MMA à Brazzaville : une cage pleine d’ambition
En trois ans, les galas de Mixed Martial Arts ont quitté les salles confidentielles pour remplir le Gymnase Henri-Elende. Samedi, plus de 2 500 supporters ont applaudi l’entrée des combattants, drapeaux vert-jaune-rouge en main, preuve d’un engouement désormais massif.
La tête d’affiche, Glody “Panthère” Mabiala, a dominé le Nigérian Usman Kabiru par clé de bras dès le deuxième round, offrant au public une finition spectaculaire. « Je veux un titre africain devant ma famille », a-t-il lancé micro en main, le visage encore marqué.
Selon Armand Mabika, président de la nouvelle Ligue congolaise de MMA, l’objectif 2025 est clair : homologuer un championnat national reconnu par la Fédération internationale. « Nos athlètes ne veulent plus seulement participer, ils visent le podium continental », confie-t-il, saluant le soutien des entreprises locales.
Karaté congolais vise l’or continental
À Pointe-Noire, la sélection de karaté s’entraîne deux fois par jour en altitude simulée grâce à des tentes hypoxiques offertes par un sponsor pétrolier. L’initiative, inédite dans la sous-région, doit affûter les organismes avant les Championnats d’Afrique prévus en août à Kigali.
La capitaine Laetitia Moungoua, double médaillée d’argent en -55 kg, résume l’état d’esprit : « Nous avons souvent approché la première marche. Désormais la médaille d’or est notre seule obsession ». Le staff technique insiste sur la préparation mentale, considérée comme déterminante lors des finales.
Le ministère des Sports a confirmé la prise en charge complète du déplacement et du matériel homologué. « Chaque franc investi dans la discipline créera un effet d’entraînement chez les jeunes », indique le directeur de cabinet, rappelant que 60 % des licenciés ont moins de 18 ans.
Le judo national entre formation et podiums
Au Centre d’excellence de Kintélé, quatorze judokas s’affrontent sous la supervision du maître japonais Kenzo Sato, invité pour un stage de six semaines. Son programme met l’accent sur les fondamentaux, avec 300 répétitions de Seoi-nage par séance pour muscler la mémoire gestuelle.
Les résultats commencent à suivre : à la Coupe d’Afrique de Yaoundé, le poids lourd Roland Douna a décroché le bronze. « Je n’aurais pas tenu la distance sans le travail foncier effectué ici », affirme-t-il, le kimono encore humide.
La Fédération congolaise de judo espère convertir ces progrès en médailles aux Jeux Africains 2024. Une convention avec l’Université Marien-Ngouabi permettra dès septembre d’intégrer des filières STAPS aux cycles d’entraînement, favorisant la double carrière des athlètes.
Football : la Ligue 1 en plein sprint final
À trois journées du terme, l’AS Otohô caracole en tête avec cinq points d’avance sur Diables Noirs, grâce à un calendrier plus favorable. Les supporters affluent au stade Alphonse-Massamba-Débat, dont la pelouse hybride installée en janvier résiste enfin aux pluies saisonnières.
Steve Goma, coach d’Otohô, se veut prudent : « Le titre se construit match après match. Nous gardons la tête froide ». Les statistiques lui donnent raison : 18 victoires, 47 buts marqués pour seulement 12 encaissés, la meilleure défense du championnat.
La Ligue nationale a annoncé un bonus financier pour les trois premières équipes, financé par un nouveau contrat télévisuel. Cette manne devrait aider les clubs à maintenir leurs talents et à investir dans la formation, un point souvent souligné par les analystes.
Diables Rouges : cap sur les éliminatoires
La sélection masculine entame son rassemblement lundi à Kintélé pour préparer la double confrontation face au Togo dans le cadre des qualifications à la CAN 2025. Le sélectionneur Sébastien Migné a retenu 28 joueurs, mélange d’anciens et de néo-pros issus du centre Galaxie Sport.
Le gardien Christoffer Mafoumbi, de retour après une saison aboutie en Bulgarie, se dit enthousiaste : « L’état d’esprit est bon. La concurrence tire tout le monde vers le haut ». Un match amical contre les U23 locaux permettra de peaufiner les automatismes avant le départ pour Lomé.
La Fédération a confirmé le maintien du match retour à Brazzaville, une décision saluée par les commerçants du centre-ville qui misent sur l’afflux de supporters. Les autorités promettent un dispositif sécurisé et festif, valorisant l’image du pays à travers le sport.
Économie du sport : un marché en ébullition
Selon le cabinet Wessou Consultancy, les recettes directes des compétitions nationales ont progressé de 18 % sur un an, principalement grâce à la billetterie et aux droits télé. Le MMA pèse déjà 4 % du chiffre d’affaires, un signe de diversification bienvenue.
Les startups locales s’emparent du phénomène. L’application Billet243, qui vend des places dématérialisées, revendique 70 000 utilisateurs actifs. Son co-fondateur, Serge Mbemba, estime que « l’essor des smartphones permet à la fois de sécuriser les recettes et d’améliorer l’expérience fan ».
Les économistes prévoient que la chaîne de valeur sportive pourrait générer 10 000 emplois d’ici 2026, entre logistique, communication et équipements. Un potentiel que les pouvoirs publics entendent accompagner via des partenariats public-privé.
Perspectives et enjeux futurs
Qu’il s’agisse de tatamis, de rings ou de rectangles verts, le fil rouge reste la structuration. Les fédérations, soutenues par le ministère, multiplient les formations d’arbitres et de coaches afin d’ancrer durablement la performance.
Les observateurs rappellent toutefois l’importance de la médecine sportive et de l’entretien des infrastructures, points encore perfectibles. Des pourparlers sont en cours avec la clinique de Kintélé pour ouvrir un centre de physiothérapie dédié aux sports de combat.
Dans ce contexte, la semaine écoulée offre un aperçu d’un sport congolais dynamique, ambitieux et de plus en plus professionnalisé. Le public, lui, répond présent, transformant chaque événement en véritable fête nationale accélératrice de cohésion sociale.