Le Maghreb en tête des réserves aurifères africaines
Face à une dédollarisation croissante et une instabilité géopolitique exacerbée, l’Afrique du Nord, en particulier l’Algérie, la Libye et l’Égypte, continue de dominer les réserves d’or du continent africain. Les dernières statistiques du World Gold Council, datant du premier trimestre 2025, placent ces trois nations au sommet avec un cumul de 448 tonnes d’or. Leur position prépondérante est attribuée à des surplus pétroliers convertis en actifs financiers, mais aussi à un enracinement historique et monétaire, notamment en Égypte. L’implantation de nouvelles infrastructures, telles que des chambres fortes à Alger, Tripoli et Le Caire, montre leur détermination à garder cette position stratégique.
La montée en puissance des nations subsahariennes
En dépit de cette suprématie nord-africaine, l’Afrique subsaharienne manifeste des signes de progression. Le Ghana, par le biais d’une politique novatrice, notamment le programme ‘Gold-for-Oil’, a réussi à quadrupler ses réserves d’or en seulement deux ans, se hissant ainsi au cinquième rang continental avec 31,01 tonnes. Cette avancée témoigne d’une volonté régionale de renforcer les réserves nationales d’or afin de cimenter une stabilité monétaire dans une période marquée par des incertitudes économiques mondiales.
Cette tendance trouve un écho favorable dans d’autres pays comme le Nigéria et le Kenya, qui, à travers des stratégies dédiées à la dédollarisation, entendent également accroître de manière significative leurs réserves en or dans un avenir proche. Ce mouvement général s’inscrit dans une vague mondiale où 76% des banques centrales envisagent de dynamiser leurs acquisitions du précieux métal, comme l’indique le dernier rapport du World Gold Council.
Perspectives d’évolution de la scène aurifère africaine
À l’échelle globale, bien que les réserves d’or de l’Afrique ne représentent qu’une modeste part des 35 939 tonnes détenues au niveau mondial, le dynamisme récemment observé peut permettre au continent de franchir potentiellement le cap des 1 000 tonnes d’ici la fin de la décennie. Des scénarios innovants émergent, envisagés par plusieurs États, incluant le rapatriement physique de leurs lingots pour des raisons sécuritaires et l’introduction potentielle de monnaies numériques de banque centrale adossées à l’or.
Ainsi, la réorientation stratégique vers l’or en Afrique transcende un simple phénomène économique. Elle reflète une adaptation face à des tensions géopolitiques mondiales tout en s’inscrivant dans une reconfiguration des systèmes monétaires où l’or continue de jouer un rôle primordial.