aura finalement associé le rituel républicain au message géopolitique : l’État congolais réaffirme sa détermination à promouvoir une administration de proximité capable d’intégrer toutes les composantes de la société. Aux yeux des diplomates, cet ancrage d’un leadership inclusif constitue un vecteur de crédibilité et une invitation à renforcer les coopérations techniques avec Brazzaville.