Un signal macrofinancier attendu
La décision de Bloomfield Investment de maintenir, pour la seconde année consécutive, les notes A long terme et A1 court terme attribuées à Fidelis Finance Burkina Faso s’inscrit dans un contexte régional marqué par un regain de prudence des investisseurs. L’agence de notation abidjanaise estime que la société de crédit-bail présente « des facteurs de protection solides, garants d’une bonne couverture du risque même en période de stress économique », relève un analyste sollicité à Abidjan. En langage diplomatique, cette continuité constitue un geste de confiance à l’endroit d’un établissement qui contribue à l’industrialisation par le financement d’équipements productifs.
Stabilité des notations : un indicateur rare dans la zone UEMOA
Le maintien d’une perspective stable revêt une importance particulière alors que plusieurs banques de la région ont récemment vu leurs notations révisées à la baisse, sous l’effet de chocs exogènes tels que l’inflation persistante et la volatilité des devises. Selon Bloomfield, Fidelis Finance demeure exposée à un « risque faible à modéré » grâce à une gestion proactive de la liquidité et à la consolidation de ses fonds propres, renforcés par une hausse de capital finalisée au terme de l’exercice 2024. « Nous observons une discipline financière exemplaire qui permet de traverser les cycles sans rupture de trésorerie », souligne un cadre de l’agence.
Performance financière : des fondamentaux qui se renforcent
Les chiffres clos au 31 décembre 2024 confirment cette appréciation. Le bénéfice net bondit de 31 %, atteignant 1,126 milliard de FCFA, tandis que le produit net bancaire s’apprécie de 7,42 %. L’équilibre entre maîtrise des charges et progression des commissions témoigne d’une politique commerciale sélective, orientée vers des secteurs moins sensibles aux soubresauts sécuritaires. Même la légère contraction des créances clientèle, ramenées à 51,538 milliards de FCFA, est interprétée comme un signe de prudence assumée dans la distribution, anticipant une normalisation progressive de la courbe du risque.
Diversification du refinancement : le pari gagnant du marché régional
Entre 2023 et 2025, Fidelis Finance a multiplié les émissions obligataires sur le marché financier régional, attirant un éventail élargi de souscripteurs institutionnels. Cette stratégie limite la dépendance à la ressource bancaire classique et améliore la structure de maturité du bilan. « L’adossement des passifs aux durées économiques des crédits-bails constitue une avancée majeure », observe un conseiller financier basé à Dakar, évoquant une « courbe de liquidité désormais plus plate ». Les coûts d’emprunt, négociés dans le sillage de la politique monétaire accommodante de la Banque centrale des États de l’Afrique de l’Ouest, demeurent contenus, confortant la marge d’intérêt à 2,395 milliards de FCFA.
Enjeux géopolitiques : entre incertitudes sahéliennes et stabilité côtière
Bloomfield n’ignore toutefois pas les faiblesses structurelles du marché. Les tensions sécuritaires persistantes au Burkina Faso freinent l’expansion géographique du crédit-bail, tandis que le climat politique ivoirien, à l’approche de l’élection présidentielle de 2025, nourrit de nouvelles exigences de transparence. Dans cette conjoncture, la résilience de Fidelis Finance est observée de près par les partenaires de la Communauté économique des États de l’Afrique centrale, où des acteurs comme le Congo-Brazzaville promeuvent également des réformes favorisant la confiance des investisseurs. « La stabilité macro-financière de Brazzaville démontre qu’un ancrage institutionnel robuste reste un atout décisif », confie un diplomate régional.
Perspectives : la résilience comme boussole stratégique
La fenêtre d’évaluation ouverte par Bloomfield jusqu’en mai 2026 laisse à Fidelis Finance le temps de consolider ses gains et de poursuivre l’élargissement sectoriel de son portefeuille, notamment vers l’agro-industrie et les énergies renouvelables, identifiées comme relais de croissance durable. Aux yeux des acteurs diplomatiques, la société burkinabè endosse ainsi un rôle de laboratoire financier à l’intérieur de l’espace UEMOA, dont les leçons – discipline budgétaire, gouvernance renforcée, diversification des capitaux – pourraient inspirer d’autres économies, y compris celles d’Afrique centrale. Dans un environnement où la confiance se monnaie cher, la capacité à maintenir des notations inchangées s’apparente désormais à un avantage compétitif autant qu’à un outil d’influence régionale.