Sport et soft power congolais
La désignation de Messie Jessie Oved Nkounkou Mvoutou et de Chany Yanès Malondi pour officier lors de la phase finale du Championnat d’Afrique des nations 2024 excède le simple cadre sportif : elle s’inscrit dans la stratégie de rayonnement du Congo-Brazzaville, soucieux de projeter une image de rigueur et de fiabilité sur l’échiquier continental.
CHAN 2024, vitrine est-africaine
Prévu du 2 au 30 août au Kenya, en Ouganda et en Tanzanie, le tournoi rassemblera seize sélections locales et plusieurs dizaines de décideurs fédéraux. Dans cet environnement hautement médiatisé, chaque coup de sifflet portera la signature d’un pays, d’où l’attention portée par Brazzaville à la préparation de ses officiels.
Processus de sélection CAF
Selon la Confédération africaine de football, la short-list des arbitres est établie au terme d’un cycle de tests physiques, de séminaires techniques et d’évaluations vidéos menés sur deux ans. Le choix de deux profils congolais traduit, de l’avis de plusieurs observateurs, la progression qualitative du corps arbitral national depuis une décennie.
Trajectoire de Nkounkou
Déjà présent lors de la précédente édition disputée en Algérie, Nkounkou a su convertir cette première expérience en un capital de crédibilité. Son sens de la lecture tactique et son aisance linguistique l’ont fait remarquer lors des ateliers d’Antalya de 2023 consacrés à l’assistance vidéo, compétence devenue incontournable au plus haut niveau.
Premiers pas continentaux de Malondi
Pour Malondi, 32 ans, la convocation constitue un baptême du feu à cette échelle. Formé à Pointe-Noire puis régulièrement noté parmi les meilleurs de la Ligue nationale, il a convaincu par la constance de ses performances et par une gestion des temps faibles qui, aux dires d’un instructeur technique de la CAF, « sécurise la fluidité du jeu ».
Fécofoot, tutorat institutionnel
Consciente des enjeux réputationnels, la Fédération congolaise de football a remis aux deux officiels des kits professionnels et surtout un mandat : incarner l’équité. « Nous pensons que les deux arbitres feront notre fierté pendant cette compétition », a souligné le président Jean Guy Blaise Mayolas lors d’une cérémonie sobre mais symboliquement forte à Brazzaville.
Professionnalisation de l’arbitrage national
Cette démarche s’inscrit dans le programme de modernisation lancé en 2021 qui prévoit la mise en place d’un centre national de l’arbitrage et l’augmentation des indemnisations hebdomadaires. Aux yeux des bailleurs multilatéraux qui accompagnent le projet, la présence récurrente d’arbitres congolais sur les grandes compétitions constitue un indicateur de succès.
Implications diplomatiques et régionales
Au-delà du rectangle vert, la diplomatie sportive congolaise s’appuie sur ces nominations pour renforcer ses alliances au sein de la zone CECAFA et consolider la candidature commune avec le Gabon à l’organisation d’un futur tournoi sous-régional. Le capital confiance engrangé par des arbitres respectés facilite en outre les dossiers d’échange de bonnes pratiques.
Objectifs à moyen terme pour les sifflets congolais
À court terme, l’objectif est de passer les quarts de finale du Chan sans controverse ; à moyen terme, Fécofoot ambitionne de voir ses référés accéder au carré d’as de la Ligue des champions africaine. Cette trajectoire supposerait une exposition régulière aux innovations technologiques, dont la VAR semi-automatisée testée par la FIFA.
Cap sur Nairobi, Kampala et Dar es Salaam
À moins de cent jours du coup d’envoi, Nkounkou et Malondi peaufinent leur préparation physique sous la tutelle d’experts français et assistent virtuellement aux modules de l’IFAB. Le Congo-Brazzaville espère transformer leur performance en argument d’influence, démontrant que l’expertise locale, soutenue par la volonté politique, peut se hisser au niveau d’excellence exigé par la scène africaine.