Une feuille de route enfin clarifiée
Après deux années rythmées par les aléas sanitaires et une série de conciliations institutionnelles, le handball congolais dispose désormais d’un calendrier électoral gravé dans le marbre. La Commission électorale indépendante présidée par Me Mouadh Ben Zaied, envoyé conjoint de la Fédération internationale de handball et de la Confédération africaine, a formalisé un chronogramme pointilleux encadrant chaque phase du processus – de l’ouverture officielle des candidatures au scrutin prévu le 16 août dans l’enceinte du Comité national olympique et sportif congolais. Pour les clubs, les ligues régionales et les observateurs internationaux, cette clarification lève le voile sur un avenir longtemps jugé incertain et crée, de facto, les conditions d’une compétition électorale saine et inclusive.
Le contexte local confère à cette échéance une portée qui dépasse le simple renouvellement d’un bureau exécutif. Dans un Congo-Brazzaville où l’État a toujours considéré le sport comme un vecteur d’unité et de rayonnement régional, la stabilisation de la gouvernance fédérale relève d’un enjeu stratégique. Le ministère en charge des Sports a d’ailleurs réaffirmé son soutien logistique, soulignant la compatibilité du calendrier de la Fécohand avec les priorités nationales de relance des activités socio-sportives.
Les impératifs de la gouvernance sportive
Le dispositif électoral adopté reprend fidèlement les statuts de l’IHF et de la CAHB, incarnant la volonté d’aligner la Fécohand sur les bonnes pratiques internationales en matière de transparence. Chaque candidature doit être adossée à une liste menée par un prétendant à la présidence et accompagnée d’un dossier administratif complet déposé avant le 16 juillet. L’insistance sur la remise ‘contre décharge’, sous l’œil vigilant du secrétariat de la Commission, témoigne d’un souci d’archivage rigoureux et d’équité de traitement.
Les critères de majorité simple, l’éventualité d’un second tour, puis la règle ultime du recours à l’âge du candidat en cas d’égalité parfaite, constituent autant de garde-fous destinés à prévenir les contestations. Sur le plan juridique, ces mécanismes réduisent la marge d’interprétation et sécurisent la légitimité du futur exécutif. Me Ben Zaied n’a pas manqué de rappeler que l’ensemble du dispositif sera audité ex post par les organes de contrôle de l’IHF, gage d’une reconnaissance internationale immédiate.
Un test pour la représentativité féminine
Au-delà du résultat, le scrutin apparaît comme un laboratoire en matière de parité. L’obligation de compter au moins trois femmes sur chaque liste constitue, pour le handball congolais, un pas notable vers la représentativité. Selon les données de la dernière assemblée générale, les femmes représentent près de 38 % des licenciés, mais moins de 15 % des postes décisionnels. La nouvelle règle pourrait faire évoluer la sociologie des instances fédérales et renforcer la place des athlètes féminines, dont les performances en clubs comme Patronage Sainte-Anne ou Étoile du Congo ne cessent de séduire le public.
Les politologues spécialisés en gouvernance sportive considèrent cette disposition comme l’illustration d’un changement de paradigme impulsé par les fédérations internationales depuis la réforme de 2021. À moyen terme, une représentation féminine accrue dans les organes dirigeants pourrait se traduire par une meilleure allocation des subventions aux équipes féminines et une valorisation médiatique accrue, éléments essentiels pour attirer sponsors et partenaires.
Le calendrier serré des recours
Le chronogramme laisse peu de place à l’improvisation. Entre l’affichage des listes validées le 31 juillet et la date butoir du 8 août pour les décisions définitives de la Commission de recours, les prétendants disposent de deux jours seulement pour formuler toute contestation. Ce délai contraint, conforme aux statuts, vise à empêcher les surenchères procédurales susceptibles de perturber le déroulement de la saison sportive 2024-2025.
Plusieurs présidents de clubs, contactés à Brazzaville, disent saluer cette rigueur, convaincus qu’un contentieux prolongé aurait pu retarder la reprise des championnats nationaux. La Commission, pour sa part, promet une communication en temps réel afin que l’ensemble des acteurs – ligues, arbitres, athlètes et sponsors – puisse anticiper la rentrée sportive.
Un enjeu de crédibilité régionale
Le déroulement sans heurts du congrès électif intéresse au plus haut point les partenaires régionaux. La CAHB, qui tiendra son propre congrès en fin d’année, voit dans le cas congolais un indicateur de la capacité des fédérations nationales à intégrer des standards de gouvernance exigés par l’Agence mondiale antidopage et le Comité olympique international. Pour Brazzaville, réussir ce test constituerait un argument supplémentaire en faveur de l’organisation de futures compétitions continentales, alors que le pays a récemment renforcé ses infrastructures, notamment avec la rénovation du Palais des sports de Kintélé.
Dans les cercles diplomatiques, l’on souligne que la vitalité du mouvement sportif apporte un supplément d’attractivité à la diplomatie culturelle congolaise. Les chancelleries présentes dans la capitale ont, à plusieurs reprises, soutenu des initiatives de coopération technique et de jumelages entre clubs. Une élection pacifiée consoliderait donc un climat de confiance propice à l’afflux de nouvelles formes de partenariat, au croisement du sport, de l’éducation et de l’économie.
Vers un scrutin apaisé, enjeu national de cohésion
Aucune voix autorisée ne doute que les projecteurs du 16 août dépasseront le seul parquet de la salle du Comité national olympique. En filigrane, c’est la capacité des acteurs sportifs nationaux à arbitrer leurs différends par la voie institutionnelle qui sera observée. Un succès du processus confirmerait la maturité démocratique des structures fédérales et donnerait un signal positif à la jeunesse, souvent en quête de modèles de gouvernance pragmatique et pacifique.
À l’inverse, une élection contestée fragiliserait la dynamique de relance post-Covid-19 engagée par le gouvernement en matière sportive. Conscients de l’enjeu, les principaux protagonistes s’emploient d’ores et déjà à privilégier le dialogue, bientôt encadré par un code de bonne conduite que la Commission électorale devrait publier sous peu. Dans un Congo-Brazzaville qui aspire à renforcer l’unité nationale par le sport, la Fécohand a aujourd’hui rendez-vous avec l’histoire, entre exigences de fair-play et ambition collective de podiums continentaux.