Réseau des associations des consommateurs en plein essor
Née en février 2016, reconnue officiellement en décembre 2022, la plateforme Rac est devenue le carrefour de la défense des droits des acheteurs au Congo-Brazzaville. Elle regroupe aujourd’hui six associations implantées de Brazzaville à Makoua, permettant une couverture quasiment nationale malgré des moyens encore modestes.
Selon son acte constitutif, l’ambition du Rac est de renforcer les capacités locales, d’échanger les bonnes pratiques et de conduire des plaidoyers conjoints auprès des institutions et des opérateurs économiques. « En unissant nos voix, nous obtenons plus d’écoute », résume un membre fondateur rencontré à Brazzaville.
Un conseil d’administration resserré et opérationnel
Le conseil d’administration est présidé par Dieudonné Moussala, figure historique de l’Association congolaise pour la défense des droits du consommateur. Il est épaulé par François Lapa-Lapa au secrétariat et par Mme Patricia Marie Estelle Loemba au poste de rapporteure, gages d’une gouvernance collégiale.
Chaque responsable conserve ses fonctions au sein de son organisation d’origine. Cette double casquette favorise la circulation d’informations de terrain vers le niveau stratégique et garantit que les décisions du Rac reflètent les réalités vécues par les usagers de services publics ou privés.
Six associations, un même objectif : la protection du client
Autour du trio dirigeant gravitent l’Observatoire congolais des droits des consommateurs de Mermans Babounga Ngondo, Actions pour la défense des intérêts du consommateur de Joël Makita, l’Association de défense des droits des consommateurs du Congo de Jean-Claude Mabiala à Pointe-Noire, Voix du consommateur de Calvin Anphieh à Ouesso et l’Association des consommateurs d’eau et d’électricité de Michellin Steve Ndjia à Makoua.
La diversité géographique et thématique de ces entités – transport, énergie, alimentation, services financiers – confère au Rac une expertise transversale. L’Institut européen de coopération et de développement les accompagne sur la formation juridique et la négociation collective.
La loi 36-2024, pierre angulaire d’une ère nouvelle
Le 11 octobre 2024 restera une date clé : la promulgation de la loi 36-2024 portant protection du consommateur. Fruit de concertations entre gouvernement, parlementaires et société civile, le texte consacre cinq droits essentiels, dont l’accès à une information fiable et la possibilité de recours.
Pour Dieudonné Moussala, cet arsenal législatif place le Congo « au niveau des standards internationaux ». Il salue « l’écoute des pouvoirs publics » et rappelle que le Rac a soumis plusieurs propositions lors des avant-projets, notamment sur la qualité des biens et services.
Le défi de la vulgarisation auprès du grand public
Si la loi existe, son appropriation reste inégale. Dans certains quartiers périphériques, le terme même de “consommateur” paraît abstrait. Le Rac prévoit une série de causeries éducatives dans les mairies et les marchés afin d’expliquer comment déposer une plainte ou exiger un étiquetage clair.
Le ministère du Commerce prépare, de son côté, des supports pédagogiques en langues locales. « Nous voulons que chaque ménagère, chaque étudiant sache qu’il peut refuser un produit défectueux », confie un cadre du département chargé de la réglementation commerciale.
Plaidoyer commun pour des marchés plus transparents
En marge des campagnes d’information, le Rac dialogue avec les opérateurs de téléphonie et d’électricité sur la clarté des factures. Le réseau réclame la mise en place d’un guichet unique des réclamations afin de réduire les délais de traitement des litiges et d’éviter les déplacements coûteux.
Ces démarches s’inscrivent dans la volonté gouvernementale d’améliorer le climat des affaires. Des représentants du patronat estiment que « la visibilité des règles profite autant aux entreprises qu’aux clients », créant un cercle vertueux pour la croissance intérieure.
Ouverture sous-régionale via la Fédération Cemac
Le 12 février 2025, le Rac a franchi une étape supplémentaire en signant la convention créant la Fédération des associations des consommateurs des produits et services financiers de la Cemac. M. Moussala y occupe le poste de deuxième secrétaire général, preuve de la crédibilité acquise à l’échelle régionale.
Cette fédération vise à harmoniser les actions dans les six pays membres, notamment sur la transparence des frais bancaires et des taux d’intérêt. Des études comparatives permettront de formuler des recommandations communes aux régulateurs monétaires.
Cap sur 2025 : renforcer les partenariats et les outils
Parmi les priorités du prochain exercice figurent la création d’un observatoire numérique des prix, le renforcement des laboratoires d’analyse alimentaire et la formation de médiateurs communautaires. Des discussions sont ouvertes avec des start-up locales pour développer une application mobile d’alertes consommateurs.
Le Rac souhaite également consolider son financement. Des pourparlers sont en cours avec des partenaires techniques internationaux afin de diversifier les sources, tout en préservant l’indépendance de la plateforme. « Chaque franc doit servir la cause des citoyens », souligne le trésorier du réseau.
Un rôle pivot entre État, entreprises et citoyens
En moins d’une décennie, le Rac s’est imposé comme interlocuteur incontournable dans le dialogue social et économique. Sa capacité à conjuguer expertise juridique, action de terrain et relais institutionnels en fait un acteur clé pour le développement d’un marché plus équitable.
Le succès de la loi 36-2024 et l’ancrage obtenu dans la Cemac illustrent la maturité grandissante de la société civile congolaise. Pour les jeunes générations hyperconnectées, la défense des droits du consommateur devient un thème fédérateur, synonyme de citoyenneté économique.
