Une frappe éclair qui précipite douze jours de brasier régional
Dans la nuit du 13 juin 2025, plus de deux cents chasseurs israéliens ont traversé l’espace aérien régional pour détruire des cibles militaires et nucléaires stratégiques iraniennes, notamment le complexe de Natanz. L’opération, planifiée dans le plus grand secret, a coûté la vie à plusieurs hauts responsables militaires et scientifiques de Téhéran. En quelques heures, l’ombre longtemps feutrée de la guerre par procuration a fait place à un affrontement direct inédit entre les deux puissances rivales.
Les racines d’un choix de force côté israélien
Le raid s’inscrit dans la rupture des négociations nucléaires survenue la veille, après l’expiration de l’ultimatum américain de soixante jours. Israël a estimé que l’enrichissement iranien à 60 % et l’affaiblissement du réseau de proxys de Téhéran – essorillé par les fronts de Gaza et du Liban – ouvraient une brève fenêtre d’action pour empêcher l’irréversibilité du programme nucléaire adverse. À Jérusalem, le discours officiel a présenté la frappe comme un acte de légitime défense anticipée, destiné à éviter « un point de non-retour ».
Escalade contrôlée et paralysie onusienne
Face aux bombardements, l’Iran a répondu par des salves de missiles balistiques et de drones visant des centres urbains et des positions militaires israéliens. Le neuvième jour, l’engagement direct des États-Unis attaquant des sites nucléaires iraniens a accentué l’embrasement. Pourtant, la confrontation est demeurée contenue : chaque camp a calibré ses ripostes pour éviter la rupture totale. Au Conseil de sécurité, deux narratifs inconciliables se sont figés : Washington justifiant son allié, plusieurs capitales européennes se bornant à exprimer leur inquiétude sans condamner explicitement, tandis que les initiatives de médiation se heurtaient au veto croisé des puissances.
Le BRICS entre condamnations fermes et silences éloquents
Sur cette scène déjà encombrée, le BRICS – élargi depuis Johannesburg – a vu son influence géopolitique placée sous projecteur. Moscou a qualifié l’attaque d’« injustifiable » sur tous les plans, Pékin a dénoncé la violation de la souveraineté iranienne en s’appuyant sur sa présidence de l’Organisation de coopération de Shanghai. Brasília a rappelé le droit international, Pretoria a insisté sur la protection des civils, Le Caire a mobilisé vingt-et-une capitales arabes et islamiques contre l’escalade, Jakarta a alerté sur les menaces pour la stabilité régionale.
À l’inverse, New Delhi a adopté une posture d’équilibriste, plaidant pour le dialogue afin de ménager ses partenariats énergétiques avec Téhéran et ses coopérations sécuritaires avec Israël. Abou Dhabi a gardé des canaux discrets ouverts tout en se joignant à l’initiative égyptienne, et Addis-Abeba est restée muette, reflet de relations bilatérales privilégiées avec Jérusalem. Ces dissonances ont débouché, le jour même du cessez-le-feu, sur une déclaration commune évitant soigneusement de nommer Israël tout en condamnant les frappes sur le territoire iranien. La recherche du plus petit dénominateur commun l’a emporté sur la tentation d’une ligne dure.
La prudence structurelle d’un forum plus économique que sécuritaire
Cette séquence confirme que le BRICS, né d’un agenda de coopération financière, aborde la sécurité collective avec une circonspection presque organique. Le principe du consensus, si utile pour articuler des projets d’infrastructures ou de développement, se mue en frein dès lors qu’il s’agit de qualifier juridiquement une action militaire. Chaque capitale pèse les conséquences sur ses propres marchés et ses alliances régionales avant d’apposer sa signature sous une condamnation nette. Au final, les relations bilatérales ont primé sur la solidarité multilatérale ; le poids économique du bloc ne s’est pas traduit en capacité contraignante.
Quels horizons pour le sommet de Rio ?
À l’approche du rendez-vous de Rio, les diplomates s’attendent à un communiqué final prudent, calibré pour éviter de rouvrir la plaie israélo-iranienne. Des expressions telles que « respect du droit international », « réduction des tensions » ou « primauté du règlement pacifique » devraient dominer la prose, sans engagements concrets sur un mécanisme de sécurité collective alternative. Si l’élargissement du bloc lui confère une masse démographique et financière considérable, la crise de juin 2025 rappelle qu’aucune arithmétique économique ne saurait, à elle seule, forger une unité stratégique.
Nombre d’observateurs voient pourtant dans cette retenue une forme de maturité : là où d’autres organisations s’enlisent dans des déclarations flamboyantes sans prise sur les événements, le BRICS préfère agir en coulisse, multiplier les canaux de désescalade et préserver la flexibilité de ses membres. La ligne sera fine entre prudence constructive et inertie perçue, mais elle déterminera la crédibilité future du forum sur les enjeux de sécurité mondiale.