Danone s’invite au cœur des stades africains
Scellé à Brazzaville le 17 juillet, l’accord stratégique entre la Confédération africaine de football et le groupe Danone installe l’entreprise agro-alimentaire dans l’architecture des deux prochaines Coupes d’Afrique des nations, prévues au Maroc et en Tanzanie. Au-delà du prestige d’un partenariat évalué, selon des observateurs proches du dossier, à plusieurs millions d’euros de visibilité médiatique, l’entente prévoit la mise à disposition de gammes laitières adaptées aux besoins énergétiques des joueurs, des dix mille bénévoles mobilisés et des cinq mille journalistes accrédités. Par cette présence massive sur le terrain, Danone s’assure un ancrage auprès des consommateurs, tandis que la CAF muscle son dispositif logistique sans grever ses propres ressources.
Nutrition et diplomatie sportive en synergie
L’alliance illustre la montée en puissance de la diplomatie sportive comme outil de santé publique sur le continent. Le président de la CAF, le Dr Patrice Motsepe, a salué un engagement « porteur d’efficacité collective », soulignant que « la confiance d’acteurs industriels mondialement respectés conforte le projet d’un football africain catalyseur de développement ». En vertu de l’accord, Danone déploiera des caravaniers nutritionnels chargés de sensibiliser les supporters aux vertus d’une alimentation équilibrée. Pour Koffi Koua, consultant en santé globale au Centre africain de prospective, « le football offre une caisse de résonance inégalée ; adosser la nutrition à la passion populaire, c’est faire entrer la prévention par la grande porte ». De fait, chaque match deviendra une agora où s’entrecroiseront messages de santé et émotions sportives, une hybridation qui nourrit aussi le soft power des pays hôtes, au premier rang desquels le Congo-Brazzaville, soucieux de promouvoir une image de carrefour sportif et sanitaire.
Le Championnat scolaire, incubateur de capital humain
Le dispositif ne se limite pas aux grandes enceintes. Dans le sillage du Championnat scolaire africain, des kits pédagogiques conçus avec des nutritionnistes et validés par les ministères de l’Éducation physique des pays partenaires seront distribués aux établissements participant aux phases régionales. L’enjeu dépasse la seule transmission de connaissances : il s’agit de bâtir une génération d’ambassadeurs de modes de vie sains, à même de diffuser ces bonnes pratiques dans leurs communautés. À Brazzaville, les autorités éducatives voient dans l’initiative un prolongement naturel de la politique ministérielle « École en santé », inscrite dans le Plan national de développement, que le président Denis Sassou Nguesso a récemment appelé à consolider par des partenariats public-privé « innovants et responsables ». Dans ce cadre, la CAF et Danone apparaissent comme des facilitateurs, capables de lier impératif éducatif et attractivité du spectacle sportif.
Une confiance renouvelée envers l’instance continentale
Aux yeux des analystes financiers, la séquence confirme la crédibilité retrouvée de la CAF sur les marchés. Après une phase de turbulences institutionnelles, l’instance de Johannesburg affiche des comptes certifiés et attire des marques premium, de TotalEnergies à Visa. Danone, en se joignant au cercle, envoie un signal fort : l’écosystème du football africain est désormais perçu comme un support marketing fiable et mesurable. Cette évolution bénéficie indirectement aux États, dont les fédérations peuvent négocier de meilleures retombées économiques. Le Congo-Brazzaville, hôte régulier de soirées qualificatives, anticipe déjà un accroissement des recettes touristiques et des investissements dans les infrastructures d’accueil, éléments essentiels de sa diplomatie économique régionale.
Vers un modèle de développement durable par le sport
Les parties prenantes affirment vouloir inscrire la coopération dans le long terme, en intégrant l’Agenda 2063 de l’Union africaine. Danone, qui a fait de la neutralité carbone un marqueur, ambitionne d’aligner la logistique événementielle sur des standards environnementaux élevés : emballages recyclables, chaîne du froid optimisée, soutien à la filière laitière locale pour réduire l’empreinte transport. La CAF, de son côté, entend capitaliser sur cet appui pour généraliser des cahiers des charges durables aux compétitions futures. Dans une région d’Afrique centrale encore marquée par des défis nutritionnels, l’alliance ouvre ainsi une fenêtre d’opportunité : substituer la rhétorique des promesses à une action concrète, mesurable et inclusive. À l’horizon 2025, le bilan attendu mêlera indicateurs de performance sportive, diminution des carences alimentaires chez les jeunes publics ciblés et consolidation de la réputation de la sous-région comme plate-forme de grands événements. De quoi nourrir, au sens propre comme au figuré, une diplomatie sportive africaine plus robuste et plus harmonieuse.