Une sentence arbitrale sous tension
La chronologie des faits place le 13 octobre 2024 comme point d’ancrage juridique. Ce jour-là, la Chambre de conciliation et d’arbitrage du sport (CCAS) rendait une sentence invitant le Comité national olympique et sportif congolais à installer une commission électorale indépendante chargée de restaurer la sérénité au sein de la Fédération congolaise de handball. Investie de l’autorité de la chose jugée, la décision a, depuis, constitué le fil rouge d’un processus électoral semé d’embûches et de procédures en cascade.
Les griefs du candidat Nzikou
Estimant que « les limites prescrites par la CCAS ont été franchies », le candidat Avicenne Nzikou, par la voix de son conseil Me Eric-Yvon Ibouanga, a saisi en référé la même juridiction. L’avocat déplore l’absence d’une lecture exhaustive de la sentence fondatrice et pointe « un risque d’inéligibilité artificielle » de son client. Il réclame la reconfiguration instantanée du bureau électoral et, surtout, l’éviction de son président actuel, Me Mouadh Ben Zaied, qu’il juge « déjà trop engagé dans la controverse pour incarner l’impartialité ». « Nous ne contestons pas le calendrier, mais la méthode », résume-t-il, insistant pour que seules les listes conduites par Christian Ayessa et Avicenne Nzikou demeurent en lice, conformément au corps électoral validé en 2024.
La défense de la commission électorale
De son côté, la commission électorale rappelle que son mandat découle également de la même sentence et qu’elle agit « dans le strict respect des statuts de la Fédération internationale de handball et de la Confédération africaine ». Dans une note datée du 8 août, Me Ben Zaied mentionne avoir publié la liste définitive des votants après consultation des ligues départementales et vérification des affiliations. Les convocations au congrès électif du 16 août ont déjà été signées, et les procès-verbaux de carence — exigés par la Fédération internationale lors de scrutins contestés — seraient prêts à être transmis en cas de nouveau report. Cette position renvoie implicitement la balle dans le camp de la CCAS.
Enjeux pour le handball congolais
Au-delà de la joute procédurale, l’urgence est sportive. La sélection nationale féminine prépare déjà les éliminatoires africains de 2025 et les clubs espèrent une réorganisation rapide des compétitions domestiques, gelées depuis deux saisons faute de budget consolidé. Plusieurs partenaires privés, intéressés par le naming d’un futur championnat national, conditionnent leur engagement à l’installation d’une gouvernance stabilisée. « Un scrutin crédible pourrait libérer jusqu’à 300 millions de francs CFA de sponsoring », confie un membre du comité marketing de la Fécohand sous anonymat.
Vers un scrutin sous contrôle international
Les observateurs s’accordent à dire que la présence simultanée d’un arbitre de la CCAS et d’un représentant de la Fédération internationale, le jour du vote, devrait limiter les zones d’ombre. Si l’audience de référé sollicitée par Me Ibouanga aboutissait avant le 16 août, elle pourrait entraîner un aménagement de la présidence de séance sans pour autant bouleverser la date, jugée « impérative » par le Comité olympique. Pour l’heure, Brazzaville retient son souffle : le handball congolais joue bien plus qu’un simple titre fédéral ; il mise sur le retour à la compétition, aux financements et, in fine, au rayonnement international d’une discipline qui a offert au pays l’un de ses rares podiums continentaux en 2018.