Prévisions économiques 2026 au Congo
À Brazzaville, les chiffres dévoilés par le ministre de la Justice, Aimé Ange Wilfrid Bininga, ont retenu l’attention des milieux d’affaires. Le membre du gouvernement a indiqué que le produit intérieur brut progresserait de 3,6 % en 2026, contre 3,1 % attendus l’année précédente, par de nombreux observateurs économiques locaux.
Cette perspective intervient dans un contexte international toujours incertain, marqué par la volatilité des prix de l’énergie et la remontée des taux directeurs. Le Congo table néanmoins sur une dynamique interne plus diversifiée pour soutenir l’activité et réduire sa dépendance aux cours mondiaux du baril à moyen terme.
Le rôle moteur du secteur hors pétrole
Selon les projections officielles, le secteur hors pétrole doit croître de 4,2 % sur l’année 2026. Agriculture, télécoms, BTP et services financiers mènent la danse, tandis que les productions minières émergentes ajoutent un levier supplémentaire pour stabiliser les recettes publiques et soutenir l’emploi des jeunes dans tout le pays.
« Nous assistons à un glissement progressif du centre de gravité économique congolais », explique l’économiste Esther Mavoungou, jointe par téléphone. « Le pétrole conserve son poids stratégique, mais la marge de manœuvre budgétaire dépendra de la vitalité des secteurs non extractifs dans les années à venir », analyse la spécialiste brazzavilloise.
Inflation maîtrisée et normes régionales
Le gouvernement insiste sur le maintien d’une inflation contenue à 3,0 %, conforme au pacte de convergence de la Communauté économique et monétaire d’Afrique centrale. Maîtriser les prix devrait préserver le pouvoir d’achat, encourager la consommation locale et conforter la crédibilité de la politique monétaire régionale dans la durée.
Pour soutenir ces objectifs, la Banque des États de l’Afrique centrale veille à une liquidité suffisante sur le marché interbancaire, tout en évitant les poussées spéculatives. Les autorités congolaises saluent cette coordination qui sécurise le crédit aux petites entreprises et participe à la stabilisation du franc CFA régional.
Diversification en cours: secteurs phares
Au-delà des indicateurs, plusieurs investissements structurants arrivent à maturité. Le corridor routier Pointe-Noire–Ouesso, la zone industrielle de Maloukou et le projet solaire de Boundji doivent faciliter la logistique, réduire les coûts de production et attirer de nouveaux capitaux nationaux comme étrangers selon le ministère de l’Économie et Plan.
Les télécommunications poursuivent leur expansion, portées par le déploiement de la fibre optique et la montée en puissance du mobile money. L’opérateur public SCPT et les acteurs privés multiplient les partenariats pour étendre la couverture 4G, stimuler les services numériques et favoriser l’inclusion financière sur tout le territoire.
Dans l’agriculture, le programme de redynamisation des filières manioc, maïs et palmier à huile progresse. Les coopératives rurales bénéficient de semences améliorées, d’unités de transformation locales et d’un accès élargi au marché sous-régional, réduisant progressivement la facture d’importation des denrées de base selon le ministère de l’Agriculture national.
Partenariats publics-privés à l’œuvre
Les efforts de diversification sont soutenus par des partenariats publics-privés jugés indispensables pour mobiliser l’expertise technique. « Le climat des affaires s’améliore et rassure les investisseurs », souligne Léon Nzaba, président de la Chambre de commerce de Pointe-Noire, évoquant la simplification des procédures administratives récemment adoptée par les autorités économiques.
Le fonds souverain congolais, relancé l’an dernier, a pour mission de canaliser une partie des surplus pétroliers vers ces projets structurants. Son conseil d’administration assure que la gouvernance intègre désormais des audits externes, gage d’une meilleure transparence et d’une allocation optimale des ressources nationales selon un communiqué officiel.
Analystes et entreprises confiants
Du côté des analystes, la confiance se reflète dans les notations de risque plus favorables. La société Bloomfield Investment maintient la perspective stable de la dette congolaise, saluant les mesures de consolidation budgétaire et le règlement régulier des arriérés intérieurs observés depuis trois exercices budgétaires successifs et alignés.
Les entreprises locales affichent également leur optimisme. Le groupe agroalimentaire Moulin du Kouilou prévoit d’augmenter ses capacités de mouture de 30 % avant 2025, misant sur la demande croissante en farine domestique et sur les facilités logistiques apportées par les nouvelles infrastructures routières selon son directeur général Richard Ndinga.
Enjeux pour les ménages congolais
Pour les ménages, la poursuite de la croissance hors pétrole se traduit par une création d’emplois plus stable, moins exposée aux cycles des hydrocarbures. Les jeunes diplômés s’orientent vers l’agritech, la maintenance industrielle et les services numériques, des segments en plein essor dans les grandes villes du pays.
Des défis persistent toutefois, notamment l’accès au financement pour les très petites entreprises et la formation professionnelle adaptée aux besoins industriels. Les autorités promettent d’étendre les lignes de crédit bonifiées et de renforcer les centres de formation technique afin d’accompagner la montée en compétence nationale à court terme.
Si la trajectoire annoncée se confirme, 2026 devrait marquer une étape significative dans la transformation économique du Congo. La consolidation des gains hors pétrole, adossée à une inflation modérée et à des infrastructures modernisées, pourrait offrir un cadre durable de prospérité inclusive pour la population selon plusieurs observateurs.
