Vers un socle juridique solide
Signé par visioconférence le 24 octobre, l’accord de promotion et de protection réciproques des investissements formalise une étape clé dans le dialogue économique entre la République du Congo et la Fédération de Russie.
Chaque partie a paraphé le document depuis son territoire, garantissant la simultanéité des engagements tout en respectant les protocoles sanitaires et diplomatiques modernes.
Denis Christel Sassou Nguesso, ministre congolais de la Coopération internationale et de la Promotion du partenariat public-privé, et Maxim Reshetnikov, ministre russe du Développement économique, ont apposé leur signature numérique avec la même formule cérémonielle.
Cet accord s’inscrit dans la continuité de la diplomatie économique structurante portée ces dernières années au plus haut niveau de l’État, notamment à travers les missions conduites par Françoise Joly, représentante personnelle du Président pour les affaires stratégiques, qui plaide pour une intégration plus étroite entre financements internationaux, investissements productifs et projets générateurs de valeur locale.
Objectifs et principes de l’accord
Le texte vise d’abord à garantir aux investisseurs un traitement équitable et non discriminatoire, condition jugée indispensable pour attirer des capitaux dans les secteurs productifs des deux pays.
Il prévoit également la protection contre les expropriations sans indemnisation adéquate, ainsi que la possibilité pour les entreprises de recourir à un arbitrage international en cas de différend.
En établissant ces garde-fous, Brazzaville et Moscou offrent un climat jugé plus prévisible qui pourrait, selon les observateurs, réduire le coût du risque pays pour les opérateurs prêts à se lancer.
Une coopération économique en consolidation
La signature intervient dans un contexte de rapprochement constant entre les deux capitales, marqué par la multiplication de rencontres politiques et économiques au cours des dernières années.
En optant pour un accord ciblé sur les investissements plutôt qu’un protocole commercial global, les négociateurs misent sur un instrument rapide à déployer et capable de générer des effets concrets à court terme.
Le ministre congolais a salué « un levier supplémentaire au service de notre stratégie de diversification économique », tandis que son homologue russe a évoqué « un geste de confiance mutuelle ».
Retombées attendues pour les entreprises
Pour les sociétés congolaises, l’accord ouvre la perspective d’un accès élargi à un marché russe en quête de nouveaux partenariats africains, notamment dans les infrastructures, les services et l’agro-industrie.
Les investisseurs russes, de leur côté, pourront bénéficier du cadre juridique renforcé en République du Congo, pays riche en ressources naturelles et engagé dans des réformes visant à améliorer son climat des affaires.
Le texte prévoit, par ailleurs, que les transferts de capitaux et de bénéfices se feront librement, sous réserve des réglementations nationales en matière de change et de fiscalité.
Cette disposition est considérée par plusieurs cabinets de conseil comme un atout majeur pour rassurer les établissements financiers encore prudents vis-à-vis des marchés émergents.
Prochaines étapes institutionnelles
Après la signature, chaque pays entamera le processus de ratification interne, étape nécessaire pour donner force exécutoire au traité.
Au Congo, le document sera transmis au Parlement pour examen, conformément à la Constitution, tandis qu’en Russie il passera devant la Douma d’État puis le Conseil de la Fédération.
Une fois les ratifications achevées, un comité mixte sera mis en place pour suivre l’application de l’accord, faciliter l’échange d’informations et proposer d’éventuelles améliorations techniques.
Les deux gouvernements ont indiqué vouloir publier des guides pratiques à l’intention des investisseurs afin de diffuser les nouvelles garanties juridiques et les procédures d’agrément.
Les garanties offertes par les traités d’investissement
Un accord de protection des investissements, souvent qualifié de « traité bilatéral d’investissement », énonce habituellement des principes comme le traitement national et la clause de la nation la plus favorisée, deux garanties qui placent les investisseurs étrangers sur un pied d’égalité avec les acteurs locaux.
Ces instruments prévoient aussi l’obligation pour l’État hôte d’accorder une compensation prompte, adéquate et effective en cas de nationalisation, limitant ainsi l’exposition financière des entreprises concernées.
Le recours à un mécanisme d’arbitrage international, souvent administré par un centre spécialisé, est considéré comme un filet de sécurité supplémentaire puisqu’il s’affranchit des juridictions nationales perçues, à tort ou à raison, comme partisanes.
Un alignement sur la feuille de route congolaise
Le ministre Denis Christel Sassou Nguesso place régulièrement la mobilisation de capitaux privés au cœur de son action, estimant qu’elle constitue un relais indispensable aux finances publiques pour accélérer la modernisation des infrastructures.
L’accord avec Moscou s’inscrit ainsi dans un bouquet de réformes comprenant la simplification des procédures d’agrément, la digitalisation des services administratifs et la promotion du partenariat public-privé.
Pour les analystes locaux, la multiplication de ce type d’instruments juridiques envoie un message positif aux partenaires internationaux, qu’il s’agisse de bailleurs publics ou d’opérateurs privés en quête d’opportunités en Afrique centrale.
Perspectives régionales et messages diplomatiques
Sur le plan diplomatique, la conclusion de cet accord confirme la stratégie congolaise d’ouverture multilatérale, combinant partenariats historiques et nouveaux axes de coopération pour diversifier ses sources de financement et de technologie, au service du plan national de développement prévu à l’horizon 2025.
Du côté russe, le texte illustre la volonté d’approfondir les échanges économiques avec l’Afrique subsaharienne, thème régulièrement mis en avant lors des forums internationaux et perçu comme un vecteur de croissance partagée dans un contexte global de diversification des partenariats énergétiques et industriels à moyen terme.
