Un jubilé à haute valeur symbolique pour l’archidiocèse d’Owando
Sous un ciel équatorial devenu clément après les premières pluies, la paroisse Saint-Esprit d’Etoumbi a soufflé ses cinquante bougies le 29 juin 2025. En présence de Mgr Gélase Armel Kema, archevêque d’Owando, de son prédécesseur Mgr Victor Abagna Mossa et d’une délégation dense de prêtres, religieuses et fidèles, l’édifice bâti en 1975 a rappelé qu’il demeure un marqueur identitaire pour le département de la Cuvette-Ouest. La date retenue, à la fois clôture de l’année pastorale 2024-2025 et point de départ d’un nouveau cycle, a conféré à la célébration une double dimension de mémoire et de projection.
Le choix d’associer jubilé et ordinations a apporté à la liturgie une profondeur particulière, amalgamant reconnaissance du passé et inauguration d’un avenir assumé par une nouvelle génération cléricale. Au-delà de la ferveur spirituelle, l’événement a permis de mesurer la capacité de la communauté à mobiliser forces vives, partenaires publics et privés, en conformité avec la politique nationale de valorisation du patrimoine culturel et religieux.
Ordinations et sacrements : le cœur battant du message pastoral
L’onction des séminaristes Roy Lekaka, Iréné Milimo Tuyiséngué et Jess Auguste Poungui au diaconat, puis des abbés Bojalex Essako et Giscard Ngouongouo au presbytérat, a constitué le sommet rituel de la journée. S’appuyant sur l’Évangile selon saint Matthieu, Mgr Kema a rappelé que « les trésors de l’Église se trouvent d’abord dans les sacrements, où prennent corps unité, amour et lumière ». Par ces mots, l’archevêque a réaffirmé le rôle de médiation du clergé, appelé à être simultanément pasteur, pédagogue et artisan de paix.
La présence attentive de l’assemblée, marquant chaque temps fort par des chants polyphoniques d’inspiration bantoue et grégorienne, a mis en évidence la porosité entre tradition locale et universalité catholique. Dans la perspective diplomatique qui caractérise les relations contemporaines entre Église et État, ces ordinations ont valeur d’investissement humain : elles assurent la relève pastorale sur un territoire encore marqué par des défis socio-économiques que la coopération entre pouvoirs publics et acteurs religieux s’efforce de relever.
Dialogue institutionnel : une diplomatie de proximité saluée par les autorités
Au premier rang des personnalités civiles, le député d’Etoumbi, Charles Nganfouomo, a livré un rappel historique de la mission, revenant sur l’opposition initiale de certaines élites locales, notamment les frères Tréchot, à l’implantation d’une église. Il a loué la patience de papa Mouélé, catéchiste pionnier qui parcourait des dizaines de kilomètres pour enseigner la foi, symbolisant une diplomatie de proximité avant l’heure. Le parlementaire a profité de la tribune pour saluer l’engagement continu du gouvernement en faveur de la liberté de culte, inscrite dans la Constitution congolaise, et pour souligner la convergence de vues entre pouvoir temporel et pouvoir spirituel sur la nécessité de consolider la cohésion sociale.
Cette convergence se manifeste dans les visites régulières des autorités à des manifestations religieuses, jugées capables d’amplifier les politiques publiques de développement humain. Au sein d’un environnement international où la diplomatie confessionnelle gagne en importance, la disponibilité des responsables congolais à dialoguer avec les communautés de foi conforte l’image d’un pays attaché au pluralisme et à la stabilité.
Enjeux infrastructurels : entre responsabilités partagées et mobilisation communautaire
Le cœur liturgique franchi, la parole a basculé sur le registre pragmatique. À travers la demande d’un mur de clôture, d’une toiture rénovée et d’un groupe électrogène, l’abbé Dachelard Kani a mis en relief les chantiers prioritaires. Ces besoins, loin d’être anecdotiques, rappellent que le rayonnement pastoral se fonde également sur la qualité de l’accueil et la sécurité des lieux.
Lu à rebours, l’appel du curé révèle une conception moderne de la responsabilité collective : l’Église invite à la solidarité, tandis que les élus esquissent des pistes de financement public-privé, conformément aux orientations nationales de promotion des infrastructures sociales de base. Dans une région forestière où les distances compliquent la fourniture de services, de telles améliorations contribueraient à l’ancrage durable des jeunes prêtres, ainsi qu’au renforcement des programmes éducatifs déjà portés par la paroisse.
Perspectives centenaires : foi, stabilité et attractivité régionale
En conclusion solennelle, Mgr Kema a invité les fidèles à « remettre les compteurs à zéro » pour préparer le centenaire. L’expression renvoie moins à une table rase qu’à une dynamique programmatique de long terme, visant à aligner la stratégie pastorale avec les ambitions de développement régional portées par les autorités congolaises. Dans un contexte où la réduction des disparités territoriales demeure une priorité, les paroisses jouent un rôle de relais dans la circulation de l’information civique et sanitaire, à l’image des campagnes de sensibilisation à la vaccination appuyées par plusieurs diocèses.
La célébration d’Etoumbi, ponctuée par un repas de convivialité réunissant dignitaires, militaires, élus et simples fidèles, a illustré la capacité de l’Église à fédérer au-delà des appartenances. Pour les partenaires internationaux présents dans le pays, l’événement fournit un indicateur qualitatif : la vitalité religieuse congolaise, loin de s’opposer à la stabilité politique, lui sert souvent de catalyseur. C’est sur cette articulation, faite de dialogue et d’anticipation, que se dessine déjà la route vers le centenaire, dans le respect des équilibres institutionnels et des aspirations spirituelles.