Un Conseil des ministres sous le signe de la cohérence
Dans la salle des conférences du Palais du Peuple, le Président Denis Sassou Nguesso a ouvert la séance en rappelant que « la crédibilité internationale d’un État se mesure à la constance de ses politiques publiques ». En vingt-trois points d’ordre du jour, le gouvernement a déroulé une feuille de route articulée autour de trois pôles : durabilité, numérisation et résilience sanitaire. Observateurs et chancelleries notent la volonté d’inscrire ces chantiers dans une trajectoire compatible avec les réformes déjà saluées par la Banque africaine de développement et la CEMAC, signe d’une recherche d’alignement entre priorités nationales et standards régionaux.
Gouvernance environnementale : l’ambition d’un cadre consolidé
L’abrogation du décret de 2009 sur les études d’impact au profit d’un texte adossé à la loi de novembre 2023 marque, selon la ministre Arlette Soudan-Nonault, « un saut qualitatif dans le contrôle des externalités ». Désormais, chaque promoteur devra intégrer un volet santé publique dans son diagnostic initial, tandis que l’administration disposera de pouvoirs de suspension des chantiers non conformes. L’approche, inspirée de la jurisprudence de l’Agence européenne pour l’environnement, illustre le souhait de Brazzaville d’anticiper les exigences de la COP30 et de fidéliser les bailleurs climat. Pour les diplomates présents, la mesure conforte le narratif d’un Congo « puits de carbone » qui négocie efficacement sa coopération verte.
Codification postale et économie numérique : cap sur l’inclusion
Le décret porté par le ministre Léon Juste Ibombo introduit un système de codes postaux à six chiffres aligné sur les normes de l’Union postale universelle. Au-delà de la fluidification du courrier, l’enjeu est clairement logistique : offrir une adresse normalisée à 80 % de la population d’ici 2028 pour soutenir l’essor du commerce électronique et de la fintech domestique. Les missions diplomatiques partenaires y voient une pièce maîtresse de l’attractivité économique, la précision géographique devenant un critère déterminant pour les investisseurs du dernier kilomètre. Les premiers tests à Makélékélé et Poto-Poto témoignent déjà d’un raccourcissement des délais de livraison, indicateur suivi de près par le ministère des Finances.
Stabilité budgétaire : un cap rassurant pour les partenaires
Le rapport du ministre Christian Yoka sur l’exécution budgétaire du premier trimestre 2025 fait état d’un déficit contenu à 1,8 % du PIB, soit une amélioration de 0,7 point sur un an. Le Cadre budgétaire à moyen terme 2026-2028 prolonge cette discipline par un double verrou : maintien des investissements prioritaires sous 20 % des dépenses et dématérialisation de 70 % des procédures fiscales. « La soutenabilité est la meilleure diplomatie économique », a commenté le chef de l’État, avant d’inviter son gouvernement à « cultiver un environnement d’affaires sans surprises ». Les ambassades concernées par la promotion des échanges notent que la trajectoire congo-brazzavilloise s’inscrit désormais dans les ratios attendus par le FMI pour les pays à revenu intermédiaire.
Sécurité aérienne et veille sanitaire : deux vigies, une même exigence
À trois mois de l’audit de l’Organisation de l’aviation civile internationale, le ministre des Transports a détaillé un plan de montée en puissance : acquisition d’équipements de radionavigation pour Maya-Maya, certification du personnel et mise à jour des manuels d’exploitation. Objectif annoncé : dépasser les 75 % de conformité, seuil jugé stratégique pour la réouverture de certaines lignes directes vers l’Europe.
En parallèle, le ministre de la Santé Jean Rosaire Ibara a signalé des foyers de diarrhées aiguës dans l’île Mbamou et à Mossaka-Loukoléla. L’allocation immédiate de 248 millions de francs CFA, complétée par un appui technique de l’OMS, vise à déployer prophylaxie hydrique et campagnes de sensibilisation. L’articulation entre sécurité du ciel et biosécurité illustre une philosophie de « prévention intégrée » saluée par plusieurs agences onusiennes, convaincues que la réponse rapide limite le risque d’onde de choc socio-économique.
Nominations stratégiques et culture de la responsabilité
La désignation de Nestor Oyoukou à la tête de l’Imprimerie nationale et de Guy-Roland Ntsimba Diakabana à sa direction générale renforce le tandem pilotage-exécution, jugé indispensable pour moderniser la production des documents sécurisés. De même, l’arrivée d’Antoinette Ashley Nguesso Ambendet à l’Office de promotion de l’industrie touristique devrait accélérer la mise en valeur des circuits écologiques, complément naturel de la stratégie environnementale évoquée plus haut.
Ces nominations, scrutées par les milieux diplomatiques, sont perçues comme le prolongement d’une doctrine de gestion par résultats, doctrine qui s’appuie sur des objectifs contractualisés et un suivi trimestriel des performances.
Une diplomatie du développement assumée
En conclusion, le Conseil des ministres du 23 juillet confirme la volonté du gouvernement congolais de marier réformes internes et crédibilité externe. Qu’il s’agisse de son arsenal environnemental, de son ambition numérique ou de son sens de l’anticipation sanitaire, Brazzaville entend démontrer qu’une gouvernance stable reste la clef d’un dialogue fructueux avec ses partenaires. La feuille de route 2025-2028 dessine un horizon d’opportunités pour les investisseurs et rassure les institutions multilatérales quant à la capacité du Congo à tenir ses engagements. Les prochains mois seront déterminants pour transformer cette dynamique programmatique en bénéfices tangibles pour la population, tout en consolidant la stature internationale d’un pays qui, résolument, avance sur plusieurs fronts.