Une accélération saluée des travaux de mise en production
La surprise a été de taille dans les chancelleries régionales : réunis au ministère congolais des Industries minières, les partenaires du projet Mbalam-Nabeba ont confirmé que la première coulée de minerai interviendrait dès décembre 2024. Le directeur général de Bestway-Finance, Alexandre Mbiam, a justifié cette cadence par « l’alignement optimal des ressources humaines, techniques et financières », fruit, selon lui, d’une « coordination exemplaire entre les administrations minières sœurs ». En moins de huit mois, les terrassements de la fosse pilote, la logistique portuaire temporaire et les premiers modules de traitement ont été engagés. Pour les observateurs, cette prouesse logistique conforte la réputation de la place de Brazzaville comme facilitateur de grands chantiers industriels.
Un double parrainage présidentiel source de stabilité
Le projet doit beaucoup au tandem formé par Denis Sassou Nguesso et Paul Biya. Les deux chefs d’État ont, dès 2021, élevé Mbalam-Nabeba au rang de priorité stratégique dans leurs feuilles de route de diversification économique. Cette impulsion politique se traduit par des accords bilatéraux actualisés, une doctrine douanière harmonisée et la création d’un guichet unique pour les investisseurs. « La dimension présidentielle nous offre la prévisibilité indispensable aux capitaux de long terme », confie un cadre de Sangha Mining, détenteur des permis congolais. Cette stabilité est jugée déterminante pour rassurer les bailleurs internationaux, souvent attentifs au risque souverain sur le continent.
Le corridor ferroviaire, colonne vertébrale logistique
Avec 149 kilomètres de voie ferrée côté congolais et près de 540 kilomètres vers le port en eau profonde de Kribi, le corridor Badondo-Avima-Nabeba-Mbalam est l’épine dorsale du dispositif. Les études d’impact prévoient un trafic initial de 35 millions de tonnes par an, extensible à 50 millions. Au-delà du minerai, cette infrastructure devra transporter produits agricoles et matériaux de construction, favorisant une véritable dorsale commerciale entre l’Atlantique et l’hinterland d’Afrique centrale. Selon le ministère congolais des Transports, les premiers rails seront posés « en parallèle de la montée en cadence minière », évitant ainsi un goulot d’étranglement entre production et évacuation.
Des retombées socio-économiques calibrées pour la sous-région
Les projections officielles font état de 20 000 emplois directs et indirects, dont une majorité devrait bénéficier aux populations des départements de la Sangha et de l’Est camerounais. Des centres de formation technique seront adossés aux chantiers afin d’actualiser les compétences locales aux standards de la métallurgie moderne. Par ailleurs, un fonds dédié aux collectivités frontalières sera alimenté par 1,5 % du chiffre d’affaires de la co-entreprise opératrice. Cette dotation ciblera l’accès à l’eau, la santé primaire et l’électrification rurale, autant de volets jugés essentiels pour pérenniser l’acceptabilité sociale du projet.
Un socle environnemental conforme aux exigences internationales
La multiplicité des parcs nationaux dans la zone – Odzala-Kokoua et Nki entre autres – a conduit les autorités à exiger une étude d’impact cumulative. Les premières recommandations incluent des couloirs écologiques pour la mégafaune, un plan de reboisement en fin de cycle et une station de traitement des effluents. « L’évolution du projet est satisfaisante et les protocoles environnementaux sont respectés », a souligné Awa Goga, directeur général des Industries minières. Les inspections conjointes des ministères de l’Environnement des deux pays sont annoncées pour le premier trimestre 2025, dans l’optique d’obtenir la certification ISO 14001 dès la deuxième année d’exploitation.
Un montage financier révélateur de nouvelles dynamiques sud-sud
Au cœur du montage, Bestway-Finance structure une enveloppe de 3,8 milliards de dollars combinant dette commerciale, avances sur production et emprunt obligataire vert. Le consortium d’institutions bancaires africaines mobilisées témoigne d’un glissement progressif vers des solutions de financement intra-continentales. « Il s’agit d’une forme de souveraineté économique assumée », relève un analyste de la Banque de développement des États de l’Afrique centrale, rappelant que 60 % des créances seront libellées en francs CFA. Cette architecture réduit l’exposition aux fluctuations de devises tout en ancrant la valeur ajoutée dans la région.
Gouvernance et feuille de route : la prudente confiance des parties
La rencontre du 4 juillet a débouché sur un chronogramme consolidé détaillant les jalons trimestriels jusqu’à la pleine capacité prévue pour 2027. Un comité mixte, élargi aux ministères des Finances, de l’Environnement et du Transport, suivra la mise en œuvre et publiera des notes d’information semestrielles. En filigrane, Brazzaville entend démontrer que transparence et attractivité ne sont pas antinomiques. « Tous les projets miniers ne connaissent pas un développement linéaire, mais celui-ci affiche une allure très agréable », a conclu Awa Goga. L’optimisme demeure donc de mise, nourri par une gouvernance resserrée et un réalisme économique qui, pour l’heure, font taire les plus sceptiques.