Brazzaville se pare d’orange pour la Journée OMS
Le 17 septembre 2025, la capitale congolaise a accueilli la Journée mondiale de la sécurité des patients, orchestrée par le Bureau régional de l’Organisation mondiale de la Santé pour l’Afrique. Le siège brazzavillois de l’agence s’est habillé d’une intense lumière orange.
Ce coloris officiel de la commémoration a symbolisé une solidarité internationale en faveur de soins plus sûrs, accessibles et centrés sur la personne. Dans la cour, responsables sanitaires, agents de santé, journalistes et partenaires ont affiché un même mot d’ordre : protéger chaque patient, sans exception.
La sécurité des patients, un devoir partagé
Le ministre congolais de la Santé a rappelé, micro en main, que la confiance du public repose sur la qualité et la sûreté des actes médicaux. « Ce chantier engage notre responsabilité collective », a-t-il déclaré, saluant le rôle d’aiguillon joué par l’OMS.
Dans son intervention principale, le Dr Mohamed Janabi, Directeur régional, a insisté sur le caractère moral et professionnel de la cause. Selon lui, chaque erreur évitable est « un drame pour la famille et un avertissement pour l’ensemble du système sanitaire africain ».
Focus sur les nouveau-nés et les enfants
Le thème 2025, « Des soins sûrs pour chaque nouveau-né et chaque enfant », positionne les plus jeunes au centre de la vigilance. L’OMS rappelle que les unités de soins intensifs néonatals sont des environnements critiques où la moindre défaillance peut compromettre une vie en gestation.
Les nouveau-nés et les nourrissons prématurés cumulent des risques, entre infections et erreurs de médication. « Ce sont des vies que nous pouvons et devons sauver », martèle le Dr Janabi, soulignant que chaque protocole respecte désormais le principe zéro compromis sur la sécurité.
Des chiffres qui alertent la région
D’après des études reprises durant la cérémonie, dans les pays à revenu faible ou intermédiaire, 60 % des décès maternels et 56 % des décès néonatals résulteraient d’une qualité de soins insuffisante plutôt que d’un manque d’accès pur et simple.
Ce constat place la barre haut pour les autorités sanitaires africaines, dont certaines bataillent déjà avec des ressources limitées. La démonstration souligne qu’un simple renforcement des équipements n’aboutira pas sans une culture patient-centrée imprégnant chaque geste, de la maternité rurale au bloc urbain.
Politiques nationales en mouvement
Signe encourageant, vingt-et-un pays de la Région africaine implémentent actuellement des politiques de qualité intégrant des plans d’action dédiés à la sécurité des patients. Prévention des infections, contrôle des procédures et partage d’informations figurent parmi les mesures mises en avant.
Les normes approuvées par les États membres de l’OMS améliorent déjà la prise en charge des mères, des nouveau-nés et des nourrissons malades. Pour le ministère congolais, ces outils servent de boussole aux équipes hospitalières nationales engagées dans la quête d’un label qualité.
Un engagement appelé à durer
Depuis 2019, la Journée mondiale de la sécurité des patients fédère gouvernements, professionnels et citoyens autour d’un objectif clair : zéro préjudice évitable. À Brazzaville, les intervenants ont réaffirmé leur volonté de maintenir la pression bien au-delà de la date commémorative.
Dans cette optique, le bureau de l’OMS propose d’intensifier les formations, d’étendre les audits cliniques et de publier des rapports d’étape réguliers. « La transparence crée la confiance », note un cadre du programme qualité, convaincu que le suivi public stimule les améliorations concrètes.
La délégation ministérielle congolaise envisage pour sa part de renforcer la surveillance des indicateurs dans les hôpitaux généraux, en lien avec les conseils départementaux de santé. Un plan national de promotion de la culture sécurité pourrait voir le jour, soutenu par les partenaires techniques.
Pour les pédiatres présents, la cerise sur le gâteau serait l’instauration d’espaces d’écoute destinés aux parents. Recueillir les retours d’expérience, raconter ce qui a fonctionné et ce qui a dérapé, reste un levier puissant pour consolider des pratiques plus humaines.
Le message final retentit comme une invitation : chaque professionnel peut prévenir le danger, chaque citoyen peut exiger la qualité, chaque gouvernement peut ancrer la sécurité dans la loi. Sous la lumière orange, Brazzaville a rappelé que l’enjeu concerne toutes les générations.
Vers un futur plus sûr
À l’issue de la cérémonie, un groupe d’étudiants en médecine de l’Université Marien-Ngouabi a remis une pétition symbolique plaidant pour davantage de stages sur la gestion des risques sanitaires. Leur démarche a été saluée publiquement par le directeur des ressources humaines du ministère.
Les journalistes présents ont noté que l’événement, pourtant technique, a su captiver un large public grâce aux témoignages de familles ayant bénéficié d’améliorations récentes, comme l’introduction de check-lists chirurgicales. Ces récits concrets donnent chair aux statistiques et entretiennent l’élan collectif.
De son côté, la représentation de l’UNICEF a évoqué la possible mutualisation de ressources avec l’OMS afin de sécuriser les chaînes d’approvisionnement en matériel néonatal. La proposition sera discutée lors de la prochaine réunion inter-agences prévue à Nairobi, a confirmé un porte-parole.
En attendant ces échéances, l’éclairage orange de Brazzaville s’est éteint à l’aube, mais l’idée demeure : la sécurité des soins commence à la naissance et ne s’achève jamais. L’OMS, les autorités et la société civile promettent de garder ce phare bien allumé.