Un sinistre nocturne maîtrisé rapidement
Il était un peu plus de deux heures du matin, jeudi, lorsque les habitants du centre-ville de Pointe-Noire ont aperçu un panache orangé s’élever au-dessus de la Maison de la Radio. En quelques minutes, le bâtiment historique était cerné par des flammes visibles à plusieurs kilomètres.
Alertés, les agents de sécurité ont déclenché l’évacuation interne avant l’arrivée du premier fourgon du service départemental d’incendie. Grâce à leur sang-froid, l’ensemble des techniciens, journalistes et vigiles ont pu quitter les locaux sans blessure, laissant uniquement du matériel exposé à la chaleur.
Des dégâts matériels mais pas de blessés
À l’aube, le feu était totalement circonscrit, mais les images tournées par les riverains montrent des studios noircis, des vitres éclatées et une partie de la toiture effondrée. Les premiers relevés estiment que près de 600 m² d’espaces de production et d’archives sont touchés.
La direction départementale de la radio publique évoque déjà des pertes d’équipements évaluées à plusieurs centaines de millions de francs CFA, notamment des consoles analogiques devenues rares, des serveurs de sauvegarde audio et une collection d’enregistrements historiques des années 1970.
Le récit des équipes sur place
Joint par téléphone, Antoine Moussavou, technicien principal de l’antenne, se souvient d’un « crépitement inhabituel » suivi d’une coupure générale. « Nous avons rapidement compris qu’il ne s’agissait pas d’une simple surtension », raconte-t-il, saluant la solidarité spontanée des voisins accourus avec des extincteurs domestiques.
Marie-Josée Mbemba, journaliste du programme matinal, confie avoir emporté à la hâte son ordinateur portable contenant les conducteurs d’émission. « Nos voix reviendront en ondes plus vite qu’on ne le croit », assure-t-elle, déterminée à poursuivre l’information de proximité pourtant au cœur de la nuit.
Une mobilisation exemplaire des secours
Selon le capitaine Pascal Mavoungou, porte-parole des sapeurs-pompiers, six engins dont une grande échelle ont été dépêchés. La priorité a consisté à empêcher la propagation vers les immeubles voisins et la station de télécoms attenante. L’alimentation en eau a été assurée par des bornes récemment rénovées.
Le préfet du département, Alexandre Honoré Paka, s’est rendu sur place avant l’aube pour coordonner la circulation et rappeler l’interdiction de stationner près des hydrants. Il a salué « la vigilance du voisinage et l’efficacité des équipes qui ont sauvé un symbole ».
Continuité du service public radiophonique
Dès le matin, la direction générale de Radio-Congo a activé son plan de secours. Une fréquence temporaire de Pointe-Noire FM émet depuis les studios de la télévision régionale. Les émissions nationales, elles, continuent d’être relayées par satellite, évitant toute rupture d’information pour les auditeurs.
Le ministre de la Communication et des Médias, Thierry Moungalla, a déclaré « faire confiance à la chaîne pour maintenir le service public ». Il promet le déblocage immédiat de fonds afin de louer des consoles numériques et de sécuriser une solution de diffusion mobile.
Les premières pistes de l’enquête
Une équipe conjointe de la police scientifique et du service national d’électricité a entamé des prélèvements pour déterminer l’origine du sinistre. Les premiers indices orientent vers un problème survenu dans la salle des onduleurs, où plusieurs câbles auraient surchauffé à la suite d’un pic de tension.
Cependant, aucune hypothèse n’est écartée. « Nous écouterons également les témoignages des salariés et analyserons les systèmes de climatisation », précise le commissaire Serge Ngatsé, chargé de l’investigation. Le rapport intermédiaire est attendu sous huit jours avant sa transmission au parquet de Pointe-Noire.
Solidarité et soutien aux professionnels
Sur les réseaux sociaux, des auditeurs ont partagé des messages de soutien, rappelant le rôle de la station pour les résultats scolaires et les alertes météo. Des entreprises proposent de prêter des microphones, tandis que des artistes offriront leur voix pour des programmes de relance.
Le Syndicat national des professionnels de la communication a ouvert une collecte destinée à remplacer les casques et kits de reportage perdus. « Chaque contribution, même modeste, aidera à redonner une voix à notre communauté », souligne sa présidente, Élisabeth Goma, qui rappelle l’importance du lien radio-auditeur.
Vers une reconstruction modernisée
La Maison de la Radio de Pointe-Noire, inaugurée en 1964, devait déjà bénéficier d’un plan de réhabilitation en 2025. Les autorités envisagent d’accélérer cette échéance, profitant de l’assurance et d’un possible appui de partenaires internationaux pour doter l’édifice d’installations numériques dernier cri.
En attendant, une cellule de crise assure le relogement des équipes dans des bureaux provisoires à l’École africaine des métiers de l’aviation. Une permanence technique y sera installée pour permettre la diffusion de la Coupe d’Afrique de football scolaire, événement très suivi dans la ville portuaire.
Les responsables culturels espèrent que le chantier servira de tremplin à un pôle audiovisuel capable d’attirer les talents et de créer des emplois, en phase avec la stratégie de diversification économique soutenue par les autorités.
D’ici là, les auditeurs sont invités à se tourner vers les réseaux sociaux de la station pour suivre l’avancement des travaux et participer à des tables rondes interactives. La radio entend transformer cette épreuve en occasion de se rapprocher encore davantage de son public.
