Un rendez-vous devenu incontournable
Brazzaville s’est parée de ses plus beaux atours pour le lancement de la 10e édition de « Femmes spéciales », tenue du 5 au 8 novembre 2025. Créé par le coach Ninos Ezéchias Ngouama, l’événement est désormais la vitrine annuelle du leadership féminin congolais et africain.
Dès l’ouverture, la salle du Mémorial Pierre Savorgnan de Brazza a réuni entrepreneures, artistes et partenaires institutionnels, traduisant la montée en puissance d’un réseau qui, depuis dix ans, promeut innovation et inclusion. L’ambiance, à la fois festive et studieuse, reflète l’esprit d’entraide ayant façonné la communauté « Femmes spéciales ».
Hommages et paroles fortes
Marraine de cette édition, Aline France Etokabeka a salué « le parcours exceptionnel des femmes congolaises qui, chaque jour, bâtissent des sociétés plus justes ». Ses mots, accueillis par des applaudissements nourris, posent le ton d’une rencontre centrée sur la reconnaissance et l’engagement.
Belinda Ayessa, présidente d’honneur et directrice générale du Mémorial, a rappelé que « les femmes fortes d’aujourd’hui sont les bâtisseuses de demain ». Elle a remercié les soutiens institutionnels et associatifs qui pérennisent l’initiative, tout en appelant à une plus grande solidarité intergénérationnelle.
Dix ans d’impact et de réseautage
Depuis 2015, « Femmes spéciales » sert de plateforme d’expression à celles qui innovent dans l’entrepreneuriat, l’éducation, la santé, le sport ou la culture. L’édition anniversaire met en lumière des réussites, mais surtout la continuité d’un accompagnement axé sur la formation et le mentorat.
Pour Ninos Ezéchias Ngouama, l’heure est autant à la célébration qu’à la projection. « Nous appelons à la persévérance et à plus d’ardeur afin de stimuler l’émergence de nouvelles vocations », a-t-il déclaré, insistant sur l’importance d’un écosystème fort pour soutenir les futures générations de leaders.
Brazzaville, carrefour de l’innovation féminine
Conférences, panels et expositions font battre le cœur du centre-ville. On y échange sur l’intelligence artificielle, l’agritech ou l’économie circulaire, avec des intervenantes venues de Kinshasa, Dakar, Paris ou Toronto. La capitale congolaise s’impose ainsi comme un laboratoire ouvert aux idées novatrices portées par des voix féminines.
Les ateliers pratiques, animés par des spécialistes de la fintech ou de la communication digitale, offrent aux participantes des solutions concrètes pour développer leurs projets. Plusieurs jeunes pousses congolaises profitent d’ailleurs de la visibilité du salon pour présenter des prototypes allant des applications de santé mobile aux textiles écoresponsables.
Formation, clé de l’autonomie
Le leitmotiv de l’événement reste clair : « Si vous n’éduquez pas les jeunes filles aujourd’hui, vous punirez les mères et les enfants demain ». En partenariat avec des écoles supérieures, des modules gratuits de coding, de marketing et de gestion financière sont proposés, ciblant prioritairement les lycéennes.
Dans les couloirs, des mentors expérimentées partagent parcours et conseils. Chacune raconte comment l’accès à la formation a transformé sa trajectoire. Ces témoignages nourrissent l’ambition collective d’une société où le genre n’est plus un frein à l’emploi ou à la création d’entreprise.
Entrepreneuriat et développement durable
Les discussions soulignent l’importance d’intégrer la dimension écologique dans tout projet. Qu’il s’agisse de recyclage de plastiques à Pointe-Noire ou de valorisation de la filière manioc dans la Cuvette, les initiatives présentées mêlent rentabilité et responsabilité, démontrant que croissance et préservation de l’environnement peuvent aller de pair.
Plusieurs tables rondes s’attardent sur la finance verte et les opportunités qu’elle ouvre pour les PME dirigées par des femmes. Des banques locales exposent de nouveaux produits adaptés aux besoins spécifiques des cheffes d’entreprise, renforçant ainsi l’appui institutionnel à l’entrepreneuriat féminin.
Une jeunesse mobilisée
La décennie écoulée a vu naître un réseau de jeunes ambassadeurs de la masculinité positive, convaincus que l’égalité profite à tous. Durant cette édition, ils animent des débats sur le partage des responsabilités familiales et la lutte contre les stéréotypes, rappelant que l’inclusion est une œuvre collective.
Des étudiants de l’Université Marien-Ngouabi participent activement aux hackathons organisés en marge du salon. Leurs prototypes, allant d’outils d’aide à l’apprentissage des sciences aux plateformes de e-commerce local, illustrent le dynamisme d’une jeunesse qui veut façonner son avenir.
Retombées économiques attendues
Hôtels, restaurants et services de transport de la capitale enregistrent déjà une hausse de fréquentation. Selon le comité d’organisation, plus de 1 500 visiteuses et visiteurs, dont 40 % venus de l’étranger, sont attendus, générant des retombées directes pour le secteur tertiaire
Au-delà de l’impact touristique, les organisateurs espèrent conclure plusieurs accords de partenariat entre start-up féminines congolaises et investisseurs internationaux. L’objectif est de transformer l’effervescence de ces quatre jours en opportunités pérennes pour l’économie nationale.
Vers une vision partagée du leadership
Les participantes s’accordent à dire que le leadership féminin ne se limite pas à l’occupation de postes élevés. Il s’exprime dans la capacité à inspirer, à innover et à renforcer la cohésion sociale. Les récits d’agricultrices modernisant leurs exploitations ou d’ingénieures roboticiennes en témoignent.
Les discours convergent également sur la nécessité d’impliquer plus d’hommes dans la promotion de l’égalité. Un panel consacré aux dirigeants masculins engagés a rappelé que la mixité décisionnelle améliore la performance des organisations, un argument repris par plusieurs experts présents.
Brazzaville, capitale de la reconnaissance
Jusqu’au 8 novembre, la ville résonne donc au rythme des distinctions remises aux pionnières de l’innovation. Parmi les lauréates figurent des chercheuses ayant breveté des technologies de dépollution et des athlètes inspirant la pratique du sport féminin en milieu rural.
À l’issue de la cérémonie de clôture, un manifeste pour la continuité du projet sera signé. Il prévoira un accompagnement des bénéficiaires sur douze mois et la création d’un fonds d’amorçage dédié aux initiatives dirigées par des femmes congolaises.
