Un cadre stratégique aligné sur la Vision 2022-2026
Validée au terme d’un atelier tenu le 3 juillet 2025, la Politique nationale de la jeunesse s’inscrit dans la continuité du Plan national de développement 2022-2026 que le gouvernement congolais déploie sous l’impulsion du président Denis Sassou Nguesso. Soucieux de conférer à la tranche d’âge majoritaire de la population un horizon économique tangible, les ministères de la Jeunesse et de l’Économie ont fait converger leur expertise avec l’Unesco et ONU-Jeunesse, aboutissant à un document que Charles Makaya n’a pas hésité à qualifier de « puissant levier de transformation ». L’architecture générale consacre le principe d’une approche intersectorielle, indispensable pour traiter simultanément éducation, emploi, santé et citoyenneté dans un pays où 76 % des habitants ont moins de 35 ans.
De nouveaux leviers pour la formation et l’employabilité
L’ossature opérationnelle du texte mise sur quatre vecteurs jugés prioritaires : le renforcement des capacités, l’accélération de l’accès aux stages rémunérés, la dynamisation de l’auto-entrepreneuriat et la promotion de la santé reproductive. Concrètement, quatre-vingt projets phares verront le jour d’ici 2026, tandis que cinq mille places viendront étoffer les centres de formation professionnelle, avec l’ambition de porter le taux de scolarisation technique à 70 %. Parallèlement, le programme « Solidarité-Jeunesse » prévoit l’embauche directe de quatre mille diplômés dans le secteur privé, et l’État entend recruter six mille sept cents agents publics supplémentaires. La création de trois mille trois cents postes d’enseignants parachève un dispositif qui, selon Émile Éba, « épousera la réalité socio-économique des territoires les plus vulnérables ».
Le secteur privé invité à jouer son rôle de catalyseur
Au-delà de l’impulsion budgétaire publique, le texte place le patronat national devant ses responsabilités. Plusieurs incitations fiscales, actuellement en discussion avec le ministère des Finances, visent à encourager l’embauche durable de primo-demandeurs d’emploi. Dans un marché encore caractérisé par la prédominance du secteur informel et la précarité des contrats, l’objectif est de convertir la vigueur des grands chantiers d’infrastructures en vivier de carrières pour la jeunesse urbaine et rurale. Brice Olivier Kamwa Ndjatang rappelle à cet égard que « l’inclusion économique des moins de trente ans constitue désormais un marqueur incontournable de la stabilité sociale », résonnant avec les priorités de plusieurs partenaires bilatéraux désireux d’investir dans l’agro-industrie et le numérique congolais.
Des indicateurs précis pour une gouvernance par les résultats
La PNJ se distingue par un dispositif d’évaluation calibré sur des standards internationaux. Taux d’emploi, indice d’alphabétisation fonctionnelle, proportion de jeunes engagés dans la vie associative et répartition genrée des bénéficiaires seront mesurés semestriellement. Cette culture de la donnée, saluée par l’Unesco, permettra d’ajuster les allocations budgétaires en temps réel et de documenter les progrès auprès des bailleurs. L’introduction d’un tableau de bord numérique, accessible aux gouverneurs de départements, participe d’une démarche de transparence susceptible de renforcer la confiance du public. Le ministère de la Jeunesse entend d’ailleurs publier un premier rapport d’étape dès le premier trimestre 2026.
Regards diplomatiques sur un pari générationnel
De Washington à Pékin, les chancelleries observent avec attention cette politique qui épouse les Objectifs de développement durable relatifs au travail décent et à la croissance. Pour plusieurs diplomates accrédités à Brazzaville, la démarche offre un signal positif quant à la capacité des institutions congolaises à absorber des financements extérieurs tout en préservant la maîtrise de leur agenda national. Si le défi de la relance économique demeure, la PNJ cristallise désormais les attentes d’une génération que la démographe congolaise Alma Bemba décrit comme « éduquée, connectée et impatiente de contribuer à la prospérité collective ». À l’aube de 2026, la trajectoire esquissée reflète une volonté de transformer un risque démographique en dividende, confortant ainsi l’image d’un Congo-Brazzaville déterminé à conjuguer sa stabilité politique avec la vitalité de sa jeunesse.