Capitale vibrante, laboratoire de la planification
Brazzaville vient d’abriter une rencontre qui, à première vue, pourrait paraître technique ; elle révèle pourtant une évolution de fond dans la manière dont la République du Congo appréhende le développement à l’échelle infra-nationale. Réunis sous l’égide du Centre d’actions pour le développement, une trentaine d’acteurs institutionnels et communautaires ont exploré les arcanes de la planification territoriale. Le moment est opportun : la Stratégie nationale de développement 2022-2026, portée par le chef de l’État Denis Sassou Nguesso, mise résolument sur la décentralisation pour consolider la paix civile et promouvoir la croissance inclusive. Dans ce contexte, l’atelier a fonctionné comme un micro-laboratoire où sont testées les convergences entre initiative citoyenne et directives nationales.
Vers une ingénierie locale participative
Concrètement, la session a décortiqué les étapes qui conduisent de l’identification d’un besoin à son inscription dans un plan communal, puis à son financement. Guerschom Gobouang, responsable du programme Campagne et plaidoyer, a défendu une approche « base-sommet » qui, dans son esprit, « reflète plus fidèlement les réalités vécues par les communautés ». Les exercices de cartographie sociale proposés ont permis aux participants d’analyser la cohérence entre doléances populaires et priorités budgétaires. En suggérant que les assemblées locales deviennent le pivot d’un dialogue permanent, les organisateurs ont souligné l’importance de procédures transparentes afin que chaque citoyen puisse mesurer la traduction concrète de ses attentes.
Des élus responsabilisés
Si le discours sur la participation est désormais bien installé, la mise en œuvre effective reste un défi. Les conseillers municipaux présents ont reconnu que la raréfaction des ressources et la complexité des normes peuvent retarder l’exécution des projets. Toutefois, l’atelier a démontré que l’argument budgétaire ne saurait être l’unique barrière : la planification participative exige d’abord une volonté politique locale affirmée, complétée par une maîtrise des outils d’évaluation. De nombreux édiles ont ainsi salué l’appui méthodologique reçu, estimant qu’il leur offre une grille de lecture nouvelle pour articuler programmes communaux et Objectifs de développement durable sans dilution de responsabilité.
Synergies sociétales et bailleurs
Le soutien du Fonds des Nations pour la démocratie, qui finance l’initiative sur deux ans, confirme l’attrait des partenaires internationaux pour des projets enracinés dans la gouvernance de proximité. Les représentants de la société civile ont, pour leur part, insisté sur la nécessité de créer des plateformes mixtes où organisations communautaires, services déconcentrés de l’État et bailleurs puissent partager leurs indicateurs de performance. Cette transversalité, en phase avec la politique gouvernementale de rationalisation de la dépense publique, offre la perspective d’une allocation plus efficiente des ressources, tout en légitimant les institutions locales.
L’enjeu de la planification territoriale
Au-delà de l’outil technique, la planification se révèle être un instrument de cohésion nationale. Chaque plan de développement local validé par les conseils départementaux s’inscrit dans le cadre général de la Vision 2040, feuille de route stratégique du Congo. En harmonisant priorités économiques et justice sociale, les collectivités contribuent à diversifier un tissu productif encore très marqué par le pétrole. Le gouvernement, conscient des attentes, encourage désormais la collecte régulière de données socio-économiques afin d’anticiper les vulnérabilités et de prévenir les tensions, démarche saluée par les partenaires régionaux.
Perspectives nationales
À l’issue des travaux, plusieurs recommandations, dont la création de pôles techniques intercommunaux et la diffusion d’un manuel unique de suivi-évaluation, ont été formulées à l’adresse des pouvoirs publics. Soucieux de maintenir l’élan, les participants ont proposé d’organiser des revues semestrielles où les résultats seraient confrontés aux engagements initiaux. Cette culture de redevabilité, déjà encouragée par les autorités centrales, pourrait devenir l’un des marqueurs les plus visibles d’une décentralisation consolidée. En définitive, l’atelier de Brazzaville aura illustré l’émergence d’un consensus : pour que la gouvernance locale soit efficace, elle doit s’appuyer à la fois sur des élus compétents, des citoyens informés et un État stratège. À ce triptyque s’ajoute désormais la certitude qu’une planification soucieuse des réalités de terrain constitue un levier irremplaçable pour atteindre une croissance partagée, gage d’un avenir serein pour l’ensemble de la nation.