Un acte souverain polémique
L’annonce de la nationalisation de la Société des Mines de l’Air (SOMAIR) par les autorités militaires du Niger marque une nouvelle ère dans ses relations avec son partenaire européen, la France. Ce développement, rendu public le 19 juin 2025, signifie le transfert intégral des actions d’Orano, anciennement Areva, à l’État nigérien. La décision a été motivée par la volonté affichée de garantir une gestion plus responsable et pérenne du secteur stratégique de l’uranium, ressource clé pour l’économie nigérienne. Le Conseil des ministres a souligné que cette mesure assurerait une jouissance plus équitable des ressources pour les Nigériens. Néanmoins, l’annonce suscite des interrogations quant aux motivations réelles du Niger face aux tensions diplomatiques croissantes.
Les tensions franco-nigériennes au grand jour
L’initiative nigérienne intervient après une série de désaccords avec Orano, accusée par Niamey d’avoir adopté des comportements irresponsables. Ces accusations sont à replacer dans un contexte de relations détériorées après le coup d’État du 23 juillet 2023, qui a renversé le président Mohamed Bazoum, un allié de longue date de la France. En effet, le Président Emmanuel Macron s’était vivement opposé à ce putsch, rejoignant les pressions internationales, notamment de la CEDEAO, pour un retour à l’ordre constitutionnel. En retour, cette position de Paris a contribué à exacerber les sentiments anti-français au Niger, visibles par la détérioration des partenariats économiques.
Impact économique et géopolitique
La nationalisation de la SOMAIR est symptomatique des défis économiques et géopolitiques modernes auxquels font face les nations riches en ressources. Pour le Niger, troisième producteur mondial d’uranium, cette ressource stratégique représente une part importante de ses recettes d’exportation. Toutefois, l’approvisionnement mondial en uranium risque d’être perturbé, spécialement pour des pays européens dépendants de ces matières premières. Ce changement de paradigme attire par ailleurs l’attention sur la posture croissante de Niamey face aux pressions étrangères et renforce une dynamique de gestion souveraine des ressources nationales.
Ce mouvement s’inscrit également dans un contexte plus large de réévaluation des relations bilatérales entre les pays africains et leurs anciens partenaires européens, posant la question de l’indépendance économique réelle face à des intérêts extérieurs. Alors que les pressions internationales augmentent, la nationalisation de l’uranium par le Niger pourrait servir de cas d’école pour d’autres nations africaines cherchant à redéfinir leur place dans l’échiquier mondial.