Nouvel élan pour le football féminin
À Brazzaville, l’espoir refleurit autour du football féminin. Après plusieurs saisons sans éclat, la Fédération congolaise de football planifie une Journée de réflexion de deux jours afin de relancer une discipline que les joueuses, les clubs et les supporters refusent de voir disparaître.
Le président de la FECOFOOT, Jean-Guy Blaise Mayolas, a officialisé la date du 31 octobre 2025 pour l’événement, lors d’une rencontre avec les responsables des clubs féminins. Autour de la table se trouvaient également les dirigeants de la Ligue nationale, déterminés à unir leurs forces.
Un chantier prioritaire pour la FECOFOOT
Cette mobilisation répond au constat d’une érosion continue des effectifs. Certaines équipes, faute de moyens ou de joueuses, ont cessé la compétition. Les inscriptions dans les centres de formation stagnent, et les quelques talents émergents s’exilent souvent vers d’autres championnats pour poursuivre leur progression.
« Le football féminin mérite la même rigueur, la même vision et la même passion que celui des hommes », a rappelé Jean-Guy Blaise Mayolas. Son propos a résonné comme un appel à la responsabilité collective, invitant clubs, entreprises et institutions à partager l’effort.
Deux ateliers pour repenser la compétition
La Journée de réflexion sera structurée autour de deux ateliers techniques. Le premier disséquera le format actuel du championnat national, jugé trop court et peu lisible par plusieurs entraîneurs. L’objectif est de proposer un calendrier stable offrant davantage de matches et d’exposition médiatique.
Le second atelier abordera la restructuration de la Ligue nationale de football féminin, instance clé pour la détection et l’accompagnement des talents. Les participants discuteront d’un organigramme rénové, intégrant des commissions médicales, marketing et arbitrage dédiées afin d’élever progressivement les standards professionnels.
Enjeux financiers et infrastructures
Au-delà des aspects organisationnels, la question financière dominera les échanges. La plupart des clubs féminins fonctionnent encore sur des budgets inférieurs à cinq millions de francs CFA par saison. Avec de telles enveloppes, il devient difficile de couvrir transports, équipements, primes et frais médicaux.
Les infrastructures constituent un autre nœud du problème. Beaucoup de stades secondaires manquent d’éclairage, de vestiaires adaptés et de pelouses praticables toute l’année. Certaines équipes s’entraînent encore sur des terrains poussiéreux partagés avec des écoles, limitant la qualité du travail technique et tactique.
Face à ces carences matérielles, la FECOFOOT envisage de renforcer ses partenariats avec les municipalités et le ministère des Sports pour prioriser la rénovation des aires de jeu. Des conventions pourraient aussi ouvrir les stades militaires et universitaires aux clubs féminins, moyennant un entretien partagé.
Former et accompagner les actrices du jeu
La formation des encadreurs n’est pas oubliée. Plusieurs techniciens souhaitent l’introduction d’un certificat spécifique au football féminin au sein de l’Institut national de la jeunesse et des sports. Ce cursus, appuyé par la Confédération africaine, offrirait des modules sur la physiologie et la préparation mentale.
Autre enjeu abordé : l’équilibre entre vie sportive, études et famille. Beaucoup de joueuses, encore mineures, doivent négocier horaires d’entraînement et examens scolaires. Les dirigeants envisagent la création de conventions tripartites avec les établissements et les parents pour garantir la continuité éducative et le suivi médical.
Mentalités et image publique à transformer
Sur le plan socioculturel, les mentalités freinent toujours la pratique féminine, en particulier dans certaines zones rurales. Des arbitres relatent encore des quolibets sexistes depuis les tribunes. Les travaux prévoient de lancer, avec les associations de jeunesse, des campagnes valorisant l’image de la footballeuse.
La FECOFOOT souhaite également s’appuyer sur les réseaux sociaux pour amplifier la visibilité des championnats. Une équipe digitale, composée de jeunes community managers, produirait des résumés vidéo, des portraits de joueuses et des statistiques accessibles en temps réel pour séduire sponsors et nouveaux supporters.
Alliances nationales et internationales
Plusieurs fédérations sœurs, dont celles du Maroc et de l’Afrique du Sud, seront invitées à partager leur expérience. Leurs championnats ont bénéficié d’accords télévisuels et de bourses FIFA dédiées au développement féminin. Les organisateurs espèrent s’en inspirer pour construire un modèle durable localement.
Le secteur privé congolo-gabonais commence d’ailleurs à se montrer attentif. Des compagnies de téléphonie et des banques locales ont envoyé des observateurs à la réunion préparatoire. Selon un dirigeant bancaire, « l’engagement sociétal autour du sport féminin correspond à nos priorités RSE et à l’inclusion financière ».
Feuille de route et perspectives
À l’issue de la Journée, un rapport de synthèse sera remis au ministère des Sports avec un calendrier d’actions. Les premières mesures pourraient entrer en vigueur dès la saison 2026, parmi lesquelles l’obligation pour chaque équipe masculine de soutenir une section féminine agréée.
Pour l’heure, la communauté du football congolais se dit confiante. Les joueuses continuent de s’entraîner avec détermination, conscientes que cette mobilisation peut changer leur quotidien. Si les engagements annoncés se concrétisent, le football féminin pourrait bientôt retrouver sa place dans les tribunes nationales.
Un comité de suivi, composé de représentants des clubs, des arbitres et des sponsors, sera installé pour évaluer trimestriellement chaque avancée et ajuster les priorités en fonction des réalités du terrain.
