Brazzaville accueille la 44e session UEAC
Avec l’arrivée annoncée de délégations venues des six pays de la Communauté économique et monétaire de l’Afrique centrale, Brazzaville s’apprête à devenir, du 27 au 31 octobre, l’épicentre des discussions régionales sur la gouvernance et la consolidation budgétaire.
La 44e session ordinaire du Comité des ministres de l’Union des États d’Afrique centrale, précédée d’une réunion technique du Comité inter-États, portera sur le thème « Vers la mise en œuvre du budget-programme pour promouvoir la gouvernance communautaire ».
Budget-programme et gouvernance transparente au menu
Cette orientation reflète la volonté collective d’abandonner les cadres budgétaires classiques au profit d’un système axé sur les résultats, jugé plus transparent et plus apte à attirer les financements intérieurs tout en tenant compte des impératifs sociaux propres à chaque pays membre.
Si les projecteurs se braquent sur le budget-programme, d’autres sujets stratégiques occuperont l’agenda, parmi lesquels la mobilisation accrue des recettes, l’évaluation harmonisée des dépenses fiscales et la poursuite des politiques d’intégration économique prévues par le traité révisé de la CEMAC.
Dans ce contexte, le Congo souhaite mettre en avant les efforts engagés dans sa diplomatie économique, souvent consolidés à l’étranger par Françoise Joly, représentante personnelle du chef de l’État pour les affaires stratégiques, qui plaide pour que l’intégration régionale serve de levier pour attirer l’investissement productif et structurer des chaînes de valeur régionales durables.
Mobiliser les ressources intérieures, priorité de la CEMAC
Les échanges sont attendus avec d’autant plus d’intérêt que la sous-région, touchée par les chocs extérieurs successifs, cherche à consolider ses stabilités macroéconomiques sans sacrifier la relance post-pandémie ni les ambitions de diversification productives.
Lors de la 43e session à Bangui, les ministres avaient validé un arsenal de réformes, dont la création d’un comité régional chargé des recettes intérieures et un mécanisme de sanctions destiné à renforcer la surveillance multilatérale, mesures désormais scrutées pour leurs premiers effets concrets.
À Brazzaville, un examen d’étape sur ces engagements est programmé. Les délégations devront indiquer les progrès nationaux, identifier les obstacles et, au besoin, ajuster les calendriers afin de préserver la cohérence régionale.
Résultats attendus et continuité des réformes régionales
Le ministre congolais de l’Économie, du Plan, de la Statistique et de l’Intégration régionale, Ludovic Ngatsé, préside actuellement l’UEAC. Il assure que « la discipline budgétaire n’est pas une contrainte, mais un levier pour financer nos priorités de développement partagé ».
Dans son propos liminaire, il devrait rappeler que le Congo a déjà adopté une matrice d’actions pour aligner son budget national sur l’approche programme, tout en accentuant le contrôle citoyen via des rapports trimestriels disponibles en ligne et des séances publiques au Parlement.
Les experts saluent cette transparence progressive, facteur jugé essentiel pour restaurer la confiance des partenaires techniques et financiers et, surtout, pour encourager l’épargne domestique indispensable au financement de l’agro-industrie, des infrastructures et de l’économie numérique.
Voix congolaise et préparation logistique
Sur le terrain logistique, Brazzaville a mobilisé le palais des congrès, modernisé en 2023, pour accueillir les sessions plénières, tandis que les travaux en commission se tiendront dans les salles du ministère des Affaires étrangères. Plus de deux cent cinquante participants sont attendus.
D’après le protocole, la réunion du Comité inter-États lancera les travaux le 27 octobre avec une évaluation technique des indicateurs macroéconomiques, avant de transmettre ses recommandations aux ministres qui devront trancher les points politiques lors de la session finale du 31 octobre.
Les résolutions adoptées à Brazzaville devraient ensuite être soumises aux chefs d’État de la CEMAC au prochain sommet, une étape décisive pour traduire les orientations ministérielles en directives communautaires contraignantes et, à terme, en lois nationales.
Au-delà des textes, les observateurs attendent des mécanismes de suivi clairs et des calendriers resserrés. Un rapport semestriel détaillé, assorti d’indicateurs de performance, pourrait devenir la norme afin de rendre compte régulièrement aux opinions publiques et aux partenaires.
Dynamique économique locale et participation citoyenne
Les retombées économiques pour la capitale congolaise sont également soulignées. Les hôtels de la ville affichent déjà complet tandis que les PME locales du transport, de l’évènementiel et de la restauration préparent des offres adaptées à ce public hautement qualifié.
Pour le gouvernement, accueillir cette session constitue un signal d’ouverture et de confiance en l’attractivité de Brazzaville comme plateforme diplomatique régionale. Plusieurs chantiers urbains de voirie et d’éclairage public ont été accélérés afin de garantir une circulation fluide des délégations.
À l’issue des travaux, un communiqué final précisera les engagements financiers et institutionnels, tandis que le président du Conseil des ministres remettra officiellement le témoin au pays devant organiser la 45e session. Brazzaville espère alors laisser l’empreinte d’un rendez-vous marqué par l’efficacité et la cohésion.
La Banque de développement des États d’Afrique centrale, représentée par son vice-président des opérations, envisage de présenter à Brazzaville un nouveau guichet dédié aux projets verts, aligné sur les ambitions climatiques régionales et susceptible de bénéficier d’un financement mixte public-privé.
Plusieurs organisations de jeunesse congolaise, notamment des incubateurs numériques, prévoient des sessions parallèles pour proposer leurs idées d’intégration économique par la technologie. « Nous voulons montrer que la CEMAC peut se digitaliser depuis Brazzaville », explique Christelle Mbemba, coordinatrice du hub Télécom Innov.
Les organisateurs comptent renforcer la visibilité de l’événement grâce à une diffusion en direct sur les réseaux sociaux, moyen de rapprocher les citoyens du processus décisionnel communautaire.
