Sport et rayonnement national
Sur les pelouses du Vieux Continent, le drapeau vert-jaune-rouge du Congo-Brazzaville flotte parfois de façon discrète, porté par des footballeurs que l’on dit de la diaspora mais qui demeurent, par la fibre autant que par le passeport, des Diables rouges potentiels. Le week-end écoulé, de l’Allemagne à Malte en passant par la Belgique, la Bulgarie ou la Géorgie, ces ambassadeurs sportifs ont rappelé que la construction de l’image internationale d’un État ne se décrète pas seulement dans les chancelleries. « Les succès individuels irriguent notre crédibilité collective », glisse un conseiller du ministère congolais des Sports, convaincu que chaque minute de jeu à l’étranger équivaut à un acte de diplomatie publique.
Signaux contrastés d’un tour d’Europe
En Allemagne, l’apparition d’Aurel Loubongo Mboungou à la 50e minute n’a pas suffi à inverser la défaite d’Oldenbourg sur la pelouse du Jeddeloh II (1-3). L’entrée tardive du jeune ailier rappelle la dure réalité de la quatrième division germanique, laboratoire souvent impitoyable où la concurrence forge la résilience. Un peu plus à l’ouest, la Jupiler League belge a laissé Alexis Beka Beka sur le banc : La Louvière, privée de son dynamisme axial, s’est inclinée face au Standard de Liège (0-2). Dans un environnement réputé pour son football de transition rapide, l’ancien Caennais devra saisir sa chance pour conserver sa cote auprès du sélectionneur des Diables rouges.
Plus au sud-est, la Bulgarie a offert un motif de satisfaction relative. Revenu de blessure, Ryan Bidounga a soutenu le Lokomotiv Sofia en seconde période pour arracher le nul chez Arda (1-1), tandis que Messie Biatoumoussoka restait à l’infirmerie. En Géorgie, la qualification de Dila Gori face à Samgulari s’est décidée aux tirs au but ; Déo Gracias Bassinga a transformé le sien avec un sang-froid loué par le quotidien sportif local. Israël, en revanche, a porté un coup dur à Bnei Raina : Chance Leroy Mondzenga, blessé après une minute la semaine précédente, a manqué un second revers consécutif contre l’Hapoel Haïfa (3-4). La Lettonie offre un contraste rafraîchissant : Ceti Taty Tchibinda a été aligné d’entrée et Trésor Samba, entré à la 65e, a décoré le succès de Daugavpils face à Auda (2-0) d’une passe décisive conclue par une percée tout en puissance. Sur l’île de Malte enfin, le portier Christoffer Mafoumbi, dernier rempart de Marsaxlokk, a dû partager la responsabilité d’un revers sec face à Valletta (0-2), sans toutefois entacher son crédit acquis lors des précédents tournois.
Le ressort psychologique de la sélection
À Brazzaville, le staff technique national suit avec attention ces prestations éparses. « Un joueur qui grappille du temps de jeu dans une ligue compétitive accrédite sa candidature », confie un membre de l’encadrement, rappelant que la préparation des prochaines éliminatoires de la CAN repose autant sur l’état de forme que sur le mental. Les fins de matches solides de Bidounga et Samba témoignent d’une capacité à impacter les rencontres, compétence précieuse pour une sélection qui s’appuie sur des renversements de situation fréquents. À l’inverse, les absences prolongées, comme celles de Mondzenga ou Biatoumoussoka, nourrissent une inquiétude tempérée par la profondeur actuelle du vivier congolais.
Soft power et géopolitique du ballon rond
Depuis plusieurs années, les autorités congolaises placent le sport au cœur d’une stratégie de visibilité externe complémentaire aux forums économiques et culturels. La présence de joueurs dans sept championnats européens, même modestes, tisse un réseau d’influence qui dépasse les tribunes. Le logo d’un club belge affichant un nom congolais sur la feuille de match, ou la diffusion d’une passe décisive lettonne signée Samba sur les réseaux sociaux, sont autant d’images positives qui circulent sans frais pour l’État. Les chancelleries notent ces signaux. Un diplomate européen en poste à Kinshasa souligne que « la constance des footballeurs congolais à l’étranger rappelle le potentiel humain du pays et crédibilise son discours de stabilité ». Ainsi, chaque dribble efficace devient, à sa manière, un argument de soft power.
Perspectives continentales
Alors que l’automne verra s’enchaîner les fenêtres FIFA et la dernière ligne droite des qualifications africaines, les Diables rouges savent que leurs performances hebdomadaires en club pèseront lourd. Les signaux du week-end, mitigés mais encourageants, confirment l’existence d’un noyau de talents capables de franchir un palier, à condition que la régularité et la santé physique les accompagnent. Dans les bureaux feutrés du ministère des Sports, on assure que des dispositifs de suivi individualisé sont à l’étude pour mieux articuler les attentes du staff national et les contraintes des clubs européens. À terme, l’objectif déclaré reste inchangé : hisser le Congo-Brazzaville parmi les nations qui convertissent la diaspora sportive en moteur de cohésion interne et de rayonnement externe, fidèle à la vision d’un développement harmonieux promue par le chef de l’État.