Une victoire électorale chargée de symboles
L’annonce est tombée dans un silence presque solennel : avec 53 % des suffrages, Roch Le Prince Okouele succède à une équipe sortante qui l’avait vu s’illustrer comme simple chargé de communication. La participation record, notée par les observateurs internes, traduit l’appétit de renouveau des membres de l’Association Ouenzé Intendance, structure née il y a plus de deux décennies dans l’un des quartiers populaires emblématiques de Brazzaville. L’élection, organisée simultanément à Brazzaville, Pointe-Noire et dans plusieurs villes françaises grâce à un vote dématérialisé, témoigne d’une volonté d’inclure la diaspora et de s’inscrire dans la modernisation prônée au niveau national.
Une feuille de route qui épouse la dynamique nationale
Fidèle à l’esprit de concorde encouragé par les autorités congolaises, le nouveau président a insisté sur la cohésion sociale comme clef de voûte de son mandat. Dans sa première intervention, il a repris, sans la citer, la célèbre exhortation présidentielle « ensemble, poursuivons la marche », signe d’un alignement subtil avec les priorités de développement participatif du Congo-Brazzaville. Il entend ainsi faire de l’association un relais d’initiatives locales pouvant s’articuler avec les programmes gouvernementaux de formation des jeunes, d’autonomisation des femmes et de diplomatie culturelle.
Ouenzé Intendance Évents, laboratoire d’influence douce
Au cœur du projet figure la création de Ouenzé Intendance Évents, entité dédiée à la conception de manifestations artistiques, éducatives et sociales. Cette plateforme vise à projeter une image positive du pays, dans la ligne des orientations de la diplomatie congolaise qui entend capitaliser sur la culture pour renforcer ses liens internationaux. Festivals thématiques, forums économiques de quartier, web-séries patrimoniales : autant de formats envisagés pour mobiliser sponsors et partenaires institutionnels. Pour l’analyste Clara Mankessi, spécialiste des politiques de proximité, « cette approche par les soft skills associatifs peut accroître l’attractivité de Brazzaville et consolider l’unité nationale autour de la création ». L’objectif dévoilé est double : donner de la visibilité aux talents et générer des ressources propres pour pérenniser l’action associative.
La jeunesse congolaise au centre de la stratégie
Dans un pays où la démographie reste portée par une majorité de moins de trente ans, l’appel d’Okouele résonne particulièrement. Il prévoit des sessions de mentorat, des ateliers numériques et des programmes d’engagement citoyen. « Nous voulons que chaque jeune, sur les rives du fleuve Congo comme sur celles de la Seine, puisse se sentir co-constructeur de son avenir », déclare-t-il. Cet accent sur la jeunesse fait écho aux efforts gouvernementaux pour valoriser le capital humain et réduire la fuite des cerveaux, tout en offrant aux diasporas un rôle décisif dans la consolidation sociale.
Gouvernance, contrôle et transparence renforcés
L’arrivée de Serge Miere à la présidence de la commission de contrôle et vérification, avec 57 % des voix, complète un duo attendu au tournant par les adhérents. Les nouveaux statuts, déjà en cours de finalisation, prévoient une reddition de comptes trimestrielle et l’audit public des partenariats. Cette démarche, conforme aux standards de bonne gouvernance encouragés par les institutions nationales, vise à rassurer donateurs et collectivités. Elle traduit aussi la maturation d’un mouvement qui, de mutuelle d’entraide, se transforme progressivement en acteur sociétal capable d’intervenir sur le terrain de la diplomatie communautaire.
Vers un rayonnement local et international accru
Les premiers mois du mandat s’annoncent décisifs. L’équipe entend lancer un festival des arts urbains à Ouenzé, puis une table ronde à Paris sur le rôle des diasporas dans l’Agenda 2063 de l’Union africaine. Autant d’initiatives qui devraient, selon les observateurs, favoriser un dialogue constructif entre la base associative, les autorités congolaises et les partenaires extérieurs. Alors que Brazzaville consolide sa place dans la diplomatie régionale, la success-story attendue d’Ouenzé Intendance pourrait devenir un cas d’école, démontrant qu’une organisation de quartier peut épouser les ambitions nationales sans rien perdre de sa fibre communautaire.