Une réforme au cœur de l’école technique
Renforcer la gouvernance des établissements techniques figure parmi les priorités 2025-2026 du ministère dirigé par Ghislain Thierry Maguessa Ebomé. Pour y parvenir, Brazzaville mise sur les comités de gestion des établissements scolaires, COGES, prévus par le décret du 4 juin 2025.
Trois jours d’échanges intenses à Brazzaville
Du 20 au 22 octobre 2025, près de cent acteurs publics et privés ont occupé les salles du lycée Technique 1er Mai. Inspecteurs, proviseurs, représentants de parents et partenaires financiers ont confronté leurs expériences afin de dessiner un modèle opérationnel unique pour tout le pays.
COGES, un levier de gestion participative
Les COGES associeront enseignants, parents, apprenants, collectivités locales et administrations financières dans chaque lycée ou centre professionnel. Leur mission : approuver les plans de travail annuels, suivre les budgets, valider les projets d’entretien et assurer un contrôle continu de la qualité pédagogique.
Les attentes du ministère et des partenaires
« Je souhaite voir des établissements mieux administrés et des ressources mieux orientées », a déclaré le ministre Ghislain Thierry Maguessa Ebomé à l’ouverture de l’atelier. La Banque mondiale partage cette ambition, inscrite dans le Programme accélérer la gouvernance institutionnelle et les réformes pour un fonctionnement durable des services, PAGIR.
Feuille de route avant la rentrée 2026
Les participants ont établi une séquence claire : formation des futurs membres dès janvier 2026, diffusion des guides de procédures au premier trimestre, puis installation officielle avant la prochaine rentrée académique. Un comité national de suivi supervisera l’application synchronisée dans les douze départements.
Des statuts encadrés par trois ministères
Le décret fondateur requiert une coordination entre les ministères de l’Enseignement technique, de l’Intérieur et des Finances. Cette trilogie doit garantir la conformité juridique des COGES, le transfert fluide des subventions et la responsabilisation des collectivités appelées à cofinancer certains projets d’infrastructure.
Une réponse aux défis de performance
Les bilans internes récents montrent encore des retards dans la mise à disposition de consommables, la maintenance des ateliers ou la tenue des états financiers. « Les COGES vont accélérer la prise de décision et réduire les goulots d’étranglement », estime Estelle Nzambi Nzoussi, directrice des études et de la planification.
Focus sur la transparence budgétaire
Chaque comité publiera trimestriellement un rapport simplifié exposant recettes, dépenses et indicateurs clés. Les proviseurs disposeront ainsi d’un argumentaire clair pour mobiliser de nouveaux appuis, tandis que les parents pourront suivre, en temps réel, l’utilisation des contributions volontaires.
L’apport décisif du PAGIR
Doté de 100 millions de dollars, le PAGIR accompagne la modernisation de plusieurs services publics. Pour l’éducation technique, l’enveloppe finance audits, ateliers, formations et équipements informatiques destinés à la gestion numérique des établissements. Cette approche outille durablement les personnels administratifs.
La Banque mondiale, partenaire stratégique
Selon le bureau local de l’institution, l’expérience congolaise pourrait servir de vitrine régionale. « Le pays démontre qu’une réforme ambitieuse est possible avec une gouvernance partagée », résume un conseiller délégué présent aux travaux. Brazzaville s’engage à publier des indicateurs comparables dès 2027.
La parole aux chefs d’établissement
Pour Jean-Claude Ongani, proviseur à Pointe-Noire, l’enjeu majeur reste la formation des membres : « Nous devons éviter un dispositif protocolaire. Chaque élu doit comprendre la mécanique budgétaire et le cadre légal pour agir efficacement dès la première année. »
Parents et élèves se mobilisent
Plusieurs associations de parents d’élèves saluent une « invitation concrète à la coproduction des décisions ». Du côté des apprenants, la Confédération des élèves de l’enseignement technique espère pouvoir influencer les programmes d’orientation vers les filières porteuses, notamment le numérique et la maintenance industrielle.
Innovation digitale au service des COGES
Les futurs comités testeront une plateforme en ligne développée par une start-up congolaise. Objectif : déposer PV de réunions, états financiers et demandes d’arbitrage. La solution réduira les délais de validation et archivera les documents, renforçant la traçabilité des choix stratégiques.
Financement mixte et responsabilité locale
Outre les dotations de l’État, les COGES pourront solliciter des subventions municipales ou des partenariats privés. Cette diversification des ressources doit améliorer la maintenance des équipements techniques souvent coûteux, comme les tours ou les machines CNC utilisées dans la formation industrielle.
Un dispositif en phase avec la vision PAGIR
Le PAGIR poursuit l’objectif d’un service public de qualité, réactif et centré sur les besoins des citoyens. L’installation des COGES traduit cette philosophie au niveau des lycées, où les décisions seront prises au plus près des ateliers, laboratoires et salles de cours.
Prochaines étapes et voix des acteurs de terrain
Avant la fin 2025, un arrêté précisera le format des rapports annuels et le calendrier des évaluations. Les inspecteurs académiques ont déjà intégré un module COGES à leurs visites sur site. « Le suivi et l’ajustement permanents seront la clef du succès », rappellent-ils.
Une gouvernance moderne pour former demain
En dotant les établissements techniques de COGES, le Congo-Brazzaville consolide un écosystème éducatif aligné sur les standards internationaux. Transparence, efficacité et inclusion guideront désormais la gestion quotidienne, au bénéfice des apprenants appelés à bâtir l’industrie nationale de demain.
