Contexte international et responsabilités nationales
À l’heure où la communauté internationale évalue l’avancement de l’Agenda 2030, la République du Congo revendique une place singulière : celle d’un État qui, tout en préservant sa stabilité, intègre progressivement les normes mondiales dans ses politiques publiques. L’éducation, érigée en socle de la prospérité nationale, cristallise cette ambition. L’Objectif de développement durable 4, consacré à l’« éducation de qualité pour tous », exige en effet une mobilisation de l’ensemble des pouvoirs publics. Ainsi, lorsque l’Assemblée nationale convoque, à Brazzaville, un séminaire parlementaire en partenariat avec l’Unesco, c’est toute la diplomatie intérieure qui se met en mouvement pour articuler feuille de route nationale et exigences multilatérales.
Dans la configuration congolaise, cet arrimage à la gouvernance globale s’inscrit dans une tradition de coopération constructive. Depuis plusieurs années, le gouvernement a multiplié les plateformes de dialogue avec les partenaires techniques et financiers afin d’optimiser le rendement du secteur éducatif, reconnu comme « pierre angulaire du développement durable » par de nombreux orateurs (Unesco). La tâche reste considérable : amélioration des infrastructures, formation des enseignants, lutte contre les inégalités territoriales et de genre, autant de priorités qui requièrent un pilotage étatique ferme mais ouvert aux expertises extérieures.
Par ce séminaire, les parlementaires entendent démontrer que l’impulsion législative peut soutenir, voire précéder, l’action gouvernementale. Dans un pays où la jeunesse représente plus de 60 % de la population, le capital humain devient la première ressource stratégique. À ce titre, l’ODD 4 n’est pas seulement une obligation morale, il est un vecteur de rayonnement régional, appelant à « des décisions courageuses, inclusives et ancrées dans les réalités » comme l’a rappelé la représentante résidente de l’Unesco, Fatoumata Barry Marega.
Parlement : l’émergence d’une diplomatie éducative
Le rôle proactif des députés dans le suivi des politiques scolaires marque une évolution notable de la vie institutionnelle congolaise. Sous l’impulsion de son président, Isidore Mvouba, la Chambre basse entend se positionner en « moteur de la transformation durable », selon les termes du coordonnateur du système des Nations unies, Abdourahamane Diallo. L’idée d’un groupe parlementaire consacré à l’éducation témoigne d’une maturation : il s’agit de dépasser la simple fonction de contrôle pour instaurer une diplomatie sectorielle capable de fédérer les énergies, du district rural jusqu’aux enceintes onusiennes.
Dans cette logique, la feuille de route issue des travaux du 29 juillet propose un mécanisme de suivi-évaluation assorti d’indicateurs précis. Les parlementaires ambitionnent de disposer, à chaque session, de données consolidées sur le taux net de scolarisation, l’alphabétisation des adultes ou encore la réduction des violences en milieu scolaire. Pour Léon Alfred Opimbat, premier vice-président de l’Assemblée nationale, cette démarche est avant tout « la boussole » des commissions sectorielles. Elle préfigure une méthodologie de travail où le législateur se mue en courroie de transmission entre les besoins sociaux et les objectifs internationaux.
Feuille de route et implications budgétaires
La dimension financière constitue le nerf de la modernisation annoncée. Les États généraux de l’éducation ont recommandé de porter à 25 % la part du budget national allouée au secteur. Les députés ont pris acte de cette orientation, annonçant leur volonté de soutenir, dès la prochaine loi de finances, un accroissement progressif mais tangible des crédits dédiés à la construction d’écoles, à la dotation en manuels et à la rémunération du corps enseignant. La perspective d’une loi de programmation budgétaire quinquennale, actuellement à l’examen, devrait renforcer la prévisibilité des ressources et rassurer les partenaires techniques.
Derrière ces chiffres se joue une alchimie politique : conforter la confiance des bailleurs tout en affirmant la souveraineté budgétaire de l’État. En inscrivant dans la loi un objectif chiffré, le Parlement entend sécuriser les investissements à long terme, condition essentielle pour atteindre les cibles 4.1 à 4.7, notamment celles relatives à l’éducation au développement durable et à la citoyenneté mondiale. Cette stratégie budgétaire, placée sous le signe de la discipline financière, s’inscrit dans la vision présidentielle d’une croissance inclusive et d’un renforcement du capital humain.
Unesco : un partenaire stratégique permanent
Le partenariat avec l’Unesco, longtemps cantonné au soutien technique, prend désormais une dimension quasi institutionnelle. L’organisation multilatérale s’est engagée à renforcer chaque année les capacités des parlementaires autour de problématiques ciblées : gouvernance scolaire, éducation à la santé, suivi statistique. Cette constance témoigne d’une confiance mutuelle. Brazzaville, de son côté, voit dans cette coopération un levier de visibilité diplomatique et de consolidation des bonnes pratiques.
Les responsables onusiens insistent cependant sur l’urgence de la mise en œuvre. « Il reste cinq années pour transformer le système éducatif congolais, non pas par des déclarations d’intention mais par des décisions ancrées dans les réalités », a averti Fatoumata Barry Marega. Le message trouve un écho favorable au sein de l’hémicycle, où les députés ont réaffirmé leur détermination à intégrer les ODD dans le corpus législatif. Cette synergie entre l’expertise internationale et la volonté nationale confère à la réforme une assise technique solide, sans renier les spécificités culturelles du Congo.
Défis opérationnels et leviers d’excellence
La réussite de la feuille de route dépendra d’une coordination fine entre les ministères sectoriels, les collectivités locales et la société civile. Lutter contre les violences juvéniles, réduire les disparités régionales, promouvoir l’éducation inclusive pour les enfants vivant avec un handicap : autant de chantiers qui réclament des réponses adaptées aux contextes locaux tout en s’alignant sur les standards internationaux. Les descentes parlementaires, évoquées comme outil de sensibilisation, apparaissent alors cruciales pour alimenter le débat législatif de données de terrain.
Par ailleurs, la numérisation progressive des procédures administratives offre des perspectives de modernisation. La création d’une base statistique nationale unifiée, adossée à un système d’information géographique, permettrait de cartographier l’offre scolaire et d’orienter les investissements. Couplée à des programmes de formation continue des enseignants, cette innovation pourrait transformer la qualité de l’apprentissage, préparer les jeunes aux métiers d’avenir et consolider la résilience du pays face aux chocs extérieurs.
Enfin, l’engagement parlementaire en faveur de la scolarisation universelle nourrit un esprit de concorde nationale. En faisant de l’éducation un bien commun, la République du Congo renforce sa cohésion tout en consolidant son image sur la scène africaine. Si l’Agenda 2030 fixe une échéance, l’élan actuel prouve que, sous la houlette des institutions congolaises et avec l’appui de partenaires éprouvés, le système éducatif peut devenir l’un des catalyseurs les plus prometteurs de la croissance inclusive voulue par le président Denis Sassou Nguesso.