Aux origines d’un appel à la concertation
Réunis les 10 et 11 juillet 2025 à la Maison de la société civile de Brazzaville, les réseaux affiliés à la Coordination nationale des organisations sur la gouvernance électorale et démocratique (Coraged) ont plaidé pour une concertation nationale avant l’élection présidentielle prévue en mars 2026. La déclaration, publiée à l’issue des travaux présidés par Céphas Germain Ewangui, souligne la volonté des acteurs de la société civile de favoriser une dynamique consensuelle autour des futures échéances. L’enjeu, rappellent-ils, consiste à inscrire l’élection dans un climat « apaisé », à la fois protecteur des libertés publiques et propice à la consolidation de l’État de droit.
Le dialogue, pierre angulaire de la culture politique congolaise
Depuis le retour au multipartisme en 1992, la République du Congo privilégie les forums politiques comme instrument de régulation des compétitions électorales. Concertations, dialogues nationaux et autres « rencontres des forces vives » jalonnent la trajectoire institutionnelle du pays. D’après plusieurs observateurs basés à Brazzaville, cette méthode trouve sa légitimité dans l’histoire récente, marquée par la nécessité de conforter les équilibres régionaux et d’éviter toute résurgence de tensions. Les participants à la Coraged s’inscrivent donc dans une tradition que le chef de l’État, Denis Sassou Nguesso, a souvent encouragée en convoquant des consultations pré-électorales à chacune des grandes échéances. Ils rappellent qu’aucune élection n’a dépassé les délais constitutionnels depuis 2002, malgré les contraintes budgétaires qui pèsent sur les finances publiques.
Des avancées institutionnelles soulignées par la société civile
Dans sa motion finale, la Coraged se félicite de l’évolution progressive du cadre juridique qui entoure la compétition électorale. L’introduction d’une commission électorale technique, la mise à jour régulière du fichier des électeurs et la diffusion publique des résultats provisoires représentent, à leurs yeux, des garanties appréciables de transparence. Pour autant, les organisations rappellent qu’un dialogue national ouvert pourrait permettre de préciser certaines modalités pratiques, notamment la sécurisation des bureaux de vote dans les zones rurales ou l’équité d’accès aux médias. « Nous voulons aller ensemble vers une élection perçue comme un facteur de cohésion, non comme un moment de crispation », a déclaré un responsable d’Ong spécialiste des droits de l’homme, évoquant le devoir d’anticipation des autorités.
Contraintes logistiques et efforts budgétaires de l’État
Le ministère de l’Économie et des Finances estime à plusieurs dizaines de milliards de francs CFA le coût global de l’organisation du scrutin de 2026. Dans un contexte où les cours internationaux des matières premières demeurent volatils, la mobilisation de ressources additionnelles s’annonce déterminante. Les partenaires techniques, tels que la Communauté économique des États de l’Afrique centrale ou l’Organisation internationale de la Francophonie, pourraient être sollicités pour un appui ciblé en matériel, formation et observation. À ce titre, la tenue anticipée d’une concertation inter-congolaise offrirait une plateforme idoine pour calibrer l’assistance et répartir les responsabilités entre gouvernement, opposition et société civile.
La diplomatie électorale comme vecteur de stabilité
En misant sur un consensus endogène, Brazzaville renforce son image d’acteur engagé dans la prévention des crises. Plusieurs chancelleries, dont celles de l’Union européenne, voient dans cet appel au dialogue une opportunité de consolider la trajectoire de stabilité régionale. Sur le plan interne, la présidence de la République rappelle régulièrement que la légitimité des institutions s’affermit lorsque la compétition politique se résout dans les urnes et non dans la rue. La concertation projetée pourrait donc servir de laboratoire d’idées, incluant des thèmes comme la participation des jeunes, la sécurisation du cyberespace électoral ou la représentativité féminine. Autant de chantiers susceptibles de renforcer la cohésion nationale.
Cap sur 2026: entre attentes populaires et engagements institutionnels
À moins d’un an de l’échéance présidentielle, les signaux convergent vers une préparation inclusive. Les organisations de la Coraged se disent prêtes à contribuer à la rédaction d’un code de bonne conduite, tandis que le gouvernement réaffirme son intention de respecter le calendrier constitutionnel. Dans la perspective diplomatique, l’élection de 2026 apparaît comme un jalon essentiel pour conforter la position du Congo-Brazzaville sur la scène sous-régionale, notamment au sein de la CEEAC. En filigrane, la concertation nationale visée incarne la volonté de transformer la compétition politique en un exercice de responsabilité collective, où chaque acteur, fort de ses convictions, concourt à la promotion de la paix et au rayonnement de la République.