Une audience axée sur la solidarité médicale
Dans son bureau du ministère de la Coopération internationale, Denis Christel Sassou Nguesso a reçu l’ambassadrice extraordinaire et plénipotentiaire de Cuba, Indira Napoles Coello. L’entretien, qualifié de « fructueux » par les deux parties, a porté sur l’actualisation d’une collaboration emblématique dans les secteurs vitaux de la santé et de l’éducation.
Le ministre a salué « l’engagement constant du gouvernement cubain aux côtés du Congo » et souligné que l’appui technique de La Havane reste un repère professionnel et humain pour les hôpitaux congolais. Sur son compte X, il a affirmé la volonté partagée de « renforcer une histoire commune et l’aligner sur les priorités nationales ».
Soixante ans de coopération exemplaire
Nouée au début des années 1960, la relation Brazzaville-La Havane s’est d’abord illustrée dans le domaine médical, avant d’irriguer d’autres pans de la vie publique congolaise. Les échanges ont résisté aux évolutions régionales et démontrent, selon les diplomates, la pertinence du principe de solidarité sud-sud.
À travers des brigades de médecins cubains et l’accueil d’étudiants congolais dans les universités de l’île, le dispositif partenarial a progressivement constitué un socle institutionnel. Il éclaire aujourd’hui l’ambition du Congo d’atteindre la couverture sanitaire universelle et de renforcer son capital humain.
Des médecins congolais formés à La Havane
Depuis 2013, plusieurs centaines de jeunes Congolais bénéficient chaque année de bourses pour suivre un cursus complet de médecine à Cuba. Les programmes comprennent un volet pratique intensif, réputé pour sa rigueur scientifique et son sens du service communautaire.
La première cohorte, forte de 431 diplômés, est rentrée au pays en juillet 2020 après six années d’études. Désormais internes, ces praticiens s’immergent dans les structures hospitalières congolaises afin de maîtriser les réalités sanitaires locales et d’apporter des approches cliniques innovantes acquises outre-mer.
Renforcement des hôpitaux congolais
Les lauréats cubains ont été déployés dans les CHU de Brazzaville et Pointe-Noire, mais aussi dans les hôpitaux généraux de Dolisie, Owando ou Inongo, réduisant les inégalités de prise en charge entre centres urbains et zones intermédiaires.
Plusieurs médecins cubains poursuivent parallèlement leurs missions au Congo. Chirurgiens cardiovasculaires, anesthésistes ou pédiatres appuient les équipes locales et encadrent les nouveaux internes. Pour le Dr Maria Estévez, spécialiste cubaine en néonatologie, « cette complémentarité accélère le transfert de compétences et consolide la qualité des soins ».
Priorité à l’éducation scientifique
Au-delà de la santé, la coopération s’étend à l’enseignement supérieur. Des accords prévoient la mise en place de cursus conjoints en biomédecine, ingénierie sanitaire et pédagogie des sciences, renforçant les facultés congolaises et stimulant la recherche appliquée.
L’université Marien Ngouabi planche ainsi avec l’Institut supérieur de sciences médicales de La Havane sur un master bi-diplômant en santé publique numérique. Le projet, déjà validé au niveau rectoral, doit accueillir sa première promotion dès la rentrée prochaine.
Vers de nouveaux partenariats public-privé
Le portefeuille du ministre inclut désormais la promotion de partenariats public-privé innovants. Dans cette perspective, des investisseurs congolais et cubains examinent la possibilité de créer une unité de production de médicaments génériques à Kintélé, afin de réduire la facture pharmaceutique et sécuriser les chaînes d’approvisionnement.
La démarche s’inscrit dans le Plan national de développement 2022-2026, qui encourage la valeur ajoutée locale et l’emploi des jeunes diplômés. « Cuba possède un savoir-faire pharmaceutique mondialement reconnu. Le Congo offre un marché régional en expansion. L’équation intéresse le secteur privé », résume un cadre du ministère de l’Économie.
Perspectives et calendrier bilatéral
L’ambassadrice Napoles Coello a rappelé que la prochaine commission mixte se tiendra à Brazzaville avant la fin de l’année. Les délégations dresseront le bilan des actions menées, identifieront de nouveaux créneaux – notamment la médecine de spécialités rares – et planifieront des échanges de professeurs.
Pour Blaise Mavoungou, interne formé à Santiago de Cuba, « l’arrivée d’équipements et de professeurs cubains en neurochirurgie ou oncologie serait un saut qualitatif pour nos hôpitaux ». Les autorités congolaises confirment qu’elles privilégieront des axes alignés avec la stratégie nationale de santé digitale et la feuille de route de la couverture maladie universelle.
À l’issue de l’audience, Denis Christel Sassou Nguesso a assuré que « le partenariat Congo-Cuba restera un levier essentiel pour offrir à chaque citoyen un accès à des soins et à une éducation de qualité ». Un engagement qui, selon ses collaborateurs, illustre la diplomatie de résultats prônée par le gouvernement.